La planète Déméter est la dernière colonisée par
l'humanité, après Rhéa (Albiréo A ou Bêta Cygni) et Héra
(Mirfak ou Alfa Persei).Son sol, riche en métaux de toute sorte
a vu l'installationrapide d'une industrie métallurgique prolifique,
autant qu'innovante. Cette planète à la croissance quasi exponentielle,
due à un tauxde natalité important et à l'immigration de nombres
de terriens,approvisionne la totalité des mondes humains en aciers et
alliages aussi divers que variés. Dernièrement, même
les Falagaransont commencé à se fournir sur Déméter.
Leur population est en progression constante
et nécessite plus de matériaux qu'ils ne peuvent en produire.
Encyclopediæ Humanum
La jeune femme, tout juste débarquée du vaisseau de transport de passagers, le Chandra, se dirige vers un des aérobus stationnés sur le parking. Celui qui appartient aux forces armées de la fédération des mondes. Vu d'ici, l'engin semble énorme et peut contenir jusqu'à trois cent cinquante personnes.
— Enseigne ! déclame avec respect le sergent debout devant la porte du véhicule. Nom et affectation ?
— Dana McNamara, flotte spatiale, je vais au camp Stilly.
— McNamara, McNamara... Oui, je l'ai ! Vous descendrez au troisième arrêt. À l'entrée de la base, on vous informera mieux de votre destination. Le camp est immense. Vous pouvez entrer et bon voyage, Madame !
— Merci, répond-elle avec un petit geste de la main qui n'a rien du salut militaire classique.
Elle grimpe les quelques marches et s'assied sur le premier fauteuil libre à côté d'un hublot. Autant profiter du trajet pour avoir un aperçu de cette planète, qu'elle ne connaît que de nom.
Sa première impression, après avoir atterri, est de peser quelques kilos de plus que sur Mars.
Ayant effectué plusieurs voyages vers la Terre, pour y subir une formation de pilote, elle a pris l'habitude d'une gravité supérieure à celle de son monde natal. Son ascendance hybride l'aide à supporter cette différence.
En fait, son poids sur Déméter se situe entre celui qu'elle a à Bradbury(6) et celui de la base de Salon-de-Provence, en France.
Perdue dans ses pensées, Dana laisse traîner son regard vers l'extérieur et les couleurs orangées du soleil Phi2 Orionis. Cette étoile sous-géante est plus de trente fois plus lumineuse que Sol et donc, la zone habitable du système en est plus éloignée. Ces caractéristiques de distance vis-à-vis de son soleil allongent l'année démétérienne à quatre cent soixante-huit jours de vingt-cinq heures et dix-huit minutes terriennes.
La jeune femme sent son siège bouger, mais ne détourne pas les yeux de cet immense soleil, maintenant rouge qui s'approche de l'horizon.
— Salut, moi c'est Thierry ! Et toi, comment tu t'appelles ?
Dana daigne enfin porter attention à celui qui s'est assis à ses côtés. Elle le détaille quelques secondes, puis reprend son observation de l'extérieur.
— Eh ! Un peu de politesse ne nuit à personne. Ne fais pas ta mijaurée !
Incommodée, elle se tourne vers son gêneur et regarde bien son badge.
— Soldat de première classe Thierry Matos, vous n'avez peut-être pas vu mes gallons ?
— Oui, mais on n'est pas encore à la base, alors, le formalisme...
— Vous êtes militaire, tout le temps, pas seulement à la caserne. Vous portez l'uniforme et moi aussi. Vous pensiez pouvoir me draguer, alors que je vais peut-être vous commander dans quelques heures ? Changez de place, cela vaudra mieux.
