La présence d'une ou de plusieurs lunes
tournant autour d'une planète aide celle-ci
à se stabiliser sur son orbite solaire.
Et elles maintiennent à peu près constant
l'angle d'inclinaison et donc de rotation
de ladite planète. En offrant plus de stabilité,
elles favorisent l'apparition de la vie dans
les océans par l'intermédiaire de conditions
climatiques et atmosphériques moins cahotiques.
Les mondes connus qui recèlent la vie
possèdent tous, un ou plusieurs satellites
massifs. Yontifalagar avec ses quatre lunes
ne fait pas exception à la règle.
Leur nom est issu de la cosmogonie locale.Encyclopediæ Humanum
La Recherche de Djemaïs cachés dans le système stellaire de Yontifalagar tient en halène la totalité de l'espace de la FDM. Toujours rien de concret n'a été découvert. Toutefois, les impressions de réception mentales étrangères se poursuivent fugacement. De neuf, le chiffre est passé à quatorze. Et la dernière a été relayée à l'équipe de Sinead, qui a reconnu la signature noétique qu'elle et Caïn connaissent bien.
Tous savent maintenant quoi, ou plutôt qui pourchasser. Limiter le nombre de possibles évite l'éparpillement des ressources.
* * *
La tribu de Dana ratisse une nouvelle fois les quatre lunes qui entourent Yontifalagar et embellissent son ciel diurne et nocturne. Le spectacle se révèle fabuleux, car la plus grosse gravite beaucoup plus près de sa planète que la Lune, de la Terre. Augmentant, par la même, l'amplitude des marées falagarannes.
La plus grande est Astara, avec son diamètre qui avoisine les deux tiers du satellite orbitant autour de Terra. La seconde dans l'échelle de la taille se nomme Milicosturi. La troisième a pris Suzuxit comme patronyme et Djulatifaraset désigne la plus petite des quatre, avec un rayon d'à peine cent soixante-treize kilomètres.
Après avoir fouillé minutieusement les trois plus massives, l'escadrille s'approche de Djulatifaraset, en formation défensive.
La surface de cette lune est la plus cratérisée de toutes, rendant les recherches plus fastidieuses par la multiplication des cachettes possibles. Des tunnels de lave percent aussi le sol, voire les parois abruptes de certains cratères.
Dana a appris à se montrer patiente et rigoureuse et elle a instillé cette vertu à tous les membres de son escadrille.
Même si l'absence d'Hary lui pèse, elle n'en laisse rien paraître et agit en binôme avec Zuleïsinarantadevakatan comme si elles faisaient équipe depuis toujours.
Cette dernière fait preuve d'une compétence hors du commun. Ses capacités lui ont valu d'être nommée officière numéro trois pour le commandement de leur formation de chasse. Son calme et son sang-froid font merveille dans cet exercice répétitif de recherche.
Elle est celle qui a repéré le vaisseau djemaï dans le système d'Alfa Persei.
Et c'est elle aussi qui attire l'attention de Dana sur une anomalie a priori mineure, à l'intérieur d'un cratère, en dessous de la ligne de crête, dans une zone très sombre, qui ne voit jamais la lumière du soleil.
— « Qu'as-tu vu ? » questionne la cheffe d'escadrille.
— « Vu est un bien grand mot. Vaguement aperçu serait plus proche de la réalité. Mon impression a été renforcée par la minime variation d'un des détecteurs de mon Phantom ».
— « Vol stationnaire », ordonne Dana. « Union mentale et projection vers le point signalé par Zuleisi ».
Les vingt-six esprits mêlés en un seul lancent une vrille dans la direction indiquée. Sans le dire, tous les capteurs de chaque vaisseau pointent aussi dans cette direction, fouillant l'intégralité de la dépression.