Depuis maints centycles, le peuple falagaran
n'a plus enduré de conflits sur ses terres.
L'idée que cela puisse de nouveau advenir
échappait à leur entendement.
Pourtant, en l'année 2184 du calendrier humain,
l'impensable s'est déroulé par deux fois.
La première, autour de l'un de ses satellites
naturels et la seconde, sur le sol même de la planète.
Seules deux autochtones ont pris part à cette
première bataille, ainsi que quelques métis issus
du croisement artificiel avec des homo sapiens.
Ce premier affrontement auquel participaient
une majorité d'humains et d'hybrides pour assurer
la défense de Yontifalagar, a fait prendre conscience
à beaucoup de sceptiques, qu'une cohabitation
s'avérait possible, voire souhaitable, pour une
protection mutuelle. La Matie de l'époque l'avait
compris bien avant son peuple. Aussi, a-t-elle
toujours œuvré pour un rapprochement.Encyclopediæ Humanum
Section YTFGRDurant trois jours pleins, Dana et son équipe ont dû rester près du lieu où se sont déroulés les combats. D'abord pour sécuriser la zone, le temps que les techs viennent récupérer les vaisseaux et tout ce qui peut servir à augmenter la connaissance de leur technologie. Puis, pour assurer la protection de tous.
Un transporteur doté de plusieurs douches et toilettes leur apporte un peu de confort.
Une bâche a été tendue pour les soustraire aux durs rayons du soleil lors de leurs repas ou réunions.
Certains ont tenté de dormir à la belle étoile, mais ont dû rapidement y renoncer, pour prendre la direction de leur chasseur, harcelés qu'ils ont été par des nuées d'insectes hématophages(38).
Puis, avec le départ des techs, ils ont pu regagner la zone d'appontage de l'Argyre.
Une nouvelle fois, ils étaient attendus par nombre de marins.
Méfiante, Dana s'avance vers sa sœur Ciarán, quand le son aigu d'un sifflet de gabier se fait entendre. La jeune femme se croit revenue trois siècles plus tôt, aux temps héroïques de la navale terrienne. Une seconde après que le silence soit rétabli, quelqu'un crie :
— Pour la tribu de Dana, hip, hip !
— Hourra !
— Hip, hip !
— Hourra !
— Hip, hip !
— Hourra !
Bouche bée, Dana stoppe sa marche pour avoir le loisir de se pincer et ainsi se persuader qu'elle ne rêve pas.
Lorsqu'elle parvient devant la capitaine du croiseur lourd, celle-ci la salue militairement. La cadette répond de la même manière.
— C'était vraiment nécessaire tout ça ?
— Moustique, ne t'en prends pas à moi, je n'en suis pas l'instigatrice. C'est une délégation de marins qui est venue me demander la permission de vous accueillir dignement. Je n'ai pas pu le leur refuser.
Tout en continuant la discussion, Dana cherche dans les rangs si Henriette s'y trouve. Elle pose enfin les yeux sur son amie, qui paraît si fière de sa compagne et de ses agissements.
— Va la retrouver, l'enjoint Ciarán, tu en meurs d'envie. Considérez que vous avez obtenu quarante-huit heures de repos.
Toutes les deux s'en vont main dans la main.
— Tu es sure, demande Hary. Tout le monde va savoir.
— Bah, tout le monde sait déjà. Au moins, nous n'aurons plus à nous cacher.