Léonor avait entendu le cri de son amie et comprit les intentions de Meben juste à temps. Lorsqu'il se jeta sur elle, poignard en avant, elle esquiva le coup à la dernière seconde. La lame lui entailla l'intérieur du bras et elle s'écroula sur le dos, sous un Meben au regard doré et à l'expression enragée. Alors que Léonor se débattait tant bien que mal, Énith attrapa le poignet de Meben et passa son bras autour de sa gorge pour le faire lâcher prise. Mais sa tentative fut balayée par la force du Valacturien qui, d'un coup d'épaules, relâcha une onde d'énergie d'une telle puissance qu'Énith et tous les soldats qui les entouraient furent projetés dans les airs. Paniquée face à une telle démonstration de force, Léonor appela :
— Lasthyr !
La Valacturienne s'engouffra en elle en un rien de temps et repoussa le jeune homme avec violence. Mais il ne recula que de quelques pas, à peine sonné.
— Qu'as-tu fait à ton corps ? s'écria Lasthyr, désemparée. Il ne réagit qu'à moitié !
— J'ai juste un peu bu.
— Enfin, Léonor, tu n'es pas...
— Concentre-toi, au lieu de me faire des remontrances !
Les soldats s'étaient relevés et tentaient d'arrêter Meben. Mais il les repoussait les uns après les autres d'un vulgaire geste de la main. Les soldats retombaient lourdement au sol, sonnés, voire inconscients. Il afficha soudain une mine agacée, fatigué d'être ainsi ralenti. D'un mouvement de doigts, il fit voler une dague qui s'arracha de son fourreau pour aller trancher la gorge de son propriétaire, puis se planter dans l'œil de son voisin. Les soldats encore debout se figèrent, terrorisés, n'osant plus s'interposer. Léonor reculait en rampant sur le sol sans quitter Meben des yeux, ignorant le sang qui suintait le long de son bras.
— Il va tous nous tuer !
Lasthyr ne lui répondit pas. À Valacturie, elle courait aussi vite que possible à travers les interminables couloirs nacrés, avec une seule idée en tête.
— L'Alchème. Alistar.
— Lasthyr, tu sais qui c'est ? Tu sais où il est ?! LASTHYR !
Meben se précipitait de nouveau sur elle. La Valacturienne commanda aux membres de Léonor et, d'un geste, fit venir le poignard dans sa propre main. Soulagée d'avoir quelque chose avec lequel se défendre, Léonor serra les doigts autour de son arme et voulut frapper. Meben esquiva sans mal, immobilisa ses poignets et lui fit lâcher prise. La Valacturienne repoussa une nouvelle fois son agresseur, qui ne fit que tanguer en arrière.
— Comment peut-il être aussi puissant ? s'inquiéta Léonor en se remettant sur ses pieds pour tenter de fuir.
Mais elle avait à peine fait quelques pas qu'elle sentit une force phénoménale la tirer en arrière. Son corps fendit les airs et elle retomba sur le dos, aux pieds de Meben, le souffle coupé. Elle suffoqua, tandis qu'il se jetait sur elle pour enserrer ses mains autour de son cou.
Elle chercha l'air. Sa poitrine se soulevait en vain, ses membres s'agitaient vainement.
Non, non, pas encore une fois...
Dans un coin de son esprit, elle comprit que Lasthyr avait atteint l'Alchème et quittait son esprit pour y pénétrer sans elle. Elle se sentit affreusement abandonnée.
Mais soudain le regard de Meben se voila, son emprise sur sa gorge perdit en intensité. Elle espéra alors de toutes ses forces que Lasthyr avait débusqué le Valacturien, lui faisant perdre un peu de sa concentration. Elle frappait Meben aussi fort que possible. Sa vue commençait à se brouiller quand, enfin, quelqu'un agrippa le corps du jeune homme pour le tirer en arrière. Meben se retourna avec un grognement de rage et projeta Lopaï à travers le camp.
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Valacturie - T2 Les assassins d'Alistar
FantasyÉnith et Léonor sont sur les routes. L'une cherche sa place au sein du convoi qui la mène vers la capitale, l'autre s'efforce d'étendre son don vers d'Autres Mondes avant d'atteindre les montagnes. Mais leurs voyages seront semés d'embûches. Une obs...