Chapitre 33

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Assise seule au milieu du car, dans la rangée gauche, je collais ma tête sur le plexiglass de la vitre intérieure. En fermant les yeux, je ne voyais que lui, cet être que je me devais d'oublier. Malgré toute ma volonté, cela m'était impossible. C'était comme si une force mystérieuse m'empêchait par tous les moyens de l'oublier. Je m'étais levée assez tôt, dans les environs de sept heures afin d'éviter le moindre contact avec la foule d'élèves. Le car était déjà présent sur le parking du lycée lors de mon arrivée. Le chauffeur fumait une cigarette devant le car. Quant à moi, il m'a permise de monter à l'intérieur du transport. À travers la vitre, j'aperçus deux agents de police défiler le long du trottoir qui longeait le lycée. Ils étaient alors suivis par d'autres agents qui, contrairement aux deux premiers, possédaient différentes tenues ainsi que différentes armes en main. Je pris une certaine distance en me redressant.

J'avais appris tant de choses ces derniers jours. J'avais subi tant de choses et j'avais aperçu tant de choses. Il fallait y mettre un terme. La sortie d'aujourd'hui allait être un tremplin afin de passer enfin à l'action. En me repositionnant dans mon siège pour fermer les yeux et continuer ma nuit assez agitée par mes pensées, je sentis soudainement une secousse sur le siège à ma droite. En ouvrant les yeux, j'aperçus la longue chevelure blonde de Joviale. Elle portait une veste en jeans sur un tee-shirt blanc avec un pantalon de couleur kaki. Elle me fit un grand sourire en s'exclamant d'un ton fort :

— Coucou ! Ça fait un certain temps qu'on ne s'est pas parlé.

— Joviale, j'étais en cours hier matin ! C'est juste qu'ensuite, je n'allais pas trop bien.

— Tu n'allais pas trop bien pour répondre aux nombreux messages de ta meilleure amie ?

— Je n'ai pas touché à mon téléphone pour tout te dire. Il s'est passé trop de choses, si tu savais. Mais tu fais quoi si tôt ici ?

— Je pourrais te poser la même question, que fais-tu ici ?

— J'avais besoin de fuir un peu la maison et toi ?

— J'avais besoin de voir ma meilleure amie ! Je t'ai trouvée grâce à ta localisation sur ton téléphone.

— Et bien me voici ! Lançai-je en souriant légèrement.

— Sur ton visage, je peux voir que tu n'as pas dormi de toute la nuit.

— Comment tu fais pour savoir ça ?

— Ce sont tes cernes qui me le disent ma chérie. Tu veux me dire ce qu'il s'est passé ?

— Si tu savais...

— Le temps que les autres élèves et la professeure de gestion d'émotions rappliquent, on a encore un certain temps devant nous.

— Je ne sais pas par où commencer ! Depuis le départ de Haine, rien ne va. J'ai appris que Curieux s'était intéressé également à la ville et sa loi. Il a monté toute une affiche, des photos. Il étudie ça tel un détective. Il fait équipe avec Blessée.

— Blessée ?! Comment est-ce possible ?

— Je ne me remets pas de cette nouvelle. Elle faisait semblant depuis le début. Je lui en veux, tu n'as pas idée.

— Tu m'étonnes ! Elle était une taupe depuis le début. Je ne l'ai jamais vraiment bien sentie cette fille. Et que pense Brave de cette nouvelle ?

— Il en sait rien, lorsqu'il est venu à la maison, il m'a informé d'une dispute entre lui et Blessée.

— Attends quoi ! Il est venu chez toi ?

— Plus précisément dans ma chambre, dis-je en serrant les dents tout en étant gênée.

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