Chapitre 10

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PDV Alec

Le ciel est encore bien dégagé et le fond de l'air est doux pour cette fin de mois de Septembre. Bientôt l'automne, ses couleurs rougeoyantes et cette atmosphère si agréable que la forêt me procure à cette époque de l'année. Je suis posé contre le muret près des grilles en attendant Evenn. Il est 08h30, il ne devrait plus trop tarder. Vic, Alicia et Max discutent joyeusement de tout et de rien pendant que je reste silencieux, observant les alentours.
J'aperçois à travers la foule d'élèves une petite touffe caramel essayant de se faufiler tant bien que mal pour me rejoindre. Je fais quelques mètres pour le retrouver et le saluer :

- Hey, salut toi ! Mon sourire éclatant, heureux de le retrouver.

Il se mit sur la pointe des pieds et me claqua un baiser furtif sur les lèvres, tout en tendresse.

- Coucou mon Alec ! Me répondit-il en insistant bien sur le « mon ».

Le rouge me monta aux joues et je repris en bafouillant un peu :

- Je ne pensais pas que... que tu m'embrasserais devant... devant tout le monde comme ça...

- Oh... souffla-t-il une moue déçue sur le visage. Excuse-moi je ne pensais pas que ça te dérangerait... Je ne le ferai plus...

- Non ! Ce n'est pas ce que je voulais dire ! Comme on n'a pas parlé hier soir, tu sais de la façon dont on allait agir devant les autres, leur en parler ou pas avant, etc...

- Ah ok ! Bah au moins maintenant plus besoin de le faire ! Me taquina-t-il en me tirant la langue.

- Ça nous évitera une conversation gênante, un petit rire s'échappant à la fin de ma phrase.

Il me regarda dans les yeux, un sourire heureux faisant rayonner son visage. Alors que je plongeais au plus profond des ses magnifiques iris, mes lèvres vinrent délicatement et naturellement se poser sur les siennes. Il y répondit dans l'instant et commença à mouvoir sa bouche contre la mienne, me faisant ressentir ainsi tous les sentiments qu'il avait à mon égard. Notre échange se stoppa quelques minutes après, ma main vint rejoindre la sienne, nos doigts entrelacés et nous partîmes rejoindre nos amis. Louise avait du arriver entre temps et adopter la même expression stupéfaite sur son visage que les trois autres : les yeux écarquillés, la bouche ouverte de surprise. On remarqua même Max, la main soutenant le menton d'Alicia, dont l'expression était la plus comique, on aurait dit que sa mâchoire allait se décrocher !
Arrivés à leurs côtés, rigolant tous les deux, Evenn un sourire éclatant et moi qui devais sûrement être dans le même état d'extase. Après un bref silence, qui se voulait être dû plus à la surprise que la gêne, Alicia prit la parole, enfin essaya :

- Mais... Mais... Mais...

Vic lui mit alors une pichenette sur l'oreille.

- Attendez, je crois qu'elle beugue ! S'exclama-t-il, un brin moqueur.

Cela entraîna un rire général auquel Alicia se joint dans la foulée. Vic a vraiment un don pour détendre l'atmosphère ! Remarquez, il sait aussi bien les rendre malaisantes et ça l'amuse beaucoup... Sadique !

- Mais... Vous deux... Depuis quand ? Reprit-elle.

- On s'est embrassés hier après-midi aux écuries, expliqua Evenn, toujours plus à l'aise que moi, et je ne sais pas, plein de choses se sont enchaînées et c'est arrivé. On a beaucoup parlé hier soir jusqu'à tard sans se prendre la tête sur la suite, on a envie que les choses se passent simplement.

Suite à ces mots, je regardais Evenn en me disant à quel point j'étais chanceux de l'avoir rencontré.
Nos amis nous félicitèrent et nous partîmes en direction du lycée pour débuter notre journée de cours, la bonne humeur au rendez-vous, Evenn me tenant la main.
La journée de cours se passa dans le plus grand des calmes : Even me jetait souvent des regards avec une lueur chaleureuse et douce, Alicia a été sage à la cantine, Vic ne m'a pas trop charrié, Max bah il est resté Max, même Mr Wyatt ne m'a pas cherché, miracle non ? Seule ombre au tableau : Louise. Malgré sa bonne humeur, je sentais de temps à autres son regard se poser sur moi. Pas un regard méchant, plutôt songeur, se posant plein de questions. Je ne pense pas qu'elle soit jalouse, elle avait l'air sincèrement heureuse pour Evenn et lui a même dit à plusieurs reprises. Peut-être suis-je un peu parano et que je me pose trop de questions comme d'habitude ? Le fait que je cache ma nature à Evenn me provoque sûrement cette sorte de gêne ? Le peur d'être découvert sans avoir pu lui expliquer par moi-même... La peur qu'il me rejette en découvrant mon secret... Non, il ne le ferait pas ! Il est bien trop gentil et compréhensif pour ça ! Mais bon on ne sait jamais, ça serait logique qu'il prenne peur en découvrant que je suis un loup...

Le soleil brille encore, une légère brise s'est levée, venant rafraichir un peu l'air et faisant bouger au grès de celle-ci les branches tombantes du saule pleureur auprès duquel Even m'attend, assis sur le banc. C'est devenu notre point de rendez-vous !
Les cours sont terminés, il est aux alentours de 17h, il est en compagnie de Louise, papotant et rigolant tous les deux, attendant que je le rejoigne.

- Hey toi ! Tu viens avec nous aux écuries ce soir ?

- Je suis désolé Evenn... un brin de déception dans la voix. Ce soir j'ai une réunion de Meu- euh de famille et je dois absolument y être sinon mon père risque de m'enfermer dans un cachot jusqu'à la fin de ma vie ! Ouf ! Je me suis bien rattrapé là !

- Ah dommage, me dit-il avec une petite moue triste.

Je pris son visage en coup et l'embrassa chastement sur les lèvres. J'ai été très surpris de mon assurance ! Je vous l'avais bien dit, ce garçon me change !

- Tu sais ce qu'on va faire ? Allez vous amuser aux écuries, passez du bon temps tous les deux. Pendant ce temps, je vais à ma réunion de famille, et quand tu seras dispo tranquille chez toi, tu m'envoies un message, ça te va ?

- T'es vraiment un amour toi tu sais... T'as toujours la bonne attention envers moi, un sourire jusqu'aux oreilles naissant sur son visage. Mais je veux un bisou avant de partir !

Louise rigola, se moquant de son côté enfantin et Evenn lui tira la langue en retour. Quels gamins ces deux-là quand ils s'y mettent !

- À tout à l'heure mon beau, lui soufflai-je après l'avoir embrassé tendrement.

Je pris alors, non sans regrets, le chemin vers les grilles et rejoint le sentier. Après quelques minutes de marche et avoir vérifié que j'étais bien seul, je rentrai dans le bois et vis trois grosses masses poilues, les yeux luisants dans la pénombre.

- Oui, je sais, je suis en retard, désolé ! Je me dépêche !

Je reçus pour seule réponse un jappement, celui de Vic, qui se moquait encore une fois de moi. J'ai l'habitude avec lui !
Je posai alors mon sac sur le sol afin de ranger mes vêtements que j'enlevais au fur et à mesure. Dans un sourd craquement d'os, mon corps changea et fit place à mon loup, d'un pelage noir de jais et aux yeux bleu-gris.
Je pris mon sac dans la gueule et nous partîmes en courant à vive allure, nous amusant comme jamais, chahutant ensemble, faisant parfois la courses, vers notre réunion de meute hebdomadaire. Alors que je coudai devant, je m'imaginais partager ce moment avec, à mes côtés, un magnifique loup caramel aux yeux verts comme les prés...

Plus Jamais Sans ToiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant