Ce que nous apercevions allait au-delà de mes pensées. Jamais je n'aurais pu imaginer de telles choses dans ce centre. Nous étions face à une allée de cellules assez modernes, les unes collées aux autres. J'ignorais de quelle matière étaient faites les vitres, sûrement en polycarbonate. J'avais lu dans un manuel de physique que cette matière plastique, très souvent utilisée comme vitrage de sécurité, avait une excellente résistance contre les chocs. Dans les cellules, il y avait un lit avec un plateau repas. Elles s'ouvraient uniquement avec un badge. Dans cet endroit gardé secret, se trouvaient des personnes de tout âge. Des adolescents, des adultes, des personnes âgées. Des centaines de scientifiques étaient à proximité de ces cellules en train d'analyser les moindres faits et gestes de ces personnes enfermées. Des agents de sécurité accompagnés de leurs chiens allaient et venaient dans les allées. Cela n'avait rien à voir avec les séances de thérapie que le chef de service, Épaté, nous avait montrés un peu plus tôt. Brave et moi étions agenouillés afin de ne pas se faire voir. Il me chuchota :
— Anxieuse, nous... nous devons y aller maintenant ! Il ne faut pas qu'on traîne ici !
— Non, je ne partirai pas sans preuve ! Passe-moi ton téléphone Brave, je t'en prie.
— Je n'ai plus beaucoup de batterie ! Mais tiens, le voici, chuchota Brave en me tendant son téléphone.
— Merci, le mien a plus de batterie.
— Prends une photo ! Mais dépêche-toi !
En appuyant sur l'application appareil photo du téléphone de Brave, un appel de Protecteur apparut sur la façade de l'écran. La sonnerie retentit subitement. Les scientifiques ainsi que quelques agents de sécurité avaient entendu le son du téléphone. Les regards étaient alors braqués sur l'ensemble de la salle, dans les moindres recoins afin de déterminer d'où provenait cette sonnerie. En regagnant le long couloir, on entendit un bruit de pas résonner nous donnant l'impression d'être suivis. Sans réfléchir, nous nous mettions à courir le long du couloir étroit. Brave atteignit le hall lumineux en premier, je courrai alors jusqu'à atteindre cette pièce dont la porte était en train de se fermer malgré la force de Brave. En une fraction de seconde, je gagnai la pièce avant que la porte se ferme définitivement. J'essayais tant bien que mal de calmer ma respiration saccadée. Brave s'était posé dos au mur tout en reprenant son souffle. Le regard braqué sur moi, il s'exclama :
— Tu vas bien ?
— Je n'ai pas les mots, lançai-je entre deux respirations.
— Je n'en reviens pas ! Il faut que l'on montre la photo que tu as prise.
— Je n'ai pas pu la prendre Brave ! Tu as reçu un appel de Protecteur au même moment.
— Comment on va faire sans cette preuve ? Notre parole ne tiendra jamais la route !
— Il faut qu'on y retourne !
— T'es malade ou quoi ? On a failli se faire attraper et tu veux y retourner ? Anxieuse, tu es suicidaire ?
— Non, j'ai des montées d'adrénaline parfois.
— On ne peut pas le montrer, alors il faut en parler. Tu n'es pas toute seule. Il faut juste trouver les personnes à qui se confier
— J'ai déjà ma petite idée.
— Tu penses à qui ?
— Curieux.
— Pourquoi Curieux ? M'interrogea Brave en fronçant les sourcils sous l'incompréhension.
— Car depuis le début, il s'intéresse à cette loi, aux changements d'émotions. Il essaye tout comme nous de percer le mystère à tout prix. Et puis, j'ai appris récemment qu'il n'était pas tout seul...

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Feelings
Ficção AdolescentePlongez dans l'univers extraordinaire de Feelings, une ville où chaque habitant porte le prénom d'une émotion. Je suis Anxieuse, une adolescente de 18 ans. Dans cette société dirigée par les grandes familles de la joie, de la colère, de la tristesse...