Prologue

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— Mais va voir un psy, putain ! C'est pas normal d'être comme ça !

— Je serai ravi de prendre le numéro de celui que tu veux me conseiller, soupira Adam en regardant son date du soir payer rageusement son verre et remettre sa veste, ça n'en fera qu'un de plus sur la liste de ceux que l'on m'a déjà proposé.

Son vis-à-vis ne prit même pas la peine de répondre à sa pique et s'enfuit presque en courant du bar où ils s'étaient donnés rendez-vous. En voilà encore un avec qui il n'allait pas conclure. Il se leva en réglant lui aussi sa consommation et sortit de l'établissement pour rejoindre les rues caennaises. Autour de lui, des adolescents de son âge et des étudiants parlaient et faisaient la fête, comme tout bon jeudi soir dans une ville étudiante. Cette joie de vivre et cette bonne humeur le dégoûtait. Comment faisaient-ils tous pour être heureux alors que lui ne parvenait à peine à s'observer dans le miroir le matin ?

Il releva la capuche de son sweat sur ses cheveux auburns et enfonça les mains dans les poches de sa veste en jean beaucoup trop large pour lui. Il était petit, maigrelet et pas vraiment musclé mais il avait un joli visage fin, de grands yeux bleu océan, des lèvres fines et rosées ainsi qu'un piercing à la narine gauche. Même s'il avait du mal à l'admettre, il avait définitivement de quoi faire craquer les garçons avec qui il avait des rendez-vous, ce n'était pas son physique qui posait problème. D'ailleurs, il avait déjà eu des relations par le passé. Mais la dernière en date lui avait laissé un goût amer. Il espérait simplement que les rumeurs qui s'étaient répandues dans le lycée suite à sa rupture s'étaient stoppées et qu'il ne serait plus victime des moqueries des autres élèves.

Il soupira. Il ne pouvait pas non plus dire que toute sa relation avec son ex avait été une catastrophe. Grâce à lui, il avait compris une chose fondamentale, une chose qui faisait de lui ce qu'il était. Une chose apparemment difficile à accepter dans cette société. Il avait compris qu'il n'était pas attiré sexuellement par les autres, ni même par lui-même. Ce n'était pas à cause d'un quelconque traumatisme ou dégoût de l'acte et ce n'était certainement pas un problème psychologique comme l'idiot qu'il avait rencontré aujourd'hui venait de lui crier. Non, il était asexuel, tout simplement.

Sauf que personne ne le comprenait, personne ne le comprendrait jamais. Il avait l'impression d'être un extraterrestre, de ne pas avoir sa place dans ce monde. Il ferma douloureusement ses paupières pour retenir ses larmes en arrivant devant chez lui. Il ne devait pas penser comme ça. Ce n'était pas facile en ce moment, mais il allait trouver le bonheur. Il tapota ses joues pour se donner un peu de courage, masqua son air maussade du mieux qu'il put puis ouvrit la porte de sa maison. Le silence l'accueillit, il n'y avait personne. Il était seul, encore et toujours. 

Parce que tu as besoin de sexe, toi ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant