Chapitre 20

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PDV Max

Qui aurait pensé que ces maudits cours de gestion et d'Histoire de la Meute allaient peut-être apporter la solution pour Alec et Evenn ? Mais avant d'aller plus loin, revenons à ce qui allait peut-être tout déclencher...

Les vacances de Noël venaient de débuter et les cours avec mon père commençaient à s'intensifier. Alec vivait la même chose de son côté avec son père ce qui nous empêchaient de nous voir souvent avec le groupe.
En ce mardi matin, mon père m'emmena dans le bureau de l'Alpha pour la leçon du jour. Ne comprenant pas pourquoi nous y allions, mon père me fit juste savoir qu'il me montrait une pièce dont seuls les dirigeants de la Meute connaissaient l'existence. Après avoir actionné une sorte de levier, un escalier se dévoile sous la bibliothèque du bureau. Mon père m'y entraîna me demandant de garder le silence. Arrivés dans cette petite pièce sous-terraine, éclairée par quelques lanternes, il me demanda de m'asseoir et prit la parole :

- Fils, ce qui se trouve ici, est transmis de génération en génération. Seuls l'Alpha et le Beta, ainsi que leurs successeurs, connaissent l'existence de cette pièce. Tu devras donc garder le secret pour le bien de tous.

Mon regard parcouru la seule bibliothèque présente et aucun des livres qui s'y trouvaient ne m'étaient connus.

- Il est temps pour toi de connaître la vérité sur notre peuple, ses origines et pourquoi ce secret est tu depuis maintenant un peu plus de mille ans. Prends ce livre et ne ressors pas tant que tu ne l'auras pas entièrement lu. Je viendrai te voir régulièrement, t'apporter de quoi manger et boire. À plus tard Max !

Et il sortit, fermant par la même occasion l'accès à la pièce secrète, me laissant seul avec mes questions. Après avoir parcouru les titres des différents ouvrages présents, je soufflais et commençais ma lecture ne sachant pas à quel point j'allais être bouleversé par ma découverte...

Immersion dans le passé, raconté par Max

Tout a commencé il y a environ mille deux cents ans. Ullrich Von Krieger, Comte Germanique, était réputé pour ses abus de pouvoir, son égoïsme et son mépris pour la race humaine. Il était devenu ainsi à ses vingt-et-un suite à l'assassinat de ses parents et de sa jeune soeur lors d'une entrevue avec d'autres Nobles qui les jalousaient. Son chagrin fut tel qu'il déversa sa rancoeur sur le reste du monde. Le peuple souffrait depuis maintes années jusqu'au jour où un homme, d'apparence quelconque demanda audience.

- Votre Seigneurie, j'implore votre clémence ! Le peuple se meurt d'avantage de jour en jour... Je comprends votre peine et votre colère mais le peuple n'est en aucun cas responsable...

- Il suffit ! Vous ne savez rien ! Estimez-vous heureux que je ne vous fasse pas pendre pour cet affront envers ma personne et ma famille !

- Lorsqu'une lueur éclairera votre coeur, retrouvez-moi ! En attendant, je vous laisse profiter d'une solitude prochaine...

Sur ces mots incompréhensibles, l'homme se retira, laissant le Comte perplexe.

Les mois passèrent, sans que le Comte ne comprenne le sens caché des paroles de ce mystérieux inconnu. La seule chose que le Comte savait, était que l'homme avait changé quelque chose en lui. Depuis sa venue, Ullrich était sujet aux pertes de mémoires, suite à des accès de colère ou de chagrin, se réveillant nu dans son château ou même en pleine forêt. Physiquement aussi il avait changé, gagnant en carrure et en musculature. Même ses serviteurs n'en comprenaient pas la raison. Un soir d'audience dans la salle de réception, Ullrich explosa de colère. Quand il revint à lui, quelques heures après, sa première réaction fut de vomir tripes et boyaux. Le sol, les murs, lui-même, tout était recouvert de sang, d'entrailles, des corps démembrés gisaient un peu partout. Effrayé par cette macabre découverte, il se dirigea vers ses quartiers et se lava pour se débarrasser de toutes ces ignobles traces. À peine fut-il habillé, qu'il entendit gronder dans la cour de son manoir. Il s'approcha alors d'une fenêtre et vit le peuple scander des paroles absurdes à ses oreilles :

- À MORT LE COMTE ! À MORT L'HOMME-LOUP ! VILE ABERRATION !

Commençant à sentir la colère gronder, il ressentit pour la première fois un changement en lui et se regarda dans un grand miroir : ses iris brillaient d'une profonde teinte rouge sang. Ses os commencèrent à craquer et un immense loup prit forme devant la glace. Sauf que cette fois-ci, la conscience du Comte était demeurée présente. Sa haine se décupla et il se dirigea vers l'extérieur. Peu de personnes en réchappèrent, qu'ils fassent parti de la foule ou des domestiques... Les survivants quittèrent les terres et le Comte se retrouva seul. Retrouvant sa forme humaine, il se rappela les paroles exactes de l'inconnu... Il se savait voué à la solitude désormais. Mais il ignorait encore tout de la signification de cette lueur et même si elle existait.

Plusieurs décennies s'étaient écoulées et Ullrich ne vieillissait presque pas. Sa solitude le pesant, il avait opté pour la traite d'esclaves, pouvant ainsi disposer de personnes selon son bon vouloir. Un soir d'hiver, un marchand se présenta aux quatre nouveaux individus : trois femmes et un homme. Le Comte, qui n'avait eu que des maîtresses toute sa vie, fut subjugué par la beauté du jeune homme, âgé d'une vingtaine d'années. Son parfum délicat l'enivra dès la première seconde et il ressentit la joie et le bonheur pour la première fois de la part de son loup à l'intérieur de lui. Malgré le fait que le jeune homme soit totalement captivé par le Comte, sa peur l'empêchait de laisser libre cours à son attirance.
Les mois s'enchainèrent et le Comte faisait tout son possible pour gagner le coeur du jeune homme, il l'avait totalement métamorphosé ! Quand un matin, le jeune lui offrit son premier baiser, le coeur d'Ullrich et de son loup explosèrent d'amour à l'unisson. Le Comte ne pouvait désormais plus vivre sans lui, mais la peur de le perdre le hantait sans cesse. Le souvenir des mots prononcés par l'inconnu il y a une cinquantaine d'années refit surface de nouveau. Malgré ses craintes que celui-ci ne soit plus en vie, il fit organiser de colossales recherches afin de le retrouver.
Trois mois plus tard, un homme se présenta et demanda audience auprès du Comte. Ullrich, à la fois stressé et impatient, le reçut et se fut le choc : l'homme se trouvant devant lui était celui de ses souvenirs et il n'avait pas pris une ride.

- Que me vaut cet honneur votre Seigneurie ? Pourquoi m'avoir fait mander ?

- Appelle-moi Ullrich veux-tu, ce temps est révolu. Je pense que tu te doutes fortement de la raison pour laquelle j'ai organisé ces recherches pour te retrouver...

- En effet, je vous ai observé tout ce temps et ce que j'avais prédit s'est réalisé à la lettre et a même dépassé toutes mes espérances. L'homme ignoble que vous étiez a disparu et a laissé place à une personne aimante et soucieuse d'autrui... Vous avez même affranchi vos esclaves et gouvernez avec justesse. Je ne pensais pas cela possible !

- Il m'a changé... Et je veux changer pour lui... Mais j'ai constamment peur de le perdre, sans lui la vie ne vaut pas le cout d'être vécue...

- Faites le moi amener s'il vous plait !

Le Comte le regarda étrangement et finit par accéder à sa requête. Le jeune homme se présenta alors et vint se blottir contre Ullrich.

- Jeune homme, fermez les yeux, répondez à mon unique question et laissez-moi sonder votre coeur.

Le jeune homme, après un bref regard au Comte qui acquiesça, obéit et ferma les yeux.

- Que représente cet homme pour vous ?

- Je... Je l'aime ! Je l'aime plus que ma propre vie et ne voit aucun avenir sans lui. Je renierai mon âme pour rester à ses côtés !

- Très bien, qu'il en soit ainsi !

L'inconnu tapa dans ses mains et le jeune homme se changea en un magnifique loup blanc. Le Comte comprit alors que l'homme en face de lui, lui permettait de vivre son amour et lui offrait le pardon pour ses pêchés suite à son changement radical de comportement et les efforts fournis ensuite pour faire table rase du passé.
Quelques années plus tard, par le plus grand des miracles, que même l'inconnu ne sut ( ou ne voulut ) expliquer, l'époux d'Ullrich donna naissance à un petit garçon. À l'adolescence, lors de sa première transformation, il mordit à l'épaule une humaine. Et ce qui n'aurait pas dû arriver se produisit : la femme muta à son tour. La situation avait vite dérapé et la population lupine s'était agrandie de manière exponentielle. Voyant la race humaine décliner, l'homme à l'origine de tous ces événements réapparut trente années plus tard et scella par le biais de la magie une nouvelle fois le destin.
Désormais, les loups ne pourraient se reproduire qu'entre eux. Les classes Alpha, Beta et Omega étaient nées. Il fut question aussi du pouvoir de la morsure, maintenant appelée la marque, mais ce passage n'est plus noté dans les écrits. Seul le peuple des Anciens détiendrait encore le reste de la vérité.


PDV Max

Totalement abasourdi... Je suis dans un état semonce, peinant grandement à reprendre mes esprits. Si je m'imaginais découvrir ça ce matin... Ça remet en question toutes mes croyances, tout mon monde. Et si une solution existait pour Alec et Evenn comme cela l'a été pour le Comte et son amant ? Il faut que je parle à Alec, j'ai besoin de lui poser une question primordiale.
Mon père arriva avec des sandwichs et me vit assis en tailleur, le regard dans le vide.

- Moi aussi, la vérité m'a complètement chamboulé fils !

- Euh Papa, les Anciens existent-ils toujours ?

- Oui bien sûr, pourquoi ?

- Est-il possible de les rencontrer ?

- Seul l'Alpha d'une Meute peut prétendre à une audience.

- Merci Papa !

Mon père me vit sortir en courant de la pièce secrète, mon sandwich entre les dents. Bah ouais, j'ai quand même grave la dalle après toutes ces émotions !
Il faut vraiment que je parle à Alec, mais aussi et surtout à son père... Tout n'est peut-être pas perdu ?

Plus Jamais Sans ToiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant