En rentrant à la maison trempée, je me rapprochais de la porte d'entrée qui s'ouvrit de l'intérieur brusquement. Mes parents refermèrent la porte derrière moi en la claquant assez fort ce qui me fit trembler de peur. Ma mère m'apporta vite une serviette pour me réfugier à l'intérieur :
— Anxieuse ! Bon sang où étais-tu ?! Tu répondais plus à ton téléphone, je n'ai pas arrêté de me faire des films ! Tu en as conscience !
— Maman, tout va bien. Mon téléphone avait plus de batterie et je suis rentrée grâce à Haine.
— Oui, c'est moi qui lui ai demandé, rétorqua mon père en fronçant les sourcils en ma direction.
— Pardon ? Tu lui as dit quoi ?
— Je suis rentré du boulot et il était devant son allée. Je lui ai demandé s'il ne t'avait pas vue. Il m'a répondu qu'il savait où tu étais et qu'il allait te ramener.
— Tu parles à la famille Colère, maintenant ?
— C'est à Furieux que je ne parle pas. Son fils ne m'a rien fait mais ce n'est pas pour autant que je veux que tu traines avec lui.
— Je te rassure, Haine n'est rien pour moi. Il n'est pas mon ami.
— Très bien, file dans ta chambre. Tu es privée de sortie.
— Pourquoi ?!
— T'es rentrée tard ! Dis nous où tu étais ! Je doute que les cours se terminent aussi tardivement.
— J'étais avec Drôle près de la plage. Nous étions à une fête
— Une fête ! Anxieuse, tu détestes les fêtes ! Depuis cette année, j'ai l'impression que tu les enchaines ! Dois-je te rappeler que tu ne supportes pas d'être au milieu d'une foule ? Encore moins de jeunes qui déambulent et se frottent à tout le monde !
— Personne se frotte, qu'est-ce que tu racontes ! Je suis jeune, j'ai le droit de m'amuser !
— Tu fais partie de la famille de la peur, tu as des principes à respecter. Sans oublier la loi...
— Donc je suis obligée de me plier à cette stupide loi. Je serai obligée de vous ressembler et de finir stressée toute ma vie ! Toi-même tu es Méfiant, tu devrais te méfier de cette loi stupide qui fait de nous des robots et non des humains.
— La personne dont je me méfie le plus, c'est toi ! Me gueula mon père en me montrant du doigt
— Je n'arrive pas à y croire, je vous fais peur depuis ce repas, c'est ça ? Très bien papa, alors méfie-toi de moi ! Ta méfiance ne me changera pas ! J'ai besoin d'être seule, je connais le chemin de ma chambre, lançai-je à mes parents tout en baissant la tête
Après avoir entendu les propos si blessants de mon père, ma mère tenta de me retenir en m'attrapant le bras ce que j'esquivai. En gagnant ma chambre, je refermai la porte derrière moi, tout en me laissant tomber vers le sol. Une fois assise contre cette dernière, je collai ma tête sur le bois de la porte et fermai les yeux. Les larmes sortaient sans que je les retienne. Je n'arrivais pas à respirer calmement. La tristesse était une nouvelle émotion pour moi mais depuis ces derniers jours, je la ressentais comme si elle avait toujours été là. J'étais à présent seule. J'avais perdu ma meilleure amie, le gars que j'aimais ne ressentait rien pour moi, je me sentais traquée dans cette ville et mes parents ne voyaient en moi qu'un changement. Je me sentais si vide. J'avais envie de crier, de fuir, de m'éloigner le plus loin possible de cette vie qui m'étouffait.
En me relevant après quelques temps passée contre la porte de ma chambre à me morfondre, je me dirigeai vers mon bureau, ouvris mon premier tiroir et saisis mon carnet de notes pour y inscrire mes peines et tout mon ressenti. Je m'installai au pied de mon lit, pris un stylo et y notai mes doutes, mes peurs, ma colère, mon dégoût, ma surprise, ma tristesse, toutes les émotions qui m'étaient interdites d'exposer à tous. Mon carnet était le seul qui pouvait me réconforter, me soutenir. C'est bête de penser cela d'un objet mais c'était le seul qui pouvait entendre et voir mon mal-être sans me juger. Soudain une pensée m'apparut. Mon père m'avait dit il y a quelques jours qu'une personne à la mairie avait fait un changement d'émotion. Je n'étais donc pas seule. Il fallait que je retrouve ces personnes. Seule, je n'arriverai jamais à me faire comprendre ou à me faire entendre. Il fallait que je retrouve d'autres personnes qui souhaitaient ressentir d'autres émotions. Je ne savais pas vraiment dans quoi je m'embarquais mais il le fallait pour mettre un terme à cette loi qui allait dégénérer.

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Feelings
Teen FictionPlongez dans l'univers extraordinaire de Feelings, une ville où chaque habitant porte le prénom d'une émotion. Je suis Anxieuse, une adolescente de 18 ans. Dans cette société dirigée par les grandes familles de la joie, de la colère, de la tristesse...