Chapitre XVIII

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Adam soupira en observant la salle de boxe. Il ajusta son sac de sport sur son épaule. Il se mordit la lèvre et couina de douleur quand ses dents rencontrèrent une de ses blessures. Il était encore marqué par son passage à tabac, bien que les bleus commencent à s'estomper, tirant vers un jaune verdâtre peu attirant. Il savait que Henry ne serait pas forcément heureux de le voir pour s'entraîner, il lui avait d'ailleurs strictement interdit de venir aujourd'hui, sauf qu'il était en train d'étouffer chez lui. Ses parents ne voulaient plus le lâcher. C'était mignon, hein, mais c'était oppressant. Il avait besoin de changer d'air, de se défouler. Et aussi de se confier.

À peine eut-il mis les pieds dans la salle, peu remplie en ce début de matinée, que Henry était déjà devant lui. Il le toisa du haut de son mètre quatre-vingt-dix, les poings sur les hanches. Il avait l'air vraiment agacé.

— Adam, je peux savoir ce que tu fais ici ?

— Pitié, me renvoie pas chez mes parents. Je rêvais de ne plus aller au lycée mais une journée avec eux et j'ai l'impression que je vais étouffer.

— Ils savent que tu es ici ?

— Bien sûr. Tu comptes me faire un bisou ou juste me gronder, réclama-t-il en faisant la moue.

Henry tourna la tête en rigolant avant de lui accorder un tendre baiser, prenant garde à sa lèvre blessée. Il se colla contre son petit-ami en souriant et s'accrocha à son t-shirt gris avec une ligne violette au niveau de son torse, pour lui répondre avec amour. Dans ces moments, il ne pensait plus à rien, et c'était tout ce dont il avait besoin. Ne plus se torturer l'esprit avec son passé, avec les menaces de Charles, avec ce qui allait se passer ensuite pour lui au lycée. Il était juste avec Henry, et c'était parfait.

Il brisa cependant leur étreinte avec une mine désolée. Il n'avait pas oublié sa résolution de se confier, et il ne comptait pas faire marche arrière. Ceci dit, il aimerait bien être débarrassé de ça le plus rapidement possible.

— On peut aller dans ton bureau, demanda-t-il en essayant de paraître sûr de lui, j'ai besoin de te parler.

— Bien sûr. Suis-moi.

Le professeur saisit sa main et le tira à sa suite vers la pièce qui lui était réservée. Son visage avait pris un air grave à partir du moment où il avait dit qu'il avait besoin de lui parler. Un léger sourire apparut sur ses lèvres. Il commençait à accepter que cet homme exceptionnel puisse vraiment désirer être avec lui. Notamment parce qu'il commençait qu'il était lui-même un tout petit peu exceptionnel.

Henry le fit s'asseoir sur une des chaises en face du bureau et s'accroupit devant lui, gardant sa main dans la sienne. Il plongea ses yeux aciers dans les siens, et il vit cette lueur si particulière qu'il n'avait jamais pu voir ailleurs. Un amour si pur, si puissant, qu'il aurait pu le noyer. Il prit une grande inspiration. Ce n'était sûrement pas possible de ressentir ça pour quelqu'un après à peine quelques jours passés ensemble, mais il était véritablement amoureux de Henry et il se sentait bien avec lui. Heureux. Il inspira profondément. S'il voulait l'être définitivement, il fallait qu'il confie tout à son compagnon.

— Je... Tu te rappelles le garçon qui m'a menacé vendredi dernier, Henry hocha la tête et il reprit, c'était Charles. Mon ex. On est sorti ensemble l'an dernier, pendant trois mois. Il m'a quitté quand j'ai refusé de coucher avec lui et que je lui ai avoué que j'étais asexuel. Sauf qu'il ne s'est pas arrêté là. Il m'a ridiculisé devant tout le lycée. On va pas se mentir, beaucoup de personnes étaient jalouses de moi, alors ça a fait leur affaire. Elles pouvaient maintenant se moquer de moi en toute impunité. Et Charles s'est arrangé pour entretenir tout ça, pour que je revienne vers lui et lui donne ce qu'il voulait. Je crois... non, je suis sûr... que ma relation avec lui était très toxique. J'ai fait quelques recherches, sur ce qu'ils me faisaient avant et après notre relation, et ça correspond au profil d'un manipulateur. J'avais toujours l'impression de devoir mériter son amour, il me rabaissait, il a... il a brisé le peu de confiance que j'avais en moi. Je... je crois... que c'est pour ça que j'ai peur que tu m'abandonnes...

— Adam... Je... merci de t'être confié à moi.

Le professeur caressa sa joue avec tendresse. Il semblait chercher ses mots, la réaction adaptée. Sauf que de se sentir écouté était déjà plus que ce que le bouclé avait toujours souhaité. Il lui sourit avec douceur, posa sa main sur la sienne, et souffla doucement :

— Sauf qu'avec toi, c'est différent. Tu es gentil, tu prends soin de moi, et tu ne me juges pas. Je... c'est sûrement très étrange après aussi peu de jour ensemble, mais... je suis amoureux de toi, et je ne veux vraiment pas te perdre... tu... ça me fait peur d'être aussi dépendant de toi...

— Ne sois pas effrayé. Je dépends de toi autant que tu dépends de moi, si ce n'est plus, Adam. C'est la première fois... que je prends le risque de vraiment m'attacher à quelqu'un. Et je suis tout autant terrifié à l'idée de te perdre.

— Henry ?

— Mmm ?

— Je vais t'embrasser, souffla-t-il en rapprochant ses lèvres des siennes, parce que je t'aime.

— Excellente idée... parce que je t'aime aussi.

Leurs bouches se joignirent à peine ces quelques mots furent-ils murmurés. Ils échangèrent un baiser plein d'amour et de passion, faisant danser leurs langues ensemble. Il sourit en sentant les papillons s'envoler dans son ventre, son cœur accélérer, ses jambes se ramollirent. Se confier lui avait vraiment fait du bien. Parce que maintenant, Henry savait tout ce qu'il y avait à savoir de lui et pourtant, il l'aimait toujours.

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Henry sourit en grignotant tranquillement le biscuit que Adam lui avait préparé dans l'après-midi, quand il avait squatté son appartement pour le laisser travailler tout en échappant à ses parents. Il était heureux que le plus jeune se soit confié à lui sur ce qui lui était arrivé avec ce Charles. Il avait certes envie d'arracher la tête à son ex, mais maintenant il parvenait enfin à le comprendre. Et puis, plus les jours passaient, plus il trouvait qu'il devenait à l'aise avec lui. Il pensait qu'il lui en voudrait d'avoir prévenu ses parents pour ce qui s'était passé au lycée, mais au final, il ne lui avait rien dit. Au contraire, la tristesse dans ses yeux avait semblé un peu disparaître.

Il releva la tête quand il entendit quelqu'un frapper à la porte de son bureau. Aaron se tenait là, l'air un peu tendu. Il haussa un sourcil dans sa direction, surpris de le voir stresser.

— Bonjour, Aaron, que puis-je pour toi ?

— Je dois te parler. Ce... c'est à propos de Hugo.

— Bien sûr.

— Il a voulu me protéger. Mais c'est censé être mon rôle, pas le sien. Et maintenant, j'ai besoin que tu m'aides à aller le récupérer. S'il-te-plaît.

— Je t'écoute. 

Parce que tu as besoin de sexe, toi ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant