Chapitre -34- Résurrection

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« La différence entre la vie et la mort est parfois si mince qu'il est préférable de croire que l'on est vivant. »

Résurrection

Un sursaut secoua ma poitrine et mes poumons se remplirent d'air humide. Je voulus ouvrir les yeux mais n'y parvins étrangement pas, ce n'est qu'après quelques instants que je me rendis compte qu'ils l'étaient déjà. Seulement, la luminosité était trop faible pour y voir quoi que ce soit. Mes membres étaient engourdis et j'étais étalé sur une grande planche dure, lisse et glacée, c'était sûrement du métal. Celle-ci appuyait sur l'os de ma colonne vertébrale et cela me procurait une sensation plus que désagréable, j'avais beau me tourner dans tous les sens je n'arrivais pas à trouver de bonne position. De plus, la moitié de mes jambes dépassait de la plaque. Je voulais me rendormir mais la fatigue m'engourdissait alors je fermais les yeux et acceptai mon sort. Pourtant, quelque chose n'allait pas...

Soudain, je fus assailli de tous les souvenirs que j'avais oubliés. Je venais de sortir de ma torpeur. Mon cœur s'emballa et mes yeux s'humidifierent, qu'est ce que je faisais encore là? Pourquoi étais-je incapable de mourir comme tout le monde? J'avais mal à la tête, tout cet enfer recommençait.

Je me redressai d'un seul et bref mouvement avant de porter mes mains vers ma tête pour me masser les tempes et calmer le mal qui me hantait. Mes doigts étaient vraiment froids comme mon corps, on aurait dit un cadavre. C'était ce que j'avais toujours été, au final j'avais toujours été mort. Mort de l'intérieur. Mes doigts s'enfonçaient dans mon crâne, mes ongles avaient beau être courts, ils griffaient ma peau qui avait dû se changer en teinte écarlate. Je voulais crier mon malheur d'être toujours en vie. Je voulais crier, crier jusqu'à ce que je ne puisse plus.

-Pourquoi... ne parvins-je qu'à grogner entre mes dents.

    Il y avait quelqu'un sur cette terre. Quelqu'un qui m'importait plus que tout et qui m'attendait quelque part, qui s'inquiétait. Mila. Je n'avais plus qu'une pensée en tête: sortir d'ici.

    Je frottais mes mains entre elles pour les réchauffer tout en scrutant attentivement mon environnement mais j'avais du mal à le comprendre. Le plafond semblait bas, c'était une de ces grandes salles dont on ne voyait jamais le bout. Il y avait quatre courtes rangées... Je constituais l'une d'elle, chacune composée de d'autres plaques en métal comme celle sur laquelle j'étais. Il y avait des gens dessus. Je fixai mon voisin dans l'obscurité, il me semblait qu'il s'agissait d'un homme mais il ne bougeait pas. Chaque « lit » n'était espacé que d'à peine un mètre tel qu'il était très difficile de se faufiler dans les rangés alors je tendis le bras vers lui. Sa main était rigide, froide mais je ne m'en souciai pas. Je la secouai au début précautionneusement puis voyant qu'il ne réagissait pas, plus violemment.

-Allez réveil toi! lui criai-je en vin.

    Brusquement, je me figeai et fus parcouru d'un frisson d'horreur... Ils étaient tous morts. Mais depuis peu à en croire l'odeur, ça ne sentait que le renfermé... Un mélange d'essence et de bois brûlé, une odeur de cave. Je lâchais la main de mon voisin, j'avais envie de vomir mais me retins. C'était une mauvaise idée, surtout ici.
J'étais le seul vivant, le seul à avoir survécu... Et ça ne pouvait être l'œuvre que d'une seule personne. Alain m'avait sauvé, une douce et légère bouffée de chaleur raviva mon cœur et mon espoir. Il n'avait pas été capable de me tuer car il tenait à moi, il s'en voulait vraiment pour ce qu'il m'avait fait et voulais que je m'en sorte. J'avais eu de la chance pour cette fois et je lui en était reconnaissant. Mais comment avait-il fait? Le garde nous observait au moment où il m'avait administré la dose létale...

Je n'eus alors pas le temps de réfléchir plus lorsque j'entendis derrière moi un claquement, une porte venait de s'ouvrir. Paniqué, je m'allongeai en vitesse sur ma planche de métal et je faillis dans un faux mouvement méclater par terre mais je me rattrapai de justesse sur le lit de mon gentil voisin puis fermai les yeux et fis le mort.
Je vis une faible lumière à travers mes paupières fermées, quelqu'un entrait qu'allait-il faire dans un endroit si glauque.
J'avais peur de me trahir, je respirais si lentement et si peu que je crus que mes poumons allaient lâcher, je craignais que mes membres ne tremblent et j'étais persuadé qu'ils bougeaient. Je n'arrivais à rien contrôler avec cette peur qui me perturbait.

Deuil d'une euphorie -1-Où les histoires vivent. Découvrez maintenant