Henry s'installa tranquillement à son bureau après le départ de ses derniers élèves et ouvrit la boîte que Adam venait de lui donner en souriant. Le cheesecake semblait délicieux. Il en prit une bouchée et commença à s'occuper des nouvelles inscriptions qu'il avait reçues dans la soirée. Il s'arrêta un peu plus attentivement sur la fiche d'informations de Adam et se fit la remarque que son anniversaire avait lieu dans une semaine. Il ne sut pas pourquoi mais savoir qu'il était vraiment presque majeur allégea un peu sa conscience. C'était assez idiot, parce que l'on ne devenait pas mâture au jour de ses dix-huit ans et que le plus jeune avait déjà le comportement d'un adulte sur bien des choses.
La sonnerie de son téléphone le tira de ses pensées et il fronça légèrement les sourcils en voyant que Julien l'appelait. C'était assez inhabituel de la part de l'adolescent, il ne l'appelait qu'en cas d'urgence. Il décrocha aussitôt, portant l'appareil à son oreille.
— Alors c'est lui, ton nouveau prince charmant.
— Non, Charles, c'est pas lui, Henry ne ressemble pas à ça.
Il fronça les sourcils en entendant la discussion. Il ne savait pas pas qui avait dit ça, mais c'était mauvais signe. Il se leva, se mordit la lèvre. C'était bien beau de l'appeler, mais il ne savait pas où étaient ses élèves. Il grimaça, attendit un peu pour savoir s'il avait plus d'indices. Tant qu'il y avait ce silence et que la communication ne se coupait pas, il pouvait être certain que ce n'était pas en train de mal tourner.
— Bon... il est bien gentil le rouquin, mais on va pas se regarder en chien de faïence pendant trois heures. Adam, viens. Je fais ça pour ton bien, tu sais ?
Il lui sembla entendre la voix de Adam répondre faiblement sans pouvoir distinguer ce qu'il disait. Mais au moins, il avait eu l'indice dont il avait besoin. Il savait que Aaron venait en voiture, s'il était avec eux, ça voulait dire qu'ils n'étaient pas loin. Il courut vers la sortie de la salle en serrant le portable contre son oreille. Il devait les retrouver rapidement, avant qu'il ne soit trop tard. Adam... Qu'est-ce qu'ils comptaient faire de lui ?
— Je t'ai de venir. Obéis. Sauf si tu veux que je tabasse tes potes. Ils ont beau être boxeurs, on sait qu'ils ne feront pas le poids.
Il poussa la porte de la salle au moment où Adam commençait à avancer vers cinq adolescents menaçants, des barres de fer à la main. Il reconnut Jonathan parmi eux, mais ce n'est pas lui qui le mit le plus en colère. Non. C'était cette parodie de bad boy aux longs cheveux noirs qui fixait Adam avec un désir malsain. Il ne savait pas qui il était, mais il comprit aussitôt qu'il ne voulait pas du bien à son cadet. Et il refusait qu'on lui fasse du mal.
Avant que Adam n'ait le temps de s'éloigner, il entoura ses épaules et le serra fermement contre son torse. Il lança un regard noir aux garçons en face de lui. Quoi qu'ils veulent et qui qu'ils soient, il ne les laisserait pas poser un doigt sur Adam.
— Ne vous avisez pas de venir lui faire du mal ou je m'occupe de votre cas.
Son grognement menaçant sembla faire frémir quelques adolescents du groupe, mais leur chef ne se laissa pas faire. Au contraire, il leva un sourcil amusé puis désigna Adam avec sa barre de fer et expliqua avec un sourire malsain :
— Je ne sais pas trop à quoi tu t'attends en sortant avec lui, le vieux, mais il ne risque pas de coucher avec toi. Tu ferais mieux de le laisser. On a des choses à régler, lui et moi, et je préférerais que ce ne soit pas fait dans la violence.
— Je sais déjà tout ça, répondit froidement Henry en resserrant sa prise sur Adam, ça ne change rien.
Adam releva la tête en rougissant mais il fit de son mieux pour ne pas croiser son regard. Pas maintenant. Les explications viendraient après. Pour le moment, il devait s'occuper de faire dégager les lycéens de devant sa salle et s'assurer qu'ils ne reviendraient pas.
— Tu ne penses pas que je suis venu sans prévenir les flics ? À votre place, je dégagerai avant d'avoir des ennuis. Et si je vous vois traîner de nouveau par ici, je n'hésiterai pas à les rappeler.
Le garçon aux cheveux noirs grimaça et baissa son arme. Il sembla réfléchir quelques secondes puis soupira. Il fit signe à ses amis de le suivre et se retourna. Toutefois, avant de partir, il lança un nouveau regard à Adam.
— Il se lassera, Adam. Tu ferais mieux de me donner ce que je veux. Si tu le fais, je te promets que je ne te ferais plus de mal.
Il s'éloigna enfin et Henry respira un peu plus librement. Aaron sembla se détendre aussi et s'approcha en remettant son bracelet à son poignet. Il relâcha Adam et Julien se précipita vers lui pour le serrer dans ses bras. Le lycéen, qui avait tenu à peu près bon grâce à l'adrénaline, s'effondra en sanglot contre son meilleur ami. Le professeur passa la main dans ses boucles auburns.
— C'est fini, Adam, c'est fini, souffla-t-il pour essayer de le rassurer.
— Coach, merci d'être venu.
— C'est normal, Julien. Vous n'auriez pas fait le poids face à eux. Aaron, tu veux bien prendre Julien avec toi ? Je vais ramener Adam chez lui.
— Non ! Non, pas chez moi, sanglota Adam, il sait où c'est. Je veux pas...
Le boxeur haussa un sourcil et regarda le plus petit au creux des bras de son meilleur ami. Il paraissait si fragile, encore plus que d'habitude. Quand il croisa son regard suppliant, il grogna de colère. Contre ce sale petit con qui avait rempli l'océan de ses yeux de larmes. Son instinct protecteur prit le dessus et il l'attira doucement contre lui. Adam se laissa faire et se blottit contre son torse en tentant de calmer ses pleurs.
— Tu viens chez moi. Rentrez chez vous les garçons.
— M-mes parents... ?
— Tu n'as qu'à dire que tu es chez moi, ma mère nous couvrira, s'exclama Julien avec un sourire.
Adam hocha doucement la tête. Il était soulagé de ne pas avoir à rentrer. Soulagé de pouvoir rester en compagnie de la rassurante présence de Henry. Le sourire de Julien s'agrandit. Si son ami pouvait au moins avoir un réconfort aujourd'hui, il n'allait certainement pas l'en priver.
— Parfait ! Ronniiiie, tu me ramènes ?
— Ouais, sale gamin. Mais une seule allusion à mon copain et je te fais ravaler tes gants, soupira le roux avec un sourire amusé.
— Je serais muet comme une carpe !
Le roux leva les yeux au ciel et fit signe au lycéen de le suivre vers sa voiture. Ils s'éloignèrent vers le parking en se chamaillant gentiment. Et blottit dans les bras fort de son aîné, le bouclé ferma les yeux en priant pour que la fin de soirée soit un minimum parfaite.
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Parce que tu as besoin de sexe, toi ?
RomanceDepuis qu'il a été largué parce qu'il était asexuel, Adam vit un enfer au lycée. Heureusement pour lui, il peut toujours compter sur ses meilleurs amis. Quand il décide de suivre Julien à son club de boxe, il ne se doute pas qu'il va y faire la renc...