Chapitre VIII

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Adam tentait vainement de se concentrer sur ce que lui apprenait Henry. Vainement, car dès que l'homme posait ses mains sur lui afin de corriger sa position, son cerveau devenait aussi vide que l'Univers. La seule chose qu'il parvenait à entendre dans ces moments, c'était son cœur qui cognait fort sur sa poitrine. Comme s'il voulait en sortir pour rejoindre celle de Henry. Il rougit légèrement et ne put s'empêcher de sourire naïvement à cette idée. Une petite tape sur le haut de la tête le fit sortir de ses pensées et il se tourna vers le professeur, un peu surpris. Ce dernier le regardait, mi-amusé, mi-agacé.

— Je ne sais pas à qui tu penses comme ça mais tu devrais plutôt te concentrer sur ce que je te dis.

— Dé-Désolé !

Cette fois, il rougit franchement, jusqu'aux oreilles. Il détestait sa peau trop pâle, elle le trahissait si facilement. Henry rigola et reprit ses explications comme si de rien était. Cette fois, il essaya vraiment de l'écouter, se plaçant du mieux qu'il put devant le sac de frappe. Le boxeur lui ébouriffa les cheveux en souriant fièrement et le félicita.

— Je vais demander à Aaron de te tenir le sac, je dois aller donner quelques consignes aux autres.

— Pas la peine ! Je... je ne veux pas le déranger, il m'a déjà montré la salle...

— Adam. Tu ne déranges pas les gens en demandant de l'aide ou un service, tant que tu respectes leur choix de te le refuser. Et puis, Aaron vient quasiment tous les jours, il a l'habitude d'aider les nouveaux et ça peut être dangereux d'utiliser le sac seul quand tu débutes, donc fais ce que je te dis.

Il n'eut pas le temps de répliquer, Henry était déjà parti s'occuper de ses élèves un peu plus loin en faisant signe à Aaron de venir l'aider. Le roux le rejoignit donc et attrapa le sac de frappe sans rien dire, le regardant taper dedans pendant quelques minutes.

— Pau-pause, réclama-t-il au bout d'un moment, à bout de souffle.

— C'est sportif, hein, se moqua Aaron en lui tendant sa bouteille d'eau.

— Oui... Tu... Comment tu... fais ça tous les jours ?

— La boxe à la place de la drogue. C'est comme ça que je fonctionne. Ne me regarde pas avec cet air là, je suis clean depuis six ans. Grâce à la boxe, entre autres, parce que ça me permet de me défouler quand j'en ai besoin. Et en ce moment, j'en ai vraiment besoin, expliqua le roux en jouant avec un bracelet en cuir sur son poignet.

Adam avala de grandes gorgées d'eau en s'asseyant sur le banc près de lui. Il se sentait ridiculement petit à ses côtés, même si c'était moins pire qu'avec Henry. Il détailla le visage carré du roux et ses yeux miels qui brillaient avec mélancolie. Il se souvint que Julien lui avait parlé de son copain, qui ne venait plus, et il se demanda si cela n'avait pas de rapport avec ce qu'il venait de lui dire.

— Et toi alors ? Pourquoi tu es venu ?

— Henry m'a dit de venir. Pour... certains problèmes.

— Ah. C'est rare que le coach dise à quelqu'un de venir. Ceci dit, c'est aussi rare qu'il passe autant de temps à expliquer des choses à un débutant. Il doit bien t'aimer. Allez. On reprend ! Henry déteste quand on parle trop !

Adam passa sa serviette sur son visage pour masquer ses joues rouges. "Il doit bien t'aimer". Sans s'en douter, Aaron venait d'insuffler en lui un grand espoir. L'espoir que peut être, peut être, Henry l'aimait plus qu'il ne le laissait paraître.

~~~

Depuis l'autre bout de la salle, Henry observait Adam. Il était même incapable de décrocher son regard de lui, de ses petites boucles auburns qui rebondissaient d'une manière adorable quand il frappait dans le sac de sable, de ses joues rougies par l'effort, de son corps trop fin dans son sweat... Il déglutit et tenta de se reconcentrer sur ce que faisaient les élèves. Il ne comprenait que trop bien ce qui était en train de lui arriver mais ça ne lui plaisait pas. Adam avait dix-neuf ans de moins que lui ! Il pourrait presque être son fils. Il ne pouvait pas, il ne devait pas être attiré par lui. Ce n'était pas sain. Il avait bien remarqué au comportement du lycéen que c'était sûrement réciproque, mais il ne voulait pas profiter de lui. Il était jeune, naïf et très sûrement brisé. Il s'était présenté comme une figure rassurante au moment où il en avait besoin et son cadet devait très probablement confondre la reconnaissance et l'affection. Il n'avait pas le droit de jouer avec ses sentiments comme ça.

Pourtant... Pourtant, il était incapable de se sortir son sourire éclatant de la tête. Incapable d'oublier ses yeux si bleus, si tristes. Il avait envie d'y mettre de la joie, de la confiance en l'avenir. Il soupira profondément en attrapant un biscuit sur la boîte posée sur le banc près de lui. Il le savoura en soufflant de bonheur. Adam avait vraiment un don pour les pâtisseries. C'était tellement délicieux. Et mignon aussi.

Un cri perça soudain le calme de la salle, le faisant se redresser. Il observa les différents élèves qui s'exerçaient pour en trouver l'origine. Du moins, c'est ce qu'il tenta de se faire croire. En réalité, son regard s'était directement posé sur Adam pour vérifier s'il allait bien. Son corps s'élança tout seul quand il vit qu'il était au sol, Aaron penché vers lui avec un air inquiet. C'était idiot, jamais il ne s'était précipité aussi vite pour un élève, surtout qu'il avait confiance en Aaron, il savait que le roux pouvait gérer une blessure. Mais c'était Adam qui était concerné. Et il ne réagissait plus normalement dès qu'il s'agissait de lui.

— Qu'est-ce qui s'est passé, s'exclama-t-il une fois à leur côté en posant une main sur l'épaule du plus jeune, Adam, tu vas bien ?!

— Oui, je vais bien, lui répondit le lycéen, j'ai juste trébuché...

— Tu es sûr ?

L'adolescent hocha la tête et lui sourit doucement. Il retint de justesse un soupir de soulagement. Avant de réaliser qu'il avait un peu trop insisté pour que cela paraisse normal, ce que lui confirma le sourire amusé de Aaron quand il releva la tête vers lui. Il tenta de se reprendre un peu, mais sa main ne quitta pas pour autant sa place, elle resserra même un peu plus sa prise.

— Aaron, va t'exercer. Je prends le relais.

— Bien sûr, coach, bien sûr, ricana le roux en s'éloignant.

— Henry, je t'assure que je vais bien, chuchota Adam, j'ai juste été maladroit.

Henry grimaça légèrement. Il avait l'impression que Adam n'avait que ces mots à la bouche. Mais ils sonnaient si faux. Il l'aida à se relever, laissant sa main s'attarder un peu plus longtemps qu'il ne l'aurait voulu sur son corps. Il semblait si fragile entre ses immenses bras musclés, il ne voulait pas le lâcher. Au contraire, il avait encore plus envie de le protéger, encore plus envie de le rendre heureux.

Encore plus envie de l'aimer. 

Parce que tu as besoin de sexe, toi ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant