Chapitre X

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Adam sautillait joyeusement aux côtés de Julien, alors qu'ils regagnaient l'appartement de ce dernier. Depuis qu'ils avaient quitté le lycée, il ne tenait plus en place. Il savait que dans à peine quelques heures, il serait de retour à la salle de boxe. Après ce qui était arrivé hier au CDI, il avait envie de se retrouver avec Henry, de se laisser porter par la douceur des moments qu'il passait avec lui. Il les voyait un peu comme ça, comme une parenthèse enchantée. Bien que dans un coin de son esprit, il entendait encore la menace de Charles, il ne voulait pas y prêter attention. Juste profiter, se sentir bien. Heureux.

— Je vais revoir Henry, s'exclama-t-il une énième fois avec un large sourire.

— Tu l'as vu avant-hier ! Avant-hier, finit par craquer son meilleur ami en plaquant sa main sur sa tête pour lui enfoncer entre les épaules.

— Je sais, il rigola et tenta de se défendre, mais je lui ai pas parlé depuis !

— Je t'ai jamais connu aussi bavard, même avec Charles, remarqua le plus grand.

Son visage se crispa un court instant. Julien s'excusa en le remarquant, avant de lui ébouriffer les cheveux et de le relâcher. Comme la première fois, ils entrèrent dans l'immeuble où vivait le plus jeune et regagnèrent son appartement. Ils y prirent un goûter avant de travailler leurs différents devoirs et, quand l'heure fut venue, Julien récupéra son sac de sport pour aller à la salle de boxe.
Les deux amis arrivèrent devant les portes et s'apprêtaient à entrer quand il se rendirent compte que Aaron était là, en train de taper des messages sur son téléphone. Ils s'avancèrent vers lui pour le saluer et il leur sourit poliment en retour.

— Tu ne rentres pas, demanda Julien en ouvrant la porte de la salle.

— Si, j'arrive, je finissais juste ça, répondit le roux en rangeant son appareil, ravi de te revoir Adam.

— M-moi aussi !

Aaron sembla amusé de l'entendre bafouiller avant qu'une ombre ne passe sur son regard. Il entra en compagnie des deux adolescents et alla vers les vestiaires. Adam leur annonça qu'il devait aller régler son inscription avec Henry avant de les rejoindre et Julien pouffa légèrement. Il se joignit au roux sur le chemin vers la pièce et demanda sur un ton mi-taquin, mi-inquiet :

— Ton petit-ami n'est toujours pas là ?

— Ne demande pas des choses évidentes, répondit le roux dans un grognement en levant les yeux vers lui, et toi ? Tu ne me présentes pas le tien ?

— Qui ? Adam ? On est pas ensemble, se défendit le lycéen, c'est mon meilleur ami ! Non, s'il vient c'est pour... Ah. Tu te moques de moi.

Aaron hocha la tête en rigolant légèrement. Julien fit la moue, mais c'était pour la forme. Il était soulagé de voir que le comportement de son aîné était redevenu à peu près normal.

— Je le connais, ton pote, je l'ai aidé mercredi. Et je sais très bien pourquoi il vient, ça crève les yeux.

— C'est clair ! Et Henry ? Il est comment avec lui, demanda-t-il avec une pointe d'inquiétude, je veux pas qu'il souffre...

— Il a jamais été comme ça avec personne. Je pense qu'il y a un truc, mais il se retient. Sûrement à cause de la différence d'âge.

— Je vois, souffla le brun en s'asseyant sur le banc en soupirant, j'espère que ça ira, alors.

~~~

Adam sortit de la salle de boxe à la suite de Julien et Aaron, un large sourire aux lèvres. Il comprenait ce que le roux avait voulu dire quand il lui avait confié venir à la boxe pour se défouler. Il se sentait vidé de toute son énergie, mais de la bonne manière, et il n'avait pas pensé au lycée pendant toute la séance. Julien et Aaron commencèrent à discuter devant les portes et il se joignit à eux en souriant, n'ayant pas le moins du monde envie de rentrer chez lui maintenant.

— Tu lui as donné quoi à Henry, à la fin de l'entraînement ?

— Un cheesecake healthy au spéculoos, répondit-il fièrement à Julien, et mercredi je lui ai donné des biscuits à la cannelle.

— Tu essayes d'acheter le coach avec des pâtisseries, se moqua Aaron en souriant.

— Ça pourrait marcher ! Les gâteaux de Adam sont délicieux, s'exclama Julien, franchement, tu devrais nous en ramener à nous aussi la prochaine fois.

— Non ! Je n'en ferai qu'à Henry, rigola Adam avant de se figer.

Devant eux, un groupe de lycéens venaient d'arriver, des barres de fer à la main. Enfin, si ce n'était que ça, il ne se serait peut-être pas accroché aussi désespérément à Julien pour ne pas tomber car ses jambes avaient manqué de le lâcher. Charles était à la tête du groupe, un sourire mauvais sur les lèvres.

— Adam, Adam, Adam... Qu'est-ce que tu fais ici ?

— Charles, gémit-il misérablement.

Julien le soutint du mieux qu'il put et Aaron se plaça devant eux en retirant le bracelet de cuir à son poignet. Ses yeux dorés s'étaient assombris, lançant au groupe une menace sourde. Mais Adam savait que c'était vain. Il ne pourrait rien faire contre un groupe de cinq personnes armées. Il commença à trembler. C'était de sa faute s'ils étaient venus là. C'était de sa faute.

— Alors c'est lui, ton nouveau prince charmant, cracha le brun en dévisageant Aaron.

— Non, Charles, c'est pas lui, intervint une voix à ses côtés qu'il reconnut comme appartenant à Jonathan, Henry ne ressemble pas à ça.

Il eut le souffle coupé. Comment savait-il ? Avait-il entendu plus qu'il ne le pensait de sa discussion avec Lucie à la bibliothèque ? Il frémit. Il ne voulait pas qu'ils s'en prennent à ses amis ou à Henry, mais ils semblaient bien partis pour. Il ouvrit la bouche pour tenter de se défendre, de se défaire de cette situation, mais Julien l'en empêcha. Il lui lança un regard paniqué, désespéré, alors son ami lui désigna discrètement son portable allumé dans ses mains, ouvert sur l'écran d'appel. Le nom du contact le soulagea autant qu'il le fit paniquer. Henry. Il était en train d'appeler Henry pour les aider.

— Bon... il est bien gentil le rouquin, mais on va pas se regarder en chien de faïence pendant trois heures. Adam, viens. Je fais ça pour ton bien, tu sais ?

— Lai-laisse-moi tranquille, Charles, souffla-t-il.

— Je t'ai de venir. Obéis. Sauf si tu veux que je tabasse tes potes. Ils ont beau être boxeurs, on sait qu'ils ne feront pas le poids.

Il serra les dents, ferma les yeux avec force pour ne pas pleurer. Julien tenta de le retenir quand il se décolla de lui à regret. Il allait faire ce qu'il lui disait. Il ne voulait pas qu'il s'en prenne à d'autres que lui. Il avança doucement, retardant au plus le moment où il serait à ses côtés. Il ne savait pas ce qu'il ferait mais il avait peur, tellement peur.

Un bras encercla soudain ses épaules, le tirant vers l'arrière. Le torse contre lequel il se retrouva plaqué était familier. Henry.

— Ne vous avisez pas de venir lui faire du mal, grogna-t-il, ou je m'occupe de votre cas.

Parce que tu as besoin de sexe, toi ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant