Chapitre -19- Des réponses

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« Les bonnes questions ne se satisfont de réponses faciles »

Des réponses
Séréna était cramponnée à son siège, ses yeux gris clair fixés sur l'écran, elle était anxieuse. Je m'interrogeai sur la manière dont elle avait fait face seule à ce complot en subissant une pression si intense sans personne pour la réconforter et également la raison pour laquelle elle tenait tant à rétablir la vérité mis-à-part une volonté héroïque de justice?
Je ne connaissais pas beaucoup de personnes prêtes à se consacrer corps et âme dans cette mission des plus incertaines sans avoir de bénéfice personnel, j'y étais moi-même contraint dans le but d'aider Alain. J'avais la conviction qu'elle était concernée de près ou de loin par cette affaire plus qu'elle ne voulait me l'avouer. La jeune fille était, mine de rien, très secrète sur ses intentions et je ne connaissais pas les circonstances dans lesquelles elle avait pris connaissance de toute cette affaire.
Je me promis d'élucider le mystère lorsque le moment serait plus opportun.

Je détournai les yeux sur la surface lisse et colorée qui se trouvait devant moi, ils glissèrent jusqu'au coin de ce dernier jusqu'à remarquer l'heure tardive qu'il était. Le stress s'empara de moi comme une vague prête à me submerger. Plus je restais ici, plus il serait dur de m'inventer une excuse de mon absence prolongée auprès de Duvet. De plus, il n'allait pas tarder à revenir à son bureau lors de la fin de sa pause déjeuner, ce qui nous empêcherait de sortir d'ici.

Je m'empressai alors de cliquer sur l'un des documents de la liste sans réellement faire attention à son numéro. La page chargeait lentement, elle affichait un écran noir avec en son centre une roue de chargement. Je pouvais entendre les deux faibles et lentes respirations de mes compagnons s'évanouir dans le silence perturbant de la pièce pourtant seule quelques petits cliquetis venaient troubler celui-ci. Xaver tapait nerveusement du bout de ses doigts la table ce qui provoquait un son terriblement énervant et stressant, un tempo lent et régulier qui ne semblait pas avoir de fin.

Je me reconcentrais alors sur le chargement et comme si celui-ci était relié à mes pensées, il fit instantanément apparaître une page de Libreoffice remplie d'écriture. D'inlassables lignes noires et fines s'étendaient le long d'un document que je qualifierais de sempiternel, elles noyaient l'écran blanc de pixels noir. L'absence de paragraphes définis et d'espaces rendait la lecture du document longue et fastidieuse.

-Quelqu'un a pensé à apporter une clé USB? Demandai-je sous le ton du reproche.

Séréna observait son frère en silence comme pour l'interroger à son tour, ce-dernier fit volte face et baissa la tête comme pour chercher quelque chose du regard. Il s'arrêta soudain et se dirigea vers un petit sac à dos noir posé dans un coin de la pièce. Comment ce faisait-il que je ne l'avais pas remarqué plus tôt? Il fouilla la poche avant et en sortit un objet ridiculement petit d'un air professionnel qui me stupéfiai.
Je fus de suite soulagé quand je pus contempler la délicate chose qu'il tenait entre ses doigts assurés. Il avait bel et bien pensé à tout, l'espace d'un instant, je m'étais surpris à en avoir douté. Bien sûr, il n'était pas comme sa sœur sans vouloir être médisant. Nous nous connaissions depuis peu de temps mais il instaurait un sentiment de confiance que je ne retrouvais pas avec mon ancienne coéquipière.

Il se rapprocha, me la tendit avec une pointe de fierté dans son attitude et je lui adressai un sourire sincère de remerciement. Je m'emparai de la clé USB et l'insérai vivement dans le petit orifice prévu à cet effet. Nous disposions d'environ moins de quinze minutes d'après mes calculs pour terminer ce travail, autant vous dire qu'il fallait aller extrêmement vite. Je fis un clique droit en insérant l'entièreté des projets contenus sur la page et sélectionnai l'option coller avant de changer de fenêtre sur la clé usb. L'écran était rempli de multiples dossiers de Xaver, ils concernaient des devoirs de son lycée, je déroulais l'écran jusqu'à en atteindre le bout et cliquai de nouveau sur un espace vide.
Après avoir sélectionné « Coller » un étrange message vint s'afficher sous nos yeux ébahis, je le lus à haute voix comme pour être sûr que ce ne soit pas une illusion de ma part.

Deuil d'une euphorie -1-Où les histoires vivent. Découvrez maintenant