Chapitre -23- Disparition

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« Cela pèse lourd, une absence. Bien plus lourd qu'une disparition. Parce-que avec les morts, c'est commode, on sait qu'ils ne reviendront pas. Tandis que les lointains nous narguent ou nous font espérer. »

Disparition

POV: MILA

Les moteurs de voiture bourdonnaient dans la rue qui donnait à ma fenêtre entre-ouverte et emplissait l'air de ma chambre d'une odeur sulfurique qui me piquait les poumons.
J'observai lacement mon écran d'ordinateur portable, le dossier « Maths: exercices » ouvert. Je ne cessai d'alterner entre cette fenêtre et le site qui donnait accès aux manuels scolaires. J'avais beau relire l'exercice pour la centième fois, je n'arrivais pas à en comprendre le sens. Tout cela me décourageait et j'avais envie d'abandonner. J'en avais encore trois similaires à faire...
De plus, il m'était complètement impossible de me concentrer sur mon exercice, une migraine atroce me torturait la cervelle au point de me faire perdre toute fonction de mes neurones.

    Je pris ma tête dans mes mains et restais là pendant quelque minutes, impuissante. Soudain une solution me vint comme une évidence, si les exercices étaient impossible à résoudre par mes propre moyen pourquoi ne pouvai-je pas tricher?

    J'ouvris une nouvelle fenêtre et tapa sur internet le nom d'un site très connu dans mon établissement « Weeco.Work ».
Celui-ci possédait toute les ressources numériques mises à notre disposition en tant qu'élève, et avait ainsi recensé toutes les corrections de tous les exercices. Il y avait aussi un système qui permettait aux élèves accédant au site de pouvoir eux même rajouter des exercices avec les corrections qu'ils avaient eu à faire et qui n'étaient sur aucun site ni manuel.
De plus, il y avait une section entraînement où certain d'entre eux avait classé des évaluations qu'ils avaient passées en fonction des établissements, des matières, des niveaux et même des professeurs qui les avaient données!

     Toute cette organisation avait été créé sur la base de la solidarité entre élèves torturés par les cours et les devoirs, aucun professeur n'était au courant car tous le monde prenait le plus grand soin de garder le secret.

    Il m'arrivait parfois d'y avoir recours quand je me laissais submerger par mon désespoir et ma flemmardise mais je savais pertinemment que ce n'étais pas bien de faire ça et que ça ne m'aiderait en rien à apprendre.
Et pourtant, je tapai avec sérénité sur mon clavier le nom du manuel et le numéro de l'exercice dans la barre de recherche. Je copiai alors la correction dans mon dossier d'exercices et répétai l'opération pour tous les autres.

     J'avais enfin tout fini, je soupirai tandis que mon mal de tête me rappela à l'ordre, je ressentais une douleur tellement violente qu'elle en était indescriptible. Je me massais les tempes en espérant que ça suffise à la faire partir. Mes doigts froids anesthésiant la zone, je me demandai alors combien de temps j'avais gaspillé sur ces stupides exercices.

    Je surveillai l'heure affichée en bas de l'écran et remarquai avec surprise qu'il était déjà 20h. Je me levai d'un bond de mon lit en renversant un des oreillers qui tenaient en équilibre sur le matelas sans vraiment y prêter attention, Ombre devrait-être rentré. Étrange, je n'avais pas entendu la massive porte en chêne cogner l'encadrure du battant avec sa délicatesse habituelle.
Je traversai le couloir le cœur battant, aucun bruit ne venait me prévenir d'une quelconque présence. L'air diffusait l'odeur du sandwich au thon que j'avais mangé ce midi, mon ventre se retourna et je retins ma respiration avec dégoût. J'avais eu la nausée après avoir avalé cet immondice et le contenu de mon estomac s'était ensuite vidé par ma bouche en une aigre cascade dans les toilettes du lycée.

    Je m'introduis avec entrain dans la pièce qu'occupait habituellement mon frère, jusqu'à ce que je réalise qu'elle était complètement vide de vie. Les draps défaits témoignaient d'une ancienne présence. Hésitante, je parcourais les affaires qui emplissaient la chambre des yeux. Tout était là sauf Ombre, il ne manquait que lui pour compléter le tableau qui virait au terne sans sa compagnie rassurante. Cet absence fit comme un choc dans mon cœur et je restai figé comme attendant qu'il sorte de nul part en me rassurant que ce n'était qu'une de ses blagues que je n'appréciais pas mais rien ne bougea.
Au bout de cinq minutes, mes yeux se déplacèrent avec difficulté sur le réveil électronique disposé sur sa table de chevet, il était bien 20h. Ce n'était pas une erreur.

Deuil d'une euphorie -1-Où les histoires vivent. Découvrez maintenant