De : Petit cœur💖
24/09/2018, 12h03Ok je me change et j'arrive 💖
Henry soupira en regardant pour la énième fois le message que Adam lui avait envoyé il y a déjà cinq minutes. Il avait bien vu, à la salle de boxe, qu'il aimait bien parler avec Julien et que les adolescents s'attendaient pour sortir des vestiaires, alors il espérait sincèrement que c'était ce qu'ils faisaient. Autrement, il allait devenir fou d'inquiétude. Il ne voulait plus le voir pleurer, ça lui faisait tellement de mal. Un soupir lui échappa une nouvelle fois et il s'appuya contre sa moto en observant la foule d'adolescents autour de lui en train de quitter l'établissement pour la pause déjeuner. C'est alors qu'il aperçut Julien qui venait vers lui à côté d'une jolie blonde, les cheveux trempés.
— Bonjour, coach ! Qu'est-ce que vous venez faire ici ?
— Je viens chercher Adam... il n'est pas avec toi ?
— Non, pas pour le sport, il a pris un autre menu que nous, répondit son élève, il fait du volley dans le gymnase du lycée... il devrait pas tarder, il attend toujours que les autres soient partis pour aller se changer...
Le professeur de boxe contracta la mâchoire. Julien était le seul ami qu'il connaissait à Adam et le savoir seul dans ses vestiaires ne lui plaisait pas du tout. Même s'il avait suivi ses habitudes, rien ne disait que personne n'était venu le blesser. Il repensa au groupe de vendredi et sortit son portable en jurant. Il avait besoin de savoir qu'il allait bien, qu'il avait juste un peu traîné pour se faire beau, qu'il...
— Putain, s'exclama-t-il quand il tomba sur le répondeur de son petit-ami, c'est sa messagerie !
Julien lança un regard paniqué en direction de la jeune fille à ses côtés et ils essayèrent à leur tour d'appeler leur ami, sans succès. Il grogna et se mêla à la foule d'adolescents, à contre-sens, pour entrer dans l'établissement et aller retrouver Adam. Et il défiait quiconque essaierait de l'en empêcher. Il fut vite rejoint par les deux lycéens qu'il avait croisés devant le portail et ces derniers le guidèrent vers le gymnase. Au même moment, une silhouette en sortait en boitillant, se tenant le ventre et essuyant à intervalles réguliers son visage. Son sang ne fit qu'un tour et il se précipita vers lui. Il le prit dans ses bras, le serrant un peu plus fermement quand il le sentit essayer de s'enfuir avec un petit couinement paniqué.
— C'est moi, petit cœur, c'est juste moi.
— He-He-Henry, sanglota le bouclé.
Son visage était couvert de larmes et il saignait abondamment au niveau de l'arcade et de la lèvre. Il lui sembla aussi voir des hématomes qui commençaient à apparaître au niveau de sa pommette et de son menton. Il grimaça et déposa un doux baiser dans ses boucles, caressant son dos pour le consoler. Ses amis observaient la scène en silence, un air coupable sur le visage. Ils savaient ce qu'il endurait depuis tout ce temps et ils n'avaient rien dit. Il aurait voulu leur donner une mémorable leçon de morale sur ce qui devait être fait quand on était témoin de harcèlement avant de se souvenir qu'il avait longtemps été à leur place. Un témoin, à qui son ami disait de ne rien dire parce que tout allait bien et qui avait pourtant fini par le quitter tant son mal-être était profond en réalité. Il serra les dents. Comment rien n'avait pu changer depuis son époque ?
— Cette histoire va trop loin, souffla Lucie, les larmes aux yeux.
— Ce n'est pas de votre faute, tenta de les rassurer Henry, mais j'ai besoin que vous alliez en parler à vos professeurs maintenant. Je m'occupe de Adam.
— Qu'est-ce que vous allez faire, coach ?
— L'emmener à l'hôpital et contacter ses parents. Il faut agir.
Il sentit Adam s'accrocher à lui pour protester mais il l'ignora. Il se fichait bien de ce que ses parents pourraient penser en les voyant ensemble, il devait avant tout le protéger. Il ne laisserait plus personne lui faire de mal, plus jamais.
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Adam soupira de désespoir en voyant ses parents arriver dans sa chambre d'hôpital, un air inquiet et coupable sur le visage. Henry s'était éloigné de lui dès qu'ils l'avaient prévenu de leur arrivée pour s'appuyer contre le mur en face et cette distance lui faisait de la peine. Sa mère le prit dans ses bras en pleurant et il lui rendit assez maladroitement son étreinte. Il entendit son père remercier Henry de s'être occupé de lui et de les avoir alertés de ce qui se passait. Il grimaça légèrement. Il n'était pas encore sûr d'être reconnaissant envers le professeur pour ça.
— Oh, mon chéri... je suis désolée, tellement désolée... j'aurais dû remarquer...
— C'est rien, m'man, je vais bien.
— Adam, ne dis pas n'importe quoi, intervint son père en s'approchant de lui, ils t'ont frappés.
— Je l'ai cherché, j'ai donné le premier coup, répondit-il en haussant les épaules.
Henry sourit légèrement en le regardant, un peu fier que son élève ne se soit pas laissé faire. Les caresses de sa mère dans ses cheveux attirèrent son attention et il regarda la femme en se mordant la lèvre. Elle avait l'air sincèrement inquiète, et pour la première fois, sa carapace craqua. L'enfant en lui ressortit, la douleur de tout ce qu'il avait enduré en silence explosa, et pour la énième fois de la journée, il fondit en larmes. La femme le serra contre elle et le berça doucement. Il resta de longues minutes ainsi, jusqu'à être totalement apaisé.
— Je suis désolé, finit-il par souffler.
— Tu n'as pas à être désolé, mon bébé, c'est nous qui sommes désolés si on t'a donné l'impression que tu ne pouvais pas te confier à nous. Mais ça va aller maintenant, Henry nous a expliqué... Tu as bien fait de l'appeler, je suis contente que tu aies une personne de confiance.
— Je... oui...
Il échangea un regard avec son petit-ami, le remerciant silencieusement de ne rien avoir dit sur eux à ses parents. Il était encore trop tôt pour ça. Cependant, il pouvait toujours laisser passer quelques informations, tenter de se confier...
— Au lycée... s'ils se moquent de moi... c'est parce que je suis pas attiré sexuellement par les autres... ma-mais je suis pas malade, je vous jure !
— C'est bon, fiston. On te l'a dit, tu gères ta sexualité comme tu en as envie, nous ne sommes pas là pour te juger.
— Eh bien moi, ça me rassure que tu ne sois pas attiré par le sexe, rigola doucement sa mère en pinçant ses joues, mon petit bébé.
— Maman ! Je vais avoir dix-huit ans !
Il rougit de gêne et fit la moue, déclenchant l'hilarité chez ses parents mais aussi chez Henry. Ce dernier l'observait avec amusement, les bras croisés sur son torse de l'autre côté de la pièce, comme si de rien était. Pourtant, à la manière dont il se tenait, il pouvait deviner qu'il se retenait de venir le prendre dans ses bras. Alors, pour essayer de l'apaiser un peu, il fit passer tout son amour dans ses yeux bleus et les planta dans les siens, et le professeur sembla se détendre légèrement en lui rendant son regard.
Et pour la première fois, il avait l'impression que tout irait enfin mieux.
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Parce que tu as besoin de sexe, toi ?
RomanceDepuis qu'il a été largué parce qu'il était asexuel, Adam vit un enfer au lycée. Heureusement pour lui, il peut toujours compter sur ses meilleurs amis. Quand il décide de suivre Julien à son club de boxe, il ne se doute pas qu'il va y faire la renc...