Chapitre -22- Orgueil brisé

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« Ne pas confondre espoirs et illusions car si l'espoir fait vivre les désillusions peuvent faire le désespoir »

Orgueil brisé
Je scrutai l'ombre qui émergeait au fond du couloir, froid et obscur. Elle s'avançait vers moi d'un pas assuré et lent, sa noirceur engloutissait le maigre filet de lumière que produisait les ampoules pendantes au plafond. Je n'arrivais pas à savoir clairement si c'était encore une chimère dû à mon imagination ou si le danger qui me menaçait existait réellement. Le fracas des chaussures sur le carrelage de la galerie résonnait comme un tic tac incessant dans mes oreilles, celui de la mort, lente et douloureuse qui semblait m'attendre.
Je demeurai au même endroit, mon visage placide refusant d'accueillir la moindre peur. Ma perception me paraissait déformée ne reflétant que l'image d'un monde laid. Les cauchemars qui avaient pris racine dans mon esprit avaient imbibés mon monde tel à de l'encre sur une feuille de papier immaculé.

La masse noir se sépara en trois silhouettes distinctes au fur et à mesure qu'elles avançaient. Lorsque je pus distinguer avec plus de précision mes assaillants, mon sang se glaça et un goût de peur vint réveiller mes papilles pour la première fois.
Deux hommes et une femme à la musculature saillante s'avançaient vers moi avec une démarche parfaitement millimétrée, ils étaient venus pour moi, ça ne faisait aucun doute. J'aurai préféré croire à une illusion de ma part mais cette fois-ci ce n'en était pas une. Leur visage étaient tendus, ne laissant pas de place au doute et leurs regards acerbes me transperçaient, me figeant sur place.

Le premier, celui qui guidait la marche était un jeune homme svelte dans la trentaine qui avait des cheveux fins noirs et bouclés qui s'arrêtaient à la hauteur de son cou. Un duvet de poils recouvrait sa mâchoire bien dessinée, un air sauvage s'exhalait de son visage laiteux aux traits droits, qui abritait des yeux bridés aux prunelles d'un noir profond tel le fond humide d'une caverne en hiver. Je sentais d'ici le parfum de lichen, de terre et de pourriture qui semblait émaner de son être.
Le second homme était lui en comparaison trapu et corpulent. Je lui trouvais une gestuelle plus libre et maladroite que ses compagnons. Des rides lézardaient son visage bouffi parsemé de petits poils roux de barbe irréguliers.
Pour finir, je penchai la tête pour mieux apperçevoir la femme d'environ trente ans qui se cachait derrière la hauteur du première homme. Ses cheveux noirs tombaient en cascade sur son dos et s'enroulaient sur ses épaules tels des lianes mortelles, des yeux perçants bruns clairs s'étiraient sur sa peau basanée. Un feu immortel semblait consumer l'intérieur de ses iris. Un sourire inquiétant s'étendait sur ses lèvres pulpeuses d'une teinte aussi rouge que le sang.

Je tentai de réfléchir à un moyen de m'en sortir mais je réalisai avec dépit la vérité, il m'était impossible de m'enfuir. Si je courais de l'autre côté du corridor, je pouvais être sûr qu'ils allaient me rattraper en un rien de temps. En réalité, c'était la meilleure solution qui se présentait à moi pourtant, je ne pouvais pas m'y résoudre car je savais que même si par miracle je réussissais, ils me retrouveraient.
Je ne pourrai pas me cacher, je n'avais nul part où disparaître, les mörders étaient trop puissants. Je n'étais rien comparé à eux et plus que tout, je ne voulais pas exposer Mila au danger.
Ils pourraient se servir de ce à quoi je tenais le plus pour me faire chanter et je le savais mieux que quiconque, il n'y avait que ma soeur qui comptait pour moi. Elle était tout ce qu'il me restait, elle était ma famille.

La réalité me rattrapa, Mila n'aurait plus de famille. C'était mon pire cauchemar, j'avais tout fait pour protéger ma sœur mais au lieu de vivre moi même cette souffrance d'être seul et de ne pouvoir rien y faire comme je le redoutais, j'allais la faire vivre à la personne que je chérissais le plus.
Je connaissais les risques et pourtant j'avais préféré continuer. Mon orgueil m'avait poussé à croire que je réussirai mais c'était trop tard, j'avais échoué. Les mörders m'avaient démasqués.

Deuil d'une euphorie -1-Où les histoires vivent. Découvrez maintenant