Plus Jamais Sans Toi

Chapitre 5

PDV Alec

Il est un tout petit plus de midi, nous sommes dans la file d'attente du réfectoire avec Max, Vic et Alicia. Cette dernière ne tient d'ailleurs plus en place depuis quelques minutes et nous saoule avec son estomac qui, selon ses propos, « va passer l'arme à gauche si il n'est pas bientôt satisfait ! » Elle en rajoute ? Non, à peine, comme toujours. J'adore cette fille mais qu'est-ce qu'elle me fatigue !
Une fois servis et installés, Vic et Max entament avec envie leur assiette pendant qu'Alicia finit sa première et attaque sa deuxième. Je vous l'ai dit, cette fille est un véritable estomac sur pattes !
Alicia relève la tête, me fixe, les joues gonflées de nourriture et tente de communiquer avec moi.
Alors que je la vois essayer de commencer à parler, je me jette par réflexe en avant pour plaquer ma main sur sa bouche. Qui aurait envie d'être repeint d'un mélange de steak, de purée et d'haricots verts ? Personnellement, très peu pour moi !

- Chut ! Mâche et avale ! Lui dis-je avec une mine de dégoût en sentant une partie de son repas collé dans la paume de ma main.

J'ai longuement hésité à me servir de Max comme serviette, mais le connaissant et vu ce qu'il restait sur son plateau, j'ai préféré me raviser et finir mon repas indemne.
Une fois sa bouchée terminée, Alicia se tourna vers moi en me pointant du doigt.

- Alec ! Youhou ! C'est quoi cette tête ? Tu devrais sourire, manger c'est merveilleux !

- Tout le monde ne fantasme pas sur un frigo comme toi Aly... Se moqua Vic.

Elle lui tira la langue puis reprit :

- Non mais sérieux, il se passe quoi ?

- Je ne le sens pas... Lui répondis-je tout penaud.

- Encore cette odeur imaginaire de ce matin ? Demanda Max avec un sourire taquin.

- Roooh ! Mais puisque je vous dis qu'elle est bien réelle ! Je sais même à qui elle appartient. On s'est même brièvement regardés pendant le cours de l'autre rabat-joie. Mais là je ne le vois pas et son parfum est absent du réfectoire...

- Oh notre petit Alec a un coup de coeur ! Se moqua Vic.

- Tais-toi andouille c'est pas vrai ! Lui répondis-je alors que je sentais le rouge me monter aux joues. Enfin à vrai dire, je ne sais même pas ce que je ressens... J'ai juste été comme... Hypnotisé...

Alicia me coupa en ajoutant :

- Il est de la meute ? Nous le connaissons ? Parce qu'à part nous quatre, il n'y a qu'une dizaine de loups à l'école...

- Justement c'est bien là le problème... Finis-je par avouer après quelques secondes de silence, les yeux baissés.

Mes trois amis de toujours me fixèrent d'un air surpris et bourré d'interrogations. Je repris contenance, pris une grande inspiration et lâcha l'information que moi seul connaissait...

- Je... Je n'ai pas... Je n'ai pas senti son loup...

Grand blanc autour de la table. Seuls les bruits des couverts et des autres élèves se faisaient entendre dans la grande pièce. Sous la gêne et les milliers de questions qui trottaient dans ma tête, mon regard se détourna et vint traverser la fenêtre collée à notre table pour fixer un point au loin. Un point qui m'apaisait et me permettait de rester calme : la forêt. Je m'y voyais déjà courir sur mes pattes, le vent me frappant de plein fouet et faisant virevolter mes poils au grès de ses bourrasques changeantes.

- OH PUTAIN !

Grand silence dans la salle. Tous les regards étaient dirigés vers nous. Vic se rassit, sous le poids de la honte causée par cet élan d'émotion, la tête basse, se tut quelques secondes puis me fixa de ses yeux corbeau. Il reprit à voix basse :

- Alec, frangin... T'es amoureux d'un humain !