Chapitre -33- Sacrifice

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« Peu importe l'ampleur du sacrifice ce qui compte c'est la grandeur du but que l'on s'assigne. »

Sacrifice

Depuis quand avais-je changé?

    C'était ce que Mila m'avait fait remarquer il y a de cela quelques semaines et étrangement ses mots m'étaient restés en mémoire, même si sur le moment je n'avais pas compris pourquoi elle le pensait. J'avais mis ça sur le compte de toutes ces histoires de complot et de ma rencontre avec Séréna mais désormais je comprenais qu'il y avait autre chose. C'était la première fois que mes choix étaient en accord avec ma moral. J'avais décidé de moi-même de me lancer dans cette enquête, de me mettre en danger pour enfin découvrir la vérité et sauver Alain. Aujourd'hui, j'avais atteint notre but et malgré tout je ne regrettais rien.

    Quel choix aurait fait ma soeur à ma place? Qu'est-ce qui aurait été le plus juste selon elle? C'était ce que je m'étais demandé à ce moment-là mais en réalité qui étais-je pour savoir ce qu'elle préfèrerait comme destin? J'avais beau réfléchir il y avait mille façons différentes de voir le monde et je savais que je n'avais certainement pas la même qu'elle.
C'était pour cette raison que je ne jugeais pas ceux qui prennaient des décisions égoïstes car il fallait avoir du courage pour se choisir soi-même et manifestement je ne l'avais pas beaucoup eu. Par le passé, on avait trop souvent choisi pour moi mais aujourd'hui c'était à mon tour de prendre les décisions. Selon mes valeurs et celles de personne d'autre.

Je n'allais pas rejoindre les mörders.

Je n'accordais pas une grande importance à ma vie en général mais récemment j'avais désiré plus que tout profiter de ce que j'avais. Pourtant pour rien au monde je n'allais devenir l'un d'entre eux car pour moi c'était comme abandonner mon humanité. Je savais depuis le début au fond de moi mon choix et je connaissais les risques mais j'avais tout de même essayé. J'étais persuadé que ma mort n'allait pas être vaine, il restait beaucoup de personnes derrière moi qui se battraient pour révéler la vérité et les arrêter. Ça me suffisait de savoir ça. Ce n'était pas un échec.

Pour Mila, j'étais sûr que même sans moi elle allait devenir une personne formidable. Jusqu'à la fin, je ne souhaitais pas la mêler à cette histoire d'adulte qui comportait beaucoup trop d'enjeux. Pour l'instant ce n'était qu'une adolescente et j'avais toujours fait en sorte qu'elle se sente normale. Moi, je n'avais jamais pu y parvenir mais elle, elle le méritait.

    Tout à coup, un grincement métallique me sortit de mes pensées. C'était la porte coulissante devant nous qui s'était ouverte et laissait désormais pénétrer une vive lumière blanche provenant des leds à l'intérieur.
    J'attendais silencieusement en file indienne avec cinq hommes dans un couloir composé de plaques de métal grises maladroitement assemblées, à l'allure futuriste. Des menottes en fer nous encerclaient douloureusement les poignées tandis que nous patientions chacun notre tour d'entrer dans la pièce pour sans aucun doute se faire exécuter.

    Je remarquai que parmi les deux gardes postés de chaque côté du couloir qui nous surveillaient j'en reconnu un. Celui qui m'avait passé les menottes lorsque j'étais sorti de mon entretien avec la jeune femme. À ce propos, quand je lui avais annoncée ma décision, elle n'avait pas semblé surprise ou même compatissante comme je l'attendais. Son expression s'était durcie avant de me donner comme unique réponse « dommage ». Ce mot renforçait l'idée que je m'étais faite d'elle, elle n'éprouvait aucun regret ni même tristesse face aux sacrifices qui selon elle, devaient être fait.

    À présent, je connaissais toute la vérité et même si c'était au prix de ma vie c'était mieux que de mourir en ne sachant rien, me dis-je pour me rassurer. D'après eux, c'était pour sauver l'humanité qu'ils comptaient tuer presque tous les humains, cette situation était plutôt comique. Je comprenais les raisons qui les avaient poussées à faire leurs choix et honnêtement je ne savais même plus si c'était réellement les mörders les méchants de l'histoire. Après tout, c'était nous qui vivions dans cette société capitaliste pourrie jusqu'à l'os sans rien faire pour changer notre futur. Peut-être étions-nous tous fautifs de ce qu'il nous arrivait?

Deuil d'une euphorie -1-Où les histoires vivent. Découvrez maintenant