L'Argyre est le croiseur lourd, ultime
génération, de la flotte spatiale.
Il bénéficie des toutes les dernières
avancées technologiques de la Fédération
des Mondes. Comme tout vaisseau géant,
sa manœuvrabilité ne peut se comparer
avec celle d'un petit astronef. C'est pourquoi
ce type de navire est doté de plusieurs
unités de chasseurs, pouvant décoller à
tout instant, afin de parer aux attaques
rapprochées.Son système défensif est
composé de ce qui se fait de mieux au sein
de la FDM. Il reste à le tester au combat,
contre un ennemi potentiel dont la
fédération ne sait presque rien.
Encyclopediæ Humanum
La patrouille du jour terminée et le débriefing clos, Dana se rend directement vers le lieu où Hary a été affectée provisoirement, en attendant sa guérison complète. Elle rend service au fourrier du vaisseau, pour la distribution des uniformes neufs aux nouveaux arrivants ou le remplacement de ceux usagés.
À dire vrai, elle s'ennuie à mourir et n'a qu'une hâte : piloter à nouveau son chasseur. Le temps prévu pour bien effectuer sa rééducation la déprime.
— Eh, doudou ! Comme ça va !
— Très bien ! Je rentre juste de mission.
— Ah !
Le regret de ne pas en être ne se tasse toujours pas. Et laisse sa trace sur le visage de la Martiniquaise.
— Dis-moi, tu es seule ici ?
— Pour encore quelques minutes, oui !
Dana enjambe le comptoir et se plaque contre Henriette.
— Ça te dérange si je t'embrasse, là, tout de suite ?
— Si tu n'as pas peur que l'on nous chope une nouvelle fois, non !
Les lèvres se rapprochent, puis se touchent. Elles se goûtent délicatement, sans hâte, malgré la crainte de se faire attraper. Les deux femmes savourent ces moments de tendresse qui deviennent rares depuis leur embarquement sur l'Argyre.
— Mmm ! Ça me fait mal de te dire ça, mais tu ne devrais pas rester ici. Le responsable du magasin ne va pas tarder. Un flag(31), ça suffit.
À l'instant où les pieds de Dana touchent le sol du bon côté du comptoir, la porte d'entrée coulisse sur ses rails pour laisser passer le chef provisoire d'Hary.
— Bonjour ! J'espère n'avoir rien interrompu ? plaisante-t-il, proche de l'hilarité.
— Non, je partais ! Rétorque Dan tout en tournant les talons.
— Doudou, attends ! Je dois te demander quelque chose.
— Oui !
— J'ai reçu des mauvaises nouvelles de ma famille. Mon père a été transporté à l'hôpital, hier. Alors, comme avec ma patte folle je ne peux pas bosser normalement, je crois que je vais poser une permission pour rentrer en Guadeloupe. Ça te dérangerait ?
— Oh ! Oui, mais non ! Enfin, bien sûr que tu me manqueras, mais je comprends. La famille avant tout. Et puis ce n'est pas comme si nous étions mariées.
— D'accord ! Mais n'en profite pas pour te jeter dans les bras de Zuleïsinarantadevakatan.
Devant l'expression ahurie de Dana, Hary précise.
— Tu n'as pas vu comment elle te regarde.
— Heu, non ! Tu arrives à déceler une émotion sur le visage d'une Falagaranne qui débarque de sa planète ? Chapeau !
