Henry avala son dernier morceau de gâteau en jetant un regard vers le lycéen assis à ses côtés. Il venait de finir de manger et reposait ses couverts dans son assiette en félicitant sa mère pour sa cuisine. Christelle le remercia, avant de commencer à débarrasser. Aussitôt, Adam se leva et l'aida. Il sourit légèrement en le regardant s'éloigner dans la cuisine avec des plats dans les mains. Il avait l'air d'aller plutôt bien, même si l'accueil de ses parents avait été très froid. Dès qu'il eût disparu dans la pièce voisine, il se tourna vers son père, assis en face de lui. Il le dévisagea durement, ce à quoi Bernard répondit par un un regard agacé.
— Qu'est-ce qu'il y a ?
— Pourquoi vous ne pouvez pas être plus agréable avec lui ? Il ne vous a rien fait.
— Tu sors avec un gamin. Non mais tu as pensé aux conséquences ?
— Ses parents sont au courant. Ils l'ont plutôt bien pris. Ils sont même d'accord pour qu'on habite ensemble, il doit emménager chez moi avant Noël.
— Sérieusement, Henry, tu as trente-sept ans !
Henry souffla et leva les yeux au ciel. Le critiquer, tout le temps, c'était tout ce qu'il savait faire. Il aimerait lui faire ravaler son air supérieur mais il n'avait aucun moyen de le faire, et c'était comme ça depuis toujours. Sauf que cette fois, il n'était pas seul. Il avait quelque chose à protéger, quelque chose de précieux. Son amour pour Adam. Alors il planta ses yeux aciers dans ceux de son père et se leva, les poings sur la table.
— Papa, j'en ai assez que tu crois pouvoir contrôler ma vie. Comme tu le dis si bien, j'ai trente-sept ans. Et pendant quatorze années de ma vie, vous aviez totalement disparu. Je dois te rappeler que tu m'as foutu à la porte le jour de mes dix-huit ans quand j'ai fait mon coming-out ? Vous m'avez laissé sans rien, j'ai dû survivre comme j'ai pu. Tu te rends compte de ça ou pas ? Et quoi ? Quand je suis enfin heureux tu veux encore m'arracher ce à quoi je tiens ? Ne me fais pas rire.
— Pourquoi tu es venu ici avec lui ?
— Parce que je l'aime ! Je l'aime, papa ! En quoi est-ce si compliqué à comprendre ? Sérieusement... j'aurais mieux fait de ne jamais accepter de vous revoir. Vous me faîtes plus de mal qu'autre chose.
— On a eu peur pour toi Henry ! On veut... essayer de faire de notre mieux !
— Vous avez eu peur que je crève dans un accident de moto il y a cinq ans mais vous avez eu aucun remords à me laisser à la rue il y a dix-neuf ans, papa, s'écria Henry en tapant sur la table.
Bernard se renfrogna mais ne dit rien. Le boxeur sourit amèrement. Il avait espéré qu'il comprenne, qu'il s'excuse. Mais il ne l'avait jamais fait. Il en avait plus qu'assez, de toute cette comédie. Venir ici avec Adam lui avait ouvert les yeux. Ses parents se forçaient, faisaient semblant. Et lui, il ne leur portait plus aucune affection.
— J'en ai plus qu'assez, papa. Je ne sais même pas à quoi ça nous sert de faire semblant. Si tu veux sincèrement arranger les choses, alors je te propose un truc. Je vais partir me balader avec Adam. Quand on reviendra, excuse-toi. Si tu ne le fais pas, c'est que ça ne sert plus à rien qu'on s'acharne à faire tout ça.
Il n'attendit pas sa réponse et quitta la table pour rejoindre la cuisine. Voir Adam, les boucles auburns du haut de son crâne tombant sur sa nuque rasée, un torchon dans une main et une assiette dans l'autre, le détendit presque aussitôt. Quand le jeune homme se tourna vers lui, lui décochant un sourire lumineux qui fit briller ses yeux bleus, il eut l'impression que son cœur loupa un battement et qu'il retombait amoureux de lui.
— Tu as besoin de quelque chose, mon amour, demanda-t-il en rangeant la vaisselle à sa place.
— Oui, de toi, petit cœur.
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Parce que tu as besoin de sexe, toi ?
RomanceDepuis qu'il a été largué parce qu'il était asexuel, Adam vit un enfer au lycée. Heureusement pour lui, il peut toujours compter sur ses meilleurs amis. Quand il décide de suivre Julien à son club de boxe, il ne se doute pas qu'il va y faire la renc...