Chapitre 45

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Je sentis une douleur à mon bras gauche se répandre dans mon corps. Dégoût baissa alors sa tête vers moi tout en s'exclamant à vive voix :

— Donc Anxieuse, peux-tu me dire ce que tu penses de la peur ?

Au moment où j'allais ouvrir la bouche afin de répondre ce que je pensais réellement, quelque chose me retenait, une force inconnue. Je n'arrivais pas à dire ce que je voulais vraiment avouer. C'était comme si ce sérum contrôlait le moindre mot émis de ma bouche. Je tentai de répondre mais tout ce qui pouvait sortir de mes lèvres était du dégoût. Après avoir tenté plusieurs fois d'aller contre ce sérum, je concentrai à nouveau mon regard vers Dégoût. Je répondis alors à la question :

— La peur ? La pire des émotions.

— J'ai réussi ! S'exclama Dégoût.

Ce dernier se fit applaudir par l'ensemble des scientifiques qui le regardaient avec émerveillement. Je n'arrivais pas à croire que je venais de dénigrer ma propre émotion, je n'arrivais pas à contrôler quoi que ce soit. D'ailleurs cela s'affichait sur les mimiques de mon visage. Le dégoût était à présent affiché sur l'étendu de ma figure de façon forcé. " Qu'est-ce que j'étais devenue " pensai-je. Le sourire aux lèvres, le regard fourbe, Dégoût me guetta de loin. Il ordonna aux agents de traques de me ramener en cellule. Sans réfléchir, je me levai et me rendis compte que je n'avais plus le contrôle de quoi que ce soit. Tous mes faits et gestes étaient à présent contrôlés par une force intérieur. J'étais devenue la marionnette de Dégoût.

En regagnant la cellule, je me dirigeai alors vers mon lit et m'assis tel un robot contrôlé à l'aide d'une console. Je maîtrisais uniquement mes pensées. Si j'avais écouté Haine comme je devais le faire, rien de tout cela ne serait arrivé. Je me retrouvais à présent dans de beaux draps, dans une situation dans laquelle je me sentais impuissante. Collant ma tête contre l'oreiller qui se trouvait sur mon lit, je ne savais pas combien de temps il me restait avant que ce sérum atteigne mes neurones et mes pensées. J'espérais du plus profond de moi, que mes amis me trouveraient avant que cela arrive. Soudain, j'entendis un bruit de poignée, j'aperçus Épaté rentrer dans ma cellule avec Dégoût. Ils s'exclamèrent en ma direction :

— Eh bien, Anxieuse, comment trouves-tu cette cellule ?

— Cette cellule est si petite ! Un grand centre pour une si petite cellule sans meuble ! Lançai-je en me levant subitement, le regard noir.

— Du dégoût ! Du dégoût ! J'avais pensé à la renommer, peut-être l'appeler Écœurée ? Qu'en pensez-vous mon cher ami ? S'exclama Dégout à vive voix en direction d'Épaté.

— Écœurée lui irait à merveille, rétorqua Épaté en applaudissant lentement.

Dégoût sortit avec Épaté, au même moment. Je me levai afin de m'asseoir au sol contre l'une des vitres de la cellule. Je n'avais pas contrôlé cet acte mais je ne voulais pas retourner m'asseoir sur ce lit dont le métal du mobilier me faisait tant mal au dos. Je ne pensais qu'à une personne, je me demandais ce qu'il faisait pour venir me sauver. Je me demandais également ce qu'il se passait à l'extérieur, est-ce pire qu'ici ? Je me posais des dizaines de questions qui malheureusement restèrent sans réponse...

PDV de Haine :

Assis sur le sable de la plage que donnait le fond du jardin de la maison de Joviale, je plongeai mon regard vers l'horizon. Le ciel peu à peu changeait de couleur, se dégradant du bleu à l'orange en passant par le violet et pour finir sur du jaune. Mon regard était orienté sur les allées et venues des vagues. C'était une façon d'occuper mon esprit. Je sentis une présence derrière mon épaule. Qu'importe la personne qui s'approchait, je ne comptais pas lui accorder un seul regard :

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