Plus Jamais Sans Toi

Chapitre 15

PDV Evenn

Le temps aujourd'hui est vraiment idéal : grand soleil, une légère brise et des températures relativement agréables pour une fin de mois d'octobre. Après une séance dans le manège avec Malawi, Lisa me proposa d'aller le marcher un peu en forêt car dans quelques temps, avec l'arrivée de l'hiver, ça ne sera plus possible.
Arrivés dans le sous-bois, le calme absolu. Juste le bruit du vent dans les branches et quelques chants d'oiseaux nous entourant. Soudain Malawi se figea un instant, le regard fixe, aux aguets. Des bruissements de feuilles, des craquements de branches au sol provoquèrent un début de panique chez mon cheval. Essayant de le rassurer pour le mieux, son calme revint au bout de quelques minutes et la forêt retrouva elle aussi toute sa quiétude. Choisissant de rentrer comme le soleil descendait dans le ciel, je sentis Malawi frissonner et faire un écart alors que je ne m'y attendais pas.

- Ssshhh bonhomme ! C'est rien ! Du calme... Lui dis-je en le caressant à l'arrêt.

Tout en le rassurant, j'aperçus au sol quelque chose qui m'avait déjà tapé dans l'oeil il y a de ça quelques semaines : une empreinte. Mais cette fois-ci, après un regard plus approfondi, j'en remarquai plusieurs et de différentes tailles. Il n'y a donc pas un seul animal de cette espèce dans cette forêt. Et vu l'énorme empreinte, ça doit être plus gros qu'un ours ! J'aime pas très beaucoup ça moi !
Sur le chemin du retour aux écuries, qui fut plus rapide que celui du départ, je me promettais de replonger dans mes recherches, d'en parler à Alec et d'y retourner dans la semaine pour regarder d'un peu plus près !

Entre deux bouchées de rôti Orloff, j'interpellai ma mère.

- Au fait M'man, j'ai une nouvelle qui devrait vous faire plaisir !

- Oui mon chat, dis-nous ?

- Alec a accepté de venir dîner dans la semaine, vous pouvez quand avec le boulot ?

- Jeudi, ça t'irait chérie ? Je ne finis pas trop tard et toi ?

- Je prendrai mon après-midi ça sera plus simple, ils peuvent bien s'en sortir sans moi quelques heures ! Répondit ma mère en rigolant.

- Par contre, j'ai un service à demander à chacun de vous, intervins-je l'air sérieux.

Mes parents haussèrent un sourcil, attendant ma fameuse requête.

- P'pa, pas de vanne ni de taquinerie douteuse !

Mon père me regarda en prenant un air offusqué, la main posée sur son coeur.

- M'man, ce n'est pas mieux te concernant ! INTERDICTION de sortir les vieux albums photo ! Alec n'a pas besoin de me voir à poil dans mon bain à l'âge de trois ans ou encore déguisé en Astérix !

Fou rire de mes parents, je le sens mal !
Ma mère reprit après avoir essuyé une larme au coin de son oeil :

- Promis mon chat, on fera tout pour rester sages ! Par contre, si Alec demande, on ne pourra pas refuser, ça ne serait pas poli !

- Gniagniagnia !

Et voilà, ils se marrent encore comme des baleines... La soirée promet d'être longue si ils s'y mettent...
Après ce repas où mes parents se sont plus moqués et ligués contre moi qu'autre chose, je décidai de monter dans ma chambre finir rapidement mes devoirs afin d'appeler plus longuement Alec pour tout lui raconter.

Avachi sur mon lit, roulé comme un maki dans ma couette, la tête calée dans mon oreiller avec ma peluche Pua blottie contre moi, je jetais un oeil à l'heure et enclenchai l'appel visio vers mon Alec.

- Euuuuh ? Genre tu me trompes avec un cochon ?

- Mais ce n'est pas n'importe quel cochon ! C'est Pua ! Lui répondis-je en rigolant.

- Connais pas...

- OH ! Impossible ! M'exclamai-je l'air outré, ce qui entraîna les rires d'Alec.

- Amour, repris-je, j'ai plein de choses à te raconter !

- Et de mon côté, j'ai demandé à mes parents pour le dîner, ils sont d'accord ! Par contre, mon père m'a dit soit lundi, soit jeudi... Ça irait de ton côté ?

- C'est parfait ! Mes parents ont proposé jeudi soir !

Un sourire illumina son visage et il hocha la tête pour valider cette date.

- Alors qu'as-tu à me raconter ?

- Tout d'abord, j'ai eu les félicitations de Lisa pour mon travail. Selon elle je devrais avoir une bonne note si je continue comme ça !

- Ah ça c'est cool, je suis fier de toi ! Me dit-il des coeurs plein les yeux.

- Ensuite j'ai été me balader dans les bois avec Malawi et j'ai vu... comment dire pour éviter que tu me prennes pour un fou... J'ai vu des empreintes mais genre énormes !

Je vis Alec se figer, l'air inquiet, à la camera.

- Ça ne va pas mon coeur ?

- Si si, continue... Répondit-il d'un air soucieux.

- En fait, j'en avais déjà vu une il y a quelques semaines et aujourd'hui il y en avait plusieurs différentes. On aurait dit des empreintes de chien mais en beaucoup plus gros ! Genre l'animal doit dépasser la taille d'un ours !

Alec se figea de nouveau, les yeux écarquillés, remplis d'inquiétude.

- Je vais y retourner cette semaine pour mieux observer...

- NON ! Me coupa-t-il.

Je le regardai, surpris de cette intervention et il reprit, plus calmement :

- Ce n'est peut-être pas sûr d'y retourner, c'est dangereux ! Je n'ai pas envie qu'il t'arrive quelque chose. En plus, on a aucune idée de ce que ça peut être !

- Je ferai attention, promis...

- Je t'en prie mon ange, n'y vas pas ! Fais ça pour moi s'il te plaît... Murmura-t-il, le ton implorant.

- Ok... Je n'irai pas ! Je me contenterai de fouiner sur le net.

Je le vis souffler, l'air soulagé et décidai de changer de sujet. On resta ainsi à discuter et rigoler, l'ambiance redevenue légère, presque pendant deux heures jusqu'à ce qu'on commence à s'endormir tous les deux. Un « je t'aime », un « bonne nuit » et Morphée nous accueillit.

Ce soir Alec vient dîner à la maison. Nous sommes jeudi et nous n'avons pas reparlé des empreintes de pattes, je ne suis pas retourné dans les bois et je n'ai rien trouvé sur internet... Ça me frustre, ma curiosité n'a pas été rassasiée !
J'entends sonner à la porte et ma mère m'appelle pour que j'aille ouvrir. Alec se tient droit comme un i sur le seuil de la porte, le pauvre est super stressé ! Il me voit alors, souffle de soulagement et se détend légèrement.

- Coucou mon coeur, lui dis-je après l'avoir embrassé chastement.

- Coucou toi... J'ai apporté des fleurs pour ta mère et du vin pour ton père...

- Merci tu es adorable !

Après l'avoir débarrassé de la bouteille de vin, je pris sa main dans la mienne et enlaça nos doigts pour l'entrainer vers la table à dîner.

- P'pa ! M'man ! Je vous présente Alec, mon petit-ami.

- Bonjour Alec, répondirent-ils en coeur.

- Bon-bonjour Mon-Monsieur, Ma-Madame, balbutia-t-il le rouge aux joues.

- Oh, mais ne t'inquiètes pas comme ça, on ne va pas te manger ! S'exclama ma mère, lui posant les mains sur ses épaules et lui embrassant la joue. On avait tellement hâte de rencontrer l'amoureux de notre petit chat, tu peux te sentir à l'aise avec nous, tu es ici comme chez toi !

- Maman, les surnoms ! Je ne suis plus un bébé !

Je vis alors Alec se détendre, un magnifique sourire apparaissant sur son visage.

- Merci, merci beaucoup !

Mon père claqua des mains et nous proposa de nous asseoir afin de commencer à dîner.

- Hum, Alec ? Avant de dîner, veux-tu un apéritif ? Whisky ? Rhum ? Ou bien une bière si tu préfères ?

- PAPA NE COMMENCE PAS !

Celui-ci rigola comme un andouille, fier de lui.

- Fais pas gaffe mon coeur, mon père a raté sa vocation de comique. Remarque quand on voit son humour ça ne m'étonne pas... lui chuchotai-je à l'oreille.

- Désolé Monsieur, je suis plus dans le genre vodka, si vous avez ?

Grand silence, Alec se mit à pouffer en voyant nos têtes et il éclata de rire, suivi de nous trois.

- Mon pauvre chat, ton amoureux a l'air d'avoir le même humour que ton père, je te plains... se lamenta ma mère.

- Evenn, j'aime bien ton copain, il a un très bon humour !

- Pitié pas ça...

Alec me regarda, fier de lui. Au moins, il s'est bien détendu en dix minutes !
Le repas se passa dans les rires et la bonne humeur, mes parents questionnant Alec sur sa vie, ses passions et ses projets pour après le lycée. Mon père annonça qu'il allait chercher le dessert et je vis Alec se rapprocher des cadres accrochés au mur.

- T'étais trop chou quand tu étais petit ! J'adore les photos comme ça !

- J'ai plein d'albums souvenirs Alec si tu veux ! Intervint ma mère, qui nous écoutait depuis la salle à manger. Je suis sûr qu'elle attendait cette occasion pour sauter dessus !

- Mais mamaaaan ! T'avais promiiiiis !

- J'ai promis de ne pas prendre l'initiative de le faire, pas de ne pas les montrer ! Et là, c'est Alec qui m'y a presque invité ! S'exclama-t-elle avec un clin d'oeil moqueur.

- Coooool !

- Tout le monde est contre moi ! M'insurgeai-je les bras croisés sur mon torse.

- Au fait Alec, appelle-nous Diane et Éric, ajouta ma mère.

- D'accord Ma-Diane !

Mon père apporta le dessert au salon et ma mère installa les vieux albums sur la table basse. Entre le bain tout nu, moi en couche dans le jardin portant juste un bob Ricard, mon déguisement d'Astérix et toutes les photos plus ou moins gênantes, je n'ai jamais autant vu Alec rire et sourire. Et ça, ça vaut tout l'or du monde ! Il est tellement beau quand il est comme ça, encore plus que d'habitude...
La soirée s'acheva ainsi, sur cette note agréable. Mais il fallut que mon père ponctue celle-ci avec son humour douteux ! Il fallait bien qu'il craque à un moment ou un autre ! Et là, je crois qu'il a atteint l'apothéose, me plongeant dans les abysses absolues de la honte et transformant le visage d'Alec en piment de par la couleur et la chaleur aux joues qu'il devait ressentir !

- Alec, si ça te tente, j'essaierai de prendre une nouvelle photo d'Evenn dans son bain ! Que tu vois l'évolution !

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