Chapitre -36- vérité tranchante

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La nuit s'était levée, la lueur du feu qui crépitait à nos pieds éclairait le camp et projetait nos ombres sur le sol. Séréna et Xaver m'entouraient dans une ronde presque parfaite, de loin on aurait cru à une secte satanique et la forêt renforçait cette idée. Les arbres à moitié morts et les bruits engrangés avaient le don de me donner la chair de poule. Parfois je croyais distinguer du coin de l'œil quelques mouvements à travers deux souches mais je me rassurais en me convaincant qu'il ne s'agissait que de mon imagination. Je m'attendais à tout moment à voir les mörders surgir des bois et m'emmener de nouveau dans l'enfer qu'était leur planque.

-Alors eum... Nous sommes venu te chercher mais nous ne pensions pas que tu viendrais de toi même, Séréna venait de couper le silence, et sa rassurante voix avait emplis un instant l'espace.

Elle était affalée sur ses genoux qu'elle câlinait de ses mains, son frère et elle fixaient le feu crépitant devant eux. Xaver avait la mine sombre, il semblait agité depuis que je m'étais réveillé. Mais ce n'était pas étonnant lui aussi devait craindre d'être découvert par l'organisation.

-Oui moi non plus je ne pensais pas que je pourrais m'échapper, mais j'ai revu Alain... leur avouai-je.

La jeune femme releva la tête et me dévisagea:

-Il... t'as aidé à t'échappé, dit-elle s'attendant presque à ce que je la corrige mais je ne fis rien et gardais le silence tout comme son frère. Je comprends pourquoi tu tiens tant à lui, ajouta-t-elle en détournant son attention vers le feu.

-En fait, je crois que tu avais raison, admis-je, c'est trop tard pour le sauver... Il a choisi son camp.

Cela me faisait mal d'avouer que je m'étais trompé mais je ne pouvais plus rien pour Alain. Il n'avait pas besoin d'un sauveur, de moi.
Il aurait facilement pu s'enfuir mais rien n'était plus comme avant désormais il les suivrait et tomberait avec eux si c'était son destin.

-Et tu as choisi le tiens, remarqua Xaver ce qui me provoqua un sourire.

-Pour être honnête, nous pensions que tu allais essayer de t'infiltrer dans leur organisation en acceptant leur proposition. C'est pour ça qu'on est si surpris de te voir... tu aurais pu mourir, me blâma ma voisine avec inquiétude.

-C'est vrai mais je savais que vous feriez tout pour les démasquer après ma mort et étrangement ça me suffisait.

-Je vois que ton estime pour nous a augmenté, commenta le jeune homme, moqueur.

-Mais elle a disparu après avoir vu la tente camouflage et le feu qu'on repère à dix kilomètres à la ronde, répliquai-je avec exaspération.

Son sourire disparu pour se transformer en grimace et il pointa sa soeur avec son index:

-C'était son idée!

-Allez vous faire voir, nous insulta-t-elle à coup de doigts d'honneur avec une moue boudeuse.

Je ne pus réprimer un rire et elle me foudroya du regard. Pouvais-je vraiment affirmer que j'étais étonné? Ce n'était pas comme si c'était la première fois qu'elle manquait d'intelligence mais son frère en comparaison ne l'en avait pas empêché.
La légèreté de notre conversation m'avait presque fait oublier ce que j'avais vécu durant ces derniers jours. Je me devais de leur dire tout ce qui s'était passé.

-Je ne vous ai pas tout dit, commençai-je comme vous vous en doutez j'ai parlé avec l'un d'entre eux...

-Les mörders ? Demanda Séréna abasourdis pour être sur d'avoir bien compris.

J'hochai la tête et ils se figèrent tous les deux. J'avais besoin de partager le fardeau que je portais, de savoir ce que eux pensaient de tout ça et d'être compris. Savoir la vérité avait fait naître un doute en moi, étais-je vraiment un héros dans cette histoire?

Deuil d'une euphorie -1-Où les histoires vivent. Découvrez maintenant