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Je suis la première à me réveiller, l'esprit encore chamboulé de la veille. Comment étais-je censé réagir après ça ? Je soupire avant de me retourner vers lui, visiblement endormis face à ses paupières fermés. Je me rapproche de lui doucement, de peur de le réveiller. Je viens poser ma main dans ses cheveux, doux comme je l'avais imaginé, une odeur de musc me montant au nez. Seulement ma main n'était pas là pour ça, mais pour tenter d'enlever ce masque. Je caresse du bout des doigts l'épais masque nous séparant, soutenant dans ma tête qu'il ne devait rien sentir. Ma main arriver à son menton, où il ne me restait plus qu'à lui ôter, et enfin le voir. Seulement ma main se rétracte, une force invisible m'en empêchant. Je n'y arrive pas, et n'y arriverais pas. Il avait raison, même avec toute la volonté du monde, lui enlever ce foutu masque me paraissait impossible. Une main vient enlever la mienne, avant de me coller contre lui.

-Ne fait pas de chose absurde de bon matin. Grogne l'endormis, avec peu de force, me serrant contre son torse.  

Je fais la sourde et ne bouge plus, tétanisée. Son coeur battait au ralentis, pendant que le miens jouait une symphonie à lui tout seul. Sa respiration redevient régulière, il s'était rendormi. Je souris, il me faisait vachement confiance pour se laisser aussi vulnérable. Je décide de ne pas chercher plus loin, me laissant bercer par les battements de son coeur, et son odeur masculine m'enivrant les narines.

Je me réveille un peu plus tard, ne sentant plus de présence à mes côtés. Je me relève pour le chercher, le trouvant assis face à la fenêtre, un croissant en bouche.

-Je te demande pas si tu as bien dormis..

Je fronce les sourcils, attendant une réponse, avant qu'il me montre la marque de mes boucles d'oreille sur son torse

-Je devrais peut-être faire coussin dans mes heures perdues..

Son air moqueur me fait me retourner dos à lui, les joues rouges pivoines, non sans râler. Ses pas s'approche de moi, restant dans mon dos, tendant les viennoiseries au dessus de mon épaule. Je lui arrache des mains, sous un de ses rires moqueur. Je prend un bouché d'un chausson aux pommes, avant de sentir un baiser sur le haut de mon épaule, me faisant retourner brusquement. Le blondinet était déjà en direction de la salle de bain, son masque bien ancré sur son visage.

-Mange

Je comptais râler de son comportement moqueur, mais aucun mot ne sortait. 

Je vais devenir folle. Mon coeur s'accélère continuellement quand il s'approche trop près, une foutue tension se mélange entre nos deux corps. Un sentiment de remord prend place en pensant à Naruto que je tente de dissimuler. Rien ne les rattaches ensemble, tout est différents entre les deux, faisant aussi différencier ces sentiments étranges qui me parcourent. D'un côté la douceur est le mot clé, la confiance aveugle, la tendresse et la maturité. De l'autre tout se joue sur la provocation, la tension curieuse pure et dure, l'envie de se lâcher et tout envoyer bouler. Je soupire grossièrement, m'écrasant sur le lit.

Foutu mecs à deux balles.

Il avait été convenu que nous restions une nuit de plus ici, n'ayant pas profiter du village la veille. Lorsque le blond ait été prévenir la réceptionniste, celle-ci nous proposa la chambre demandé hier soir, maintenant libre. Le jeune homme a préféré décliner l'offre, prétextant aimer jouer les oreillers la nuit, non sans un coup de poing dans l'abdomen de ma part, rouge de honte. Nous nous baladions dans les rues quelques peu animés, l'odeur des grillades faisant grogner mon pauvre estomac bien retourné depuis ce début de vacance. Kitsune me prend la main, me proposant d'aller manger des bonnes brochettes. Je le laisse m'amener, regardant sa main me tenant fermement. Nous sommes installés sur une table pour deux, l'odeur de fumée et de viandes asphyxiant la pièce.

-Mes cheveux vont sentir la viande..Soufflais-je.

-J'aurais enfin une raison de te sauter dessus et te dévorer. Se moque le blond face à moi.

Quelques curieux se retournent vers nous, moi rouge de gêne. Cela ne semblait pas le déranger plus que ça, rigolant à gorge déployés.

-Désolé t/p j'avais promis d'arrêter la lourdeur, mais te voir réagir à chaud comme ça est tellement plaisant..

-Tu dormiras sur le sol ce soir. Pestais-je engouffrant une brochette.

-Tu es la première a avoir clamé que le lit était assez grand pour qu'on se rencontre pas. Se défend le jeune garde, avalant un bout de viande, le visage toujours aussi bien dissimulé. Mais bon vu comment tu viens te coller à moi le petit matin venant..

-Continu ma brochette rempli de gras fini dans ton oeil. Le menaçais-je le pointant avec ma future arme.

-Tu serais prête à me retirer la seule chose que tu peux percevoir de mon visage ? Demande le garde, ses yeux noisettes légèrement plissés, visiblement amusé.

-Tu ne devrais pas me tenter.

Après avoir mangé copieusement, le blondinet me propose une balade nocturne, vers un point dit " relaxant" de sa bouche. Je le suis donc silencieusement, écoutant les grillons chanter à tue-tête, les vaillants animaux encore présents malgré la nuit tombé. Nous nous retrouvons dans un endroit boisé, qu'il semble connaître par coeur à sa démarche assuré. Les arbres dissimulant la route s'estompent peu à peu, montrant une étendu d'eau, au pied d'une falaise sur laquelle nous sommes. Je regarde admirative, me rapprochant un peu plus du bord, tout en faisant attention. Le blond avec moi s'assoit, les jambes dans le vide. Je le regarde, n'osant pas spécialement, une légère peur du vide en moi.

-Je n'ai pas décidé de te tuer, je veux juste que tu regardes le paysage avec moi.

Je le rejoins timidement, bien moins assuré que lui, sous une moquerie de sa part. Je lève le regard au ciel, des milliers d'étoiles scintillaient entre elles, sans compter la Lune, qui les écrase gracieusement de toute sa splendeur. 

-On dirait que j'ai touché dans le mille.

Je retourne le regard vers l'homme à mes côtés, le masque éclairé par la lumière naturelle. Sa posture semblait décontracté, en parfaitement harmonie avec la nuit.

-Je regardais souvent le ciel avec mon père plus jeune. Avouais-je le ton mélancolique.

-Je n'ai jamais vu un quelconque rapport avec tes parents dessus..

-Mon père faisait partie de la garde royal de mon pays, ma mère était femme au foyer.

-Était ? Ose répéter le blond.

-Il est mort en mission, en protégeant la famille royale de sortie hors du pays. Ma mère n'a pas supporté son départ. Me contentais-je de répondre.

-Il te vient de là se tempérament agressif envers les familles royales et leurs gardes, à toujours les provoquer? 

Je souris doucement, continuant de regarder deux étoiles plus éloignés des autres, quasiment collés ensemble.

-Je m'adoucis avec le temps. Me défendais-je. J'ai toujours mis leurs morts sur le dos de la famille royal, seulement..Il ne faisait que son travail, il savait que cela pouvait arriver..Il aimait son boulot autant qu'il nous aimé ma mère et moi. Je pense que c'est pour cette raison que j'ai jamais eu de réel problèmes avec la principauté chez moi..Ils ne voulaient pas aggraver leur cas, je pense même que le roi avait compris que je faisais ça par pur esprit de vengeance.

-Il te vient de là ce pouvoir de sauver les princes en détresses ? 

Je rigole doucement à sa remarque, balançant mes jambes dans le vide.

-Qui sait, si mon statue de femme me permettait de devenir garde, il y aurait eu moyens que je fasse partie des rangs. Me moquais-je.

-Tu en as tout le tempérament en tout cas.

Je lui souris tendrement, me rapprochant de lui, avant de poser ma tête sur son épaule,bercer par le vent et le magnifique paysage devant moi.

La convoitise du blondOù les histoires vivent. Découvrez maintenant