Chapitre XXII

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Adam raffermit sa prise autour de la taille de Henry en sentant la moto accélérer sur la route, lui faisant momentanément oublier tout son stress. Il ne savait pas qui de lui ou de son petit-ami angoissait le plus à l'idée d'aller déjeuner à ses parents, mais il sentait sous ses doigts que ses muscles étaient plus tendus que lorsqu'ils se promenaient en moto habituellement. Il se mordit la lèvre en sentant le véhicule ralentir et entrer sur un petit chemin de terre menant à un grand corps de ferme. Il avait fait le fier en forçant son petit ami à le laisser l'accompagner, mais maintenant, il était effrayé. Et si ça se passait mal ?

Il descendit de la moto quand Henry arrêta le moteur et retira son casque, secouant la tête pour que ses boucles reprennent un semblant d'ordre. Le boxeur l'imita et se tourna vers lui avec une tentative de sourire rassurant, mais son visage était crispé et ses yeux gris trahissaient son inquiétude.

— Tu as peur, demanda le lycéen en prenant sa main libre dans la sienne.

— Plus que d'habitude. J'ai vraiment la trouille qu'ils fassent de la merde et que ça te blesse.

— Tu es avec moi, ça ira. Et avec un peu de chance, tes parents seront un peu polis devant un invité comme moi !

— Un invité comme toi, répéta le boxeur, une pointe d'amusement dans la voix.

— Oui, tu sais. Un adorable jeune homme très gentil et poli que tu aimes à la folie.

Son aîné rigola et le tira contre son torse. Adam passa une main dans sa nuque pour déposer tendrement ses lèvres sur les siennes et il ne le relâcha que quand il sentit qu'il s'était enfin complètement détendu. Il remit ensuite sa main dans la sienne et le suivit vers la porte de la maison où Henry frappa. Une voix de femme leur permit d'entrer et ils s'exécutèrent, le stress remontant en flèche en eux. Leurs mains se serrèrent un peu plus fort quand une femme aux cheveux blancs un peu ronde arriva devant eux avec un mince sourire.

— Bonjour, Henry, bonjour, jeune homme, les accueillit-elle le plus chaleureusement possible.

— Bonjour, maman, répondit le professeur de boxe en embrassant la joue de la sexagénaire, je te présente Adam.

— En-enchanté, madame, bafouilla le bouclé en rougissant furieusement.

— Je t'en prie, appelle-moi Christelle. Ravie de faire ta connaissance. Je vous laisse vous débarrasser de vos affaires et nous rejoindre dans le salon.

Adam hocha doucement la tête et la regarda disparaître derrière une porte qui menait sûrement au salon. Ce fut à ce moment qu'il se rendit compte qu'il avait retenu sa respiration et qu'il était en train de broyer les phalanges de Henry dans sa paume. Ce dernier ne disait cependant rien, se contentant de caresser le dos de sa main de son pouce et de le couver d'un regard inquiet. Pour le rassurer, il inspira profondément et embrassa sa joue avant de déposer son casque, où il avait glissé ses gants, sur la console de l'entrée. C'était sa manière de lui dire qu'il était prêt pour la suite. Le professeur hocha la tête et l'imita avant de retirer sa veste en cuir et son écharpe et de les mettre sur le porte-manteau, vite rejointes par les affaires de son petit-ami. Leurs mains se retrouvèrent rapidement et Adam suivit Henry vers la porte qu'avait empruntée Christelle quelques minutes plus tôt. Aussitôt, il se retrouva agressé par une masse de poils presque aussi grande que lui et dont le poids le fit basculer sur les fesses. Il rigola en caressant la tête du berger australien qui venait de le faire chuter, oubliant momentanément où il se trouvait.

— Ça va, petit cœur, demanda Henry en le regardant subir les assauts de la langue du berger australien et en se mordant la joue pour ne pas exploser de rire.

— Oui, rigola le plus jeune en passant sa main dans les longs poils du chien avant de se relever.

Il se rappela qu'il était dans le salon de son petit-ami quand il croisa le regard froid d'un homme grand aux cheveux blancs lui aussi, les yeux gris comme son fils et les traits tirés. Il claquait du doigt sèchement en désignant le panier au chien qui se dépêcha de le rejoindre. Il déglutit légèrement. Si la mère de Henry parvenait à faire un minimum semblant, son père n'essayait même pas. C'était à se demander pourquoi ils se forçaient à organiser ce simulacre de repas.

Parce que tu as besoin de sexe, toi ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant