Après plusieurs longues minutes, les sanglots de Adam cessèrent. Toutefois, il ne quitta pas l'étreinte de Henry. Il avait l'impression de disparaître entre ses bras musclés. C'était si apaisant. Il sentit une caresse dans ses boucles et il releva faiblement la tête. Son visage avait été rougi par ses larmes, pourtant la teinte carmin de ses joues n'était pas seulement due à cela. C'était le regard acier de son aîné était posé sur lui, mélangeant inquiétude et une lueur qu'il ne lui avait jamais vue mais qui l'intriguait. Tout comme ce qu'il avait dit à Charles un peu plus tôt. Il allait ouvrir la bouche pour lui poser la question, sauf que Henry l'avait déjà écarté de lui pour ne garder que sa main dans la sienne. Il se retint donc et se contenta de le suivre vers des escaliers à l'extérieur de la salle.
L'homme ouvrit la porte en haut de ces derniers et il découvrit avec surprise un joli appartement. La pièce principale était simple, un petit salon et une cuisine américaine. Il y avait deux portes sur le mur en face de l'entrée, sûrement celle de sa chambre et de la salle de bain. Toutefois, Henry ne lui laissa pas le temps d'approfondir son observation et l'entraîna vers le bar de la cuisine où il le fit asseoir et lui tendit un verre d'eau. Il but doucement avec une petite moue en le regardant s'activer dans la cuisine pour préparer le repas, sans un mot. Ne voulant pas le déranger plus, il se tourna vers le salon derrière lui et se leva pour aller s'asseoir sur le canapé en allumant la télé. Il sentit le regard interloqué que lui lança son aîné et expliqua en haussant les épaules :
— J'ai besoin de me changer les idées.
— Il y a d'autres moyens qu'en s'abrutissant devant ces émissions.
— Je ne veux pas te déranger plus, souffla-t-il en rougissant légèrement.
— Ne dis pas n'importe quoi et viens manger ce que je t'ai préparé. Ensuite tu iras prendre une douche, lui proposa Henry en désignant une des portes du doigt, je vais choisir un film pendant ce temps là, ok ?
— Ok, soupira le jeune bouclé en retournant s'asseoir devant une assiette où le professeur déposa une moitié d'omelette fumante.
Ils mangèrent dans un silence apaisant que Adam aurait pu apprécier s'il ne se sentait pas aussi gêné. Maintenant qu'il était au calme, avec lui, et qu'il se souvenait de ce qui s'était passé, il était mal à l'aise. Il allait devoir expliquer à Henry qui était Charles et pourquoi il était venu s'en prendre à lui. Il soupira en reposant sa fourchette. Il devait briser ce silence pour tenter de ne plus être mal à l'aise, mais il n'était pas bien sûr de ce qu'il pouvait dire.
— Merci, Henry, finit-il par murmurer, merci pour tout.
— Je n'allais pas laisser ce petit con te faire du mal, gamin, tu le sais bien. Ce qui compte c'est que tu sois indemne. Il fait partie de ceux qui t'embête au lycée ?
— C'est... oui... Je... je vais aller prendre ma douche, souffla Adam en se levant et en se précipitant vers la salle de bain.
— Quoi ? Mais tu as à peine touché ton assiette ! Adam ! Reviens !
Si le bouclé avait cru pouvoir se confier à Henry, l'entendre parler de Charles l'en avait dissuadé. Il savait déjà assez de choses, pas besoin de rentrer dans les détails. Et puis, la menace de son ex tournait dans son esprit. "Il se lassera". Il verrouilla la porte de la salle d'eau en fermant douloureusement les yeux. Il avait tellement peur de perdre ces moments enchantés avec Henry.
Le professeur de boxe le regarda s'enfermer dans la pièce puis son assiette à peine entamée et soupira longuement. Il comprenait que tout cela ne devait pas être simple pour le jeune homme, mais il voulait le comprendre. Il voulait l'aider, il voulait le protéger... Il serra les poings. Il voulait l'aimer. Il en avait vraiment envie. Il avait fait des recherches sur l'asexualité pour être certain de ne plus jamais faire de bêtises. Il se mordit la lèvre et se leva. Avant de penser à engager quoi que ce soit avec Adam, il devait essayer de le rassurer. Le faire se sentir à l'aise avec lui, assez pour se confier. Sa décision était prise. Il avait déjà passé une trop grande partie de sa vie à refuser les sentiments qu'il éprouvait parce qu'il avait peur de s'engager, parce qu'il avait peur de se faire du mal. Il ne voulait pas reproduire ce schéma avec Adam. Ce qu'il voulait, c'était vivre son histoire avec lui, lui donner l'amour qu'il méritait. Il alla toquer à la porte de la pièce dans laquelle il s'était enfermé et demanda avec douceur :
— Tu veux faire quoi pour oublier tes chagrins ?
Le silence lui répondit, alors il insista en donnant plus de force à sa voix :
— S'il te plaît, Adam, je veux t'aider. Je veux aussi essayer de te comprendre. Ok ? Dis-moi tout...
— Tu veux bien me filer un sweat ? Et préparer des plaids ?
— Je veux bien, oui, sourit le professeur en entendant la voix s'élever timidement après un reniflement.
— Alors sache que pour noyer mon chagrin je vais enfiler un de tes sweats et me servir de toi comme une grosse peluche.
— Que viens faire le plaid là-dedans ?
— Je suis frileux, rigola légèrement le lycéen de l'autre côté de la porte.
— Très bien... Je t'apporte un pull, ne te déshabille pas tout de suite... Et tu mettras tes affaires dans le panier à linge, je vais les laver.
Dans la salle de bain, Adam sécha rapidement ses larmes. La tendresse qu'il avait senti dans la voix de Henry lui avait réchauffé le cœur, avait chassé ses doutes. Il voulait y croire, ne serait-ce qu'un peu. Même s'il était effrayé que Charles ait raison, même s'il n'était pas certain de pouvoir l'aimer comme il le souhaitait. Il avait envie d'essayer d'être heureux, et il l'était avec Henry.
Il se redressa avec un léger sourire et ouvrit la porte quand il entendit quelques coups dessus. Ses yeux s'illuminèrent quand il vit le professeur derrière, un sweat parme dans les mains. Il haussa un sourcil. Il se souvenait que la fois où il était venu chez lui, il portait une chemise lavande. Aurait-il un faible pour le violet ? Il rigola légèrement et, devant le regard interrogatif du plus vieux, il expliqua :
— Tu sais que le violet est une des couleurs du drapeau ace ?
— Je sais, marmonna Henry en rougissant légèrement, c'est ma couleur préférée.
Adam sentit ses joues le chauffer. Il ne pensait pas que Henry pouvait rougir ou être gêné mais il devait avouer que ça lui donnait un côté plutôt mignon. Il pouffa. Il avait envie de voir cette adorable expression tous les jours. Il se hissa sur la pointe des pieds pour être à hauteur de ses lèvres. Son cœur accéléra, mais il ne voulait pas s'arrêter. Il n'allait pas s'arrêter, il allait profiter. Aimer de tout son être cet homme qui prenait soin de lui comme jamais personne ne l'avait fait.
— Je vais t'embrasser, souffla-t-il contre sa bouche, parce que je t'aime.
Et il écrasa ses lèvres contre les siennes. Il se décolla presque aussitôt, les joues rouges, attrapa le pull et referma la porte. Il se laissa glisser contre cette dernière avec un immense sourire, le visage surpris et les pommettes écarlates de Henry gravées dans son esprit. Il rigola doucement.
Il avait embrassé Henry. Et ça avait été un des meilleurs moments de sa vie.
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Parce que tu as besoin de sexe, toi ?
RomanceDepuis qu'il a été largué parce qu'il était asexuel, Adam vit un enfer au lycée. Heureusement pour lui, il peut toujours compter sur ses meilleurs amis. Quand il décide de suivre Julien à son club de boxe, il ne se doute pas qu'il va y faire la renc...