Chapitre 46

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Cela faisait maintenant deux jours que j'étais enfermée dans ce centre. Enfermée contre ma volonté. Enfermée mais surtout contrôlée. Depuis que l'on m'a injecté ce sérum, personne n'est venu me voir mais je savais qu'ils gardaient un œil sur moi via la caméra de ma cellule. Non seulement j'étais enfermée et contrôlée mais j'étais également surveillée comme si je pouvais trouver le moyen de m'échapper. J'avais l'impression d'être une bête de foire, le résultat d'une expérimentation. Assise sur le sol glacé, la tête en arrière posée sur ce qu'on pourrait appeler un lit, fixant la vitre du plafond de la cellule. Je ne pouvais contrôler que mes pensées. Elles avaient le don de m'étouffer autrefois, aujourd'hui c'est tout ce qu'il restait de l'anxieuse que j'étais. Je n'aurais jamais pensé reconnaître ça un jour mais à cet instant, je chérissais ces maudites pensées remplies d'inquiétudes. J'ignorais ce qui se tramait de l'autre côté de cette salle. Qu'est-ce que Dégoût et son acolyte Épaté étaient en train de mijoter ?

Au même moment, la porte s'ouvrit laissant apparaître un agent de traque. Il avait sûrement eu pour ordre de venir me chercher. Il se rapprocha de moi en m'ordonnant de me lever, le regard fixé vers moi. D'un bond mon corps se mit à se lever, sans même que je ne le décide. C'était un des côtés de ce sérum que ma mère aurait vraiment apprécié. Toutes ces fois où je n'ai pas voulu quitter mon lit, il aurait vraiment été utile. Cela faisait maintenant un sacré bout de temps que je n'avais plus aucune nouvelle d'eux. Je me demandais comment était ma mère, elle qui m'envoyait des tonnes de messages d'inquiétude dès lors que j'avais l'habitude de quitter la maison. Est-ce que le stress avait dénigré son état ? Est-ce qu'elle avait tenté de partir à ma recherche ? Où avait-elle préféré abandonner comme l'avait fait mon père ? Des questions se rajoutaient à la pile d'interrogations non résolues depuis que j'étais partie. En quittant la salle, deux autres agents me demandèrent de les suivre dans un long couloir. En atteignant le bout de celui-ci, une salle remplie de clarté s'ouvrit à moi. Cela changeait de l'obscurité qui régnait dans la cellule où j'étais enfermée. Je me stoppai au milieu de la pièce, les fenêtres de cette dernière donnaient sur de grands arbres de la forêt de Feelings. Épaté, Dégoût, mais aussi de nombreux agents de traque entrèrent. Parmi eux, un visage familier.

Je n'aurais jamais pensé que ce dernier se trouverait ici. Il avait donc fait comme sa sœur et avait rejoint les agents de traque. Il fut surpris de me voir. Il écarquilla ses yeux. Dégoût remarqua ce dernier et s'exclama tout en posant deux grandes mallettes sur le bureau :

— Eh bien, qu'est-ce qui t'arrive mon grand ? Pourquoi cette réaction ? D'ailleurs rappelle-moi ton émotion ?

— Drôle, je m'appelle Drôle et je suis le neveu d'Épaté. Je me demandais ce qu'avait son visage. Je ne la reconnais pas. Anxieuse n'est pas comme d'habitude.

— Tu la connais ?

— Je la connaissais, oui.

— Tu fais bien de parler d'elle au passé car elle s'appelle désormais Écœurée.

— Mais comment ça ?

— Tu sais ce qu'il y a à l'intérieur de ces mallettes ? Lança Dégoût en pointant du doigt les mallettes.

— Non, m'sieur.

— Il y a le futur. la paix, le résultat de beaucoup d'heures de travail.

Dégoût ouvrit l'une des mallettes qui contenait des dizaines de sérums. En lui montrant, Drôle lança sous l'incompréhension :

— Et alors, je ne vois pas où est le rapport avec l'expression inhabituelle d'Anxieuse. C'est comme si elle ressentait du...

— Du dégoût, c'est bien ça ? Affirma Dégoût, le regard fixé vers Drôle.

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