Chapitre XX

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Adam redressa la tête en entendant la sonnette de la maison, un immense sourire aux lèvres. Il abandonna la décoration de son gâteau d'anniversaire et se précipita vers l'entrée sous le regard interloqué de sa mère qui cuisinait le repas en sa compagnie dans la cuisine et de son père qui mettait la table dans la salle à manger. Ce qui était plutôt logique vu que les invités ne devaient en principe pas arriver avant deux bonnes heures. Sauf un, celui qu'il avait le plus envie de voir. Il ouvrit la porte pour découvrir Henry sur le palier, deux bouquets et plusieurs paquets cadeaux dans les mains. Il le trouvait séduisant quand il le voyait dans ses habituelles tenues de sport, mais il devait avouer qu'il aimait vraiment beaucoup quand il optait pour un style un peu plus classe. Il portait cette fois une veste de costard bleue marine au-dessus d'un pull blanc et d'un chino camel qui soulignait ses jambes musculeuses.

— Salut, souffla le bouclé en souriant.

— Salut... et joyeux anniversaire, petit cœur, lui répondit-il avec un sourire en lui tendant un des bouquets composé de roses rouges et blanches.

— Merci, amour...

Il attrapa le bouquet et se hissa sur la pointe des pieds pour pouvoir l'embrasser avec tendresse. Un raclement de gorge le força à se détacher de lui et il se tourna vers son père en se mordant la lèvre, tentant de déterminer ce que ce dernier pensait en examinant son expression. Henry passa un de ses bras autour de sa taille et il se rapprocha comme il put de lui, la gorge nouée par le stress. C'était une chose d'accepter qu'ils sortent ensemble, mais c'était sûrement une autre de le voir.

— C'est... il va falloir que je m'y habitue, je suppose.

— Tu supposes bien, Laurent, confirma Henry, j'aime ton fils.

— J'avais cru comprendre. Adam ? Tu comptes laisser ton petit-ami à la porte ou tu le fais entrer ?

— Euh... je... je le fais entrer ?

— Fantastique ! Parce que j'ai besoin d'aide pour finir de mettre la table.

Henry rigola en le voyant faire la moue et déposa un baiser sur son front quand il se décala pour le laisser entrer. Adam le regarda s'éloigner derrière son père et saluer sa mère dans la cuisine en lui donnant son bouquet sans quitter l'entrée. Il plongea le nez dans les roses que venait de lui offrir le professeur en souriant légèrement. Il était heureux, tout simplement.

~~~

Les joues rouges de gêne, Adam regarda sa mère arriver avec le gâteau qu'il avait préparé, décoré de dix-huit bougies, alors que les invités commençaient à lui chanter "joyeux anniversaire". Il avait envie de disparaître. Il détestait ces moments où il était le centre de l'attention et où il ne savait pas trop comment réagir. Il avait peur de faire quelque chose d'embarrassant, de dire quelque chose de travers, c'était d'ailleurs pour ça qu'il se faisait toujours discret quand il était avec d'autres personnes. Alors qu'il jouait nerveusement avec ses doigts sous la table en se forçant à sourire poliment, une main vint se poser sur sa cuisse. Il tourna la tête vers Henry, assis à ses côtés. Ce dernier lui sourit doucement et attrapa son auriculaire avec son index pour le faire arrêter. Sans que personne ne puisse l'entendre, parce qu'ils chantaient trop fort pour ça, il chuchota :

— Du calme, petit cœur. C'est ton anniversaire, tu fais ce que tu veux.

— Ce que je veux... ?

Henry le couva d'un regard amoureux et protecteur avant de hocher la tête. Le sourire qui fleurit sur les lèvres du bouclé fut plus sincère et il attrapa la main de son petit-ami pour la serrer. Quand le gâteau se posa devant lui, il souhaita de toutes ses forces pouvoir le garder près de lui aussi longtemps que possible avant de souffler les petites flammes.

Il poussa un petit cri de joie. Elles s'étaient toutes éteintes ! Son vœu allait être exaucé !

~~~

Allongé en travers de son lit, la tête posée sur le torse de Henry, Adam observait les cadeaux que lui avait offerts son petit ami. Déjà, il y avait un casque de moto noir mat avec des lignes blanches sur le côté pour qu'il puisse l'accompagner avec des protections vraiment à sa taille. Ensuite, il lui avait acheté des gants de boxes rouges et des bandes violettes pour mettre à ses poignets. Et le grand final, c'était un bracelet en argent avec des perles d'améthystes.

Il adorait la signification de ce dernier, tout d'abord parce que le violet était leur couleur préférée, mais aussi parce que l'améthyste était une pierre aidant à calmer le stress et à se protéger, entre autres nombreuses vertues. Il regarda les rayons de soleil jouer avec les reflets des pierres à son poignet, un immense sourire aux lèvres. La main de Henry se glissa dans la sienne et il laissa retomber leur bras sur son ventre avec un petit soupir heureux.

— Il te plaît ?

— Beaucoup. Je ne pensais pas que tu t'y connaissais en cristaux.

— C'est... quelque chose qui m'a beaucoup aidé.

Adam tourna la tête pour tenter d'apercevoir l'expression de Henry, mais il ne put qu'apercevoir son menton où sa barbe commençait à repousser. Il se mordit la lèvre mais ne se redressa pas. Il sentait, à la manière dont il avait serré sa main plus fort, que ce qu'il allait dire ensuite était assez douloureux. Et cette fois, c'était à lui d'écouter.

— Avant d'ouvrir ma salle... j'étais boxeur professionnel. Sauf que j'ai eu... un problème... qui a mis fin à ma carrière prématurément. J'étais très mal. Et c'est là que je me suis tourné vers la lithothérapie. Ça ne fait certes pas tout, mais ça m'a beaucoup aidé.

— Un problème... ?

— Je... je n'ai pas forcément envie d'en parler. C'est encore un assez mauvais souvenir. Tu ne m'en veux pas ?

— Non. Bien sûr que non. Tu sais, c'est étrange, parce que j'ai l'impression de te connaître par cœur, mais en même temps il y a plein de zones d'ombres.

— De zones d'ombres, répéta Henry en jouant avec ses doigts.

— Oui. Ton enfance, tes parents, tes anciennes relations... tout ça, j'en sais rien.

— Il n'y a pas grand chose à dire sur mes parents. Ils ont eu beaucoup de mal à accepter que j'étais gay, mais depuis le... problème... on a recommencé à se parler. J'ai grandi dans une ferme à l'extérieur de la ville, mon père y élevait des chevaux et des vaches. Maintenant, il n'y a plus que quelques chevaux pour qu'on se balade. Quant à mes anciennes relations... mm... je ne sais pas si on peut les qualifier ainsi. J'étais dans un milieu où être gay était mal vu, alors j'avais plus des amis avec avantages que de véritables petits-amis, pour éviter de me blesser ou de les blesser.

Adam sourit et se redressa. Il déposa un baiser sur les lèvres du boxeur avant de s'allonger comme il faut à ses côtés, son front contre le sien.

— Sérieux, je suis ton premier petit-ami, se moqua-t-il.

— Il faut croire. En tout cas, tu es le premier pour qui je me suis dit que ça valait le coup, peu importe si je finissais par être blessé. Tu es le premier pour qui j'ai envie de me battre.

— Henry ?

— Non, cette fois c'est moi qui le dis. Je vais t'embrasser, Adam Chevalier, parce que je t'aime comme un fou.

— Alors dépêche-toi, Henry Mercier, sinon je te grille la priorité.

Henry rigola et embrassa le bouclé en le serrant contre son torse. Adam se sentit fondre contre lui et il se laissa complètement aller dans l'étreinte, caressant sa mâchoire carrée. Quand le plus vieux le relâcha, il blottit sa tête dans son cou avec un immense sourire.

— Merci, Henry. Merci de m'avoir laissé entrer dans ta vie.

— Merci d'en avoir forcé l'accès, gamin. Je suis vraiment heureux avec toi.

— Moi aussi...

Parce que tu as besoin de sexe, toi ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant