Chapitre 23

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-La question que je me pose c'est pourquoi tu as changé de nom de famille T/p. 

-Oh c'est ma faute ça. J'ai divorcé avec le père de T/p lorsqu'elle avait treize ans. Il était devenu alcoolique et hors de contrôle. À l'époque j'ai eut la garde exclusive. Je me suis dit que si elle ne gardait que mon nom de famille, elle pourrait oublier son enfoiré de paternel. 

-Oh... je ne savais pas désolé. 

-C'est pas la peine, je n'ai aucun remord. Il commençait à être violent avec maman, c'était mieux pour nous deux. 

-Mais ça n'expliques pas le fait que vous vous connaissiez. C'est quand même surprenant que vous travailliez tous les deux au même endroit sans savoir qui était l'autre. Vous étiez si proches petits, on dirait deux inconnus désormais. Je trouve ça triste comment quelques années on pu tout enlever... 

-On a beaucoup changé quand même, c'est pas totalement notre faute. 

-Pour ma défense, je peux dire que quand j'ai vu le CV, elle me rappelait quelqu'un mais je ne savais pas qui. 

-Bon, plus sérieusement. Quelqu'un me dit pourquoi on est là? 

-Alors, elle ne t'a vraiment rien dit? 

Je fixe Maria sans comprendre. Pourquoi ne pas lui avoir dit? Résultat, je l'ai engueulée pour rien. Pas rien quand même en fait, elle n'avait qu'à se poser des questions sur l'origine de cette "fête" comme elle dit. Maintenant il va falloir lui dire.

-Dit quoi?

-Et bien, chérie... Si on est tous là aujourd'hui c'est parce que... et bien... tu sais c'est pas quelque chose qui se dit comme ça... 

-Maman crache le morceau. Qu'est ce qu'il se passe ici. 

-...

Elle ne va pas réussir à lui dire, il va falloir que j'intervienne. Je m'approche de t/p, la prend par l'épaule pour qu'elle me suive et l'emmène un peu plus loin derrière l'église. On arrive devant la tombe de ma mère. Elle me regarde intriguée puis se penche pour lire attentivement la plaque de marbre. À la vue du nom inscrit, elle se laisse tomber sur les genoux et enfouie son visage dans ses mains. Maria la rejoins et la prend dans ses bras tandis que je reste debout à fixer la scène. Au bout de cinq minutes, je tourne les talons.

-Livai. 

Je me retourne pendant que Maria se relève.

-Attends nous on arrive.

-Allez-y je vous rejoins après. 

-Ne raconte pas de conneries et viens. On ne va pas te laisser ici toute seule. C'est pas le moment ni le jour pour s'isoler. Ce qu'il faut c'est rester ensemble, même si on n'est plus tous les quatre. 

-...

-Livai dit quelque chose je t'en pris. Elle est du genre à se renfermer sur elle-même si on la laisse seule. 

Mes yeux passent de ceux de Maria à t/p, toujours assise sur l'herbe. Je dois tout faire ici... Comme si j'avais pas déjà assez de choses à gérer, il faut en plus que je m'occupe d'elle. Je fais donc demi-tour et avance vers mon amie d'enfance. Elle me lance un coup d'œil rapide avant de rebaisser la tête. Je lâche un soupir et lui attrape le menton pour la forcer à me regarder. Ses yeux sont rouges et son mascara a coulé. On reste ainsi de longues secondes. C'est comme la dernière fois que l'on s'est vus... Finalement, je prends la parole sans quitter notre contact visuel. J'articule bien chaque syllabe, pour être sûr qu'elle intègre bien chacun de mes mots. 

-Tu ne peux pas rester là.

-Si je peu-

-Non tu ne peux pas. Donc maintenant tu va te lever et venir avec nous jusqu'à la salle pour manger et essayer de passer un bon moment malgré la situation actuelle. J'ai été assez clair? 

-J'ai pas envie d'y aller. Tu me demandes de me lever et de faire comme s'il ne s'était rien passé sans même me laisser le temps d'enregistrer son décès. Et tu t'attends à ce que j'aille bien?!

Les larmes recommencent à couler le long de ses joues. Qu'est-ce que j'ai dis de mal encore?! Elle peut pas juste venir?! Au lieu de jouer les gamines de trois ans. On est tous dans la même situation et c'est pas comme ça qu'on arrivera à faire le deuil. 

-Maria. Pars devant, on te rejoins. 

J'attends qu'elle se soit assez éloignée pour reprendre notre conversation. 

-Je ne t'ai pas dit que tu devais faire comme s'il ne s'était rien passé mais juste qu'il fallait que tu avances. Comme ta mère, comme moi. Je te rappelle que c'était ma mère tu crois que je me sens bien là?! Non et pourtant je suis là à devoir gérer un tas de gens qu'elle connaissait pour lui rendre hommage. C'est ce qu'elle aurait voulu et si c'est la dernière chose que je puisse faire pour elle alors je le ferai. Même si ça me déplais. Alors je te demande juste un truc. Sourie. Après avoir reçu le coup de fil et que tu sois partie, je suis directement allé voir son corps à l'hôpital. Et tu sais quoi? J'étais triste jusqu'à ce que je vois son sourire. Son tout dernier sourire. C'est là que j'ai compris, elle n'a pas souffert. C'étais même  une délivrance pour elle. Ne plus avoir toutes ses machines autour de soi et rester seule toute la journée. C'était le même sourire que ceux qu'elle faisait avant. Ce sourire doux et encourageant. Alors s'il-te-plaît, pour elle, vient. 

Aucune réponse.

-T/p?

Toujours rien. Bon. Elle ne me laisse pas vraiment le choix. Je passe mes bras autour d'elle et la porte. Elle sursaute, surprise par mon geste et me demande plusieurs fois de la reposer, ce que je fais en rigolant. Elle marche quelque mètres devant moi, il faut croire qu'elle a changé d'avis. On rattrape Maria au pied de l'église et nous partons dans la salle, prendre un verre pour se détendre un peu. 

Pdv ???

-Tss. Les mioches se sont à nouveau rapprochés. Ce sera plus facile pour les détruire, je pourrais faire d'une pierre deux coups. Sans le savoir, ils me facilitent la tâche. Il ne me reste plus qu'à la prévenir et le plan pourra être mis à exécution. 




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