Chapitre 37

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Sans vraiment réfléchir, je m'installais du côté passager de la voiture de Haine. Il appuya d'un coup violent sur la pédale de l'accélérateur. En mettant ma ceinture, je jetai un coup d'œil derrière mon épaule où j'aperçus le groupe d'agent loin derrière nous. En roulant, Haine avait accédé au centre-ville de Feelings. Il accéléra en brûlant une dizaine de feux rouges. Cela se transformait alors en course poursuite. Mon cœur tambourinait dans ma poitrine. Il slaloma entre les voitures. Deux fourgons noirs aux vitres teintées nous pourchassaient ainsi que deux motos. Une d'entre elles arriva à ce moment-là à mon niveau. Haine l'aperçut et tourna ainsi son volant de façon que l'agent sur la moto soit collé contre les voitures garées en file. Il se fit éjecter de sa moto ce qui nous permit de gagner du terrain. Haine conduisait comme si la mort était à nos trousses. La voiture de mon voisin ténébreux était alors agressive et comme déterminée à fuir. Haine était si concentré sur la route que je n'osais pas dire le moindre mot pour ne pas le déconcentrer dans cette course folle. Il devait sans doute être en train de récapituler toutes les possibilités qui s'offraient à lui pour s'en tirer. Soudain arrivés à un carrefour, il fit un virage assez fort que les roues fumèrent et tournèrent à toute allure sur le bitume.

Sans une parole, sans un geste, je fixai Haine qui me regarda brièvement. Haine emprunta une entrée d'un garage souterrain. Les fourgons qui étaient toujours à nos trousses avaient continué à rouler tout droit en manquant l'entrée du parking. Le garage était assez vieux, la peinture n'était plus fraîche. Plusieurs voitures se trouvaient à l'intérieur. Haine monta alors au deuxième niveau. Il se gara derrière un mur dont la place était vide. Il sortit du véhicule sans m'adresser le moindre mot, sans vraiment comprendre le moindre de mes actes. Je sortis également. Mon voisin ténébreux ouvrit le coffre de sa voiture pour en sortir une grande bâche noire. Il couvrit ainsi sa voiture tout en esquivant le moindre regard que je lui lançais. Il se dirigea vers une voiture standard, de couleur grise qui était garée en face. Il s'installa alors au volant tout en ouvrant la portière côté passager, il positionna ensuite ses mains sur le volant en serrant ce dernier. Je m'orientai donc vers le côté passager de cette voiture afin de m'y asseoir. Une fois installée, ceinture mise, Haine démarra ainsi sa voiture.

Le trajet se fit en silence. Pas un mot, pas une seule pensée, le néant total. La voiture de Haine quitta le centre-ville de Feelings et roula parmi les champs et la pleine nature qu'abritait la ville de Feelings. Nous étions si loin du centre-ville, de tout ce qui m'était familier. Je ne savais pas à combien de kilomètres étions-nous mais il m'était possible de voir au loin le panneau indiquant la sortie de la ville. Haine décida alors de tourner vers la gauche avant la sortie de la ville. Il emprunta un sentier parmi les grands arbres. Tout en roulant, je me rendis compte que Haine avait emprunté un chemin afin de s'enfoncer en pleine forêt ce qui me fit penser à un début de film d'horreur. Après quelques heures à rouler à travers cette grande forêt dont la clarté du soleil était visible grâce aux rayons à travers les feuillages. Un océan de pensées me submergea. Je ne savais pas ce que je faisais. Je ne savais pas où est ce qu'on se dirigeait. Je ne pouvais pas fuir ainsi ma famille, mes amis, mes habitudes, mes affaires. Je ne pouvais pas fuir en laissant toutes ces choses si précieuses derrière moi. Je décidai alors de me tourner vers Haine et m'exclamai en gueulant :

— Arrête la voiture !

Haine ignora ensuite mes propos et continua à rouler. Je me répétai de façon à qu'il se stoppe immédiatement avant d'ouvrir la portière. Mon voisin ténébreux stoppa la voiture. En sortant du véhicule pour faire demi-tour, je me fis rattraper par Haine qui s'exclama :

— Mais qu'est-ce qui te prend ?! Remonte dans la voiture !

— Non, je n'irai nulle part avec toi ! Je compte retourner chez moi ! J'ai laissé ma famille, mes amis, mes affaires. Je compte bien les retrouver !

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