Chapitre 11

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PDV Evenn

Direction l'aire de pansage. Après une grosse séance avec Malawi en compagnie de Lou et Kalypso, nous sortîmes de la carrière pour donner les soins post-travail à nos loulous.
Le sourire aux lèvres, heureux de son travail, je commence à m'occuper de lui en chantonnant. Louise, à deux mètres de moi, s'affaire elle aussi à ses tâches. Elle a l'air satisfaite mais son silence qui dure depuis trop longtemps pour sa personne, m'inquiète un peu.

- Ça ne va pas Lou ? Tu es bien silencieuse depuis tout à l'heure. Quelque chose ne va pas avec Kalypso et ta reprise en musique ?

- Hein ? Tu disais Evenn ? J'étais dans mes pensées, je ne t'ai pas écouté désolée, me répondit-elle, une expression soucieuse sur le visage.

- Il y a quelque chose qui te tracasse ? Tu sembles bizarre depuis ce midi...

- Non non, ce n'est rien, t'inquiète... Marmonna-t-elle en continuant de retirer l'harnachement de sa jument.

Je pris quelques instants pour réfléchir, choisis mes mots pour lui proposer mon aide une dernière fois, et si elle ne le souhaite pas, je la laisserai faire le premier pas quand elle se sentira prête.

- Lou... On commence à bien se connaître tous les deux, tu sais que tu peux me parler, je ne te jugerai pas.

Elle me regarda droit dans les yeux, hésitante et souffla enfin :

- Je me pose des questions c'est tout... Sur Alec et son groupe. Attention rien de méchant hein ! Je suis heureuse pour vous deux, j'ai juste une sorte de doute, de pressentiment.

- Comme ?

- Tu ne les trouves pas étranges parfois ? Mystérieux ? Finit-elle par avouer.

Un air surpris prit place sur mon visage, j'inclinai alors la tête, toujours silencieux, la laissant ainsi continuer.

- Ils parlent souvent entre eux, changent de sujet quand on arrive ou se disent parfois des choses à voix basse pour qu'eux seuls entendent...

- Bah ils se connaissent depuis toujours, ils ont leurs habitudes et leurs manies. C'est normal, non ? Lui demandai-je, essayant de comprendre le fond de sa pensée.

- Ça oui je suis d'accord avec toi, ça ne pose aucun problème, c'est même logique ! Je disais ça plus dans le genre où ils partagent un secret, quelque chose d'important, comme inavouable... Après je me fais peut-être des idées mais j'ai vraiment cette sensation qu'il y a quelque chose qui cloche...

Louise n'a pas tort, c'est vrai que j'avais remarqué comme une atmosphère les enveloppant, comme un secret les liant, mais pour moi ça paraissait normal vu qu'ils se connaissent depuis toujours, je ne m'étais pas posé d'avantage de questions. Et si je devais en être informé, Alec m'en parlerait de lui-même ! Enfin je l'espère...
Après ces quelques secondes de réflexion, je me retournai vers ma camarade cavalière :

- Ce que tu dis est vrai, j'avais remarqué cette atmosphère entre eux... Ça ne doit pas être bien grave non ? Ils finiront sûrement par nous en parler quand nous nous connaitrons plus, quand nous aurons installé une vraie relation de confiance.

- Ouais t'as raison, ne nous prenons pas la tête, on verra bien !

Je lui répondis avec un sourire sincère. J'aime vraiment beaucoup Lou, elle est un peu comme ma meilleure amie.
Elle me tira de mes pensées et reprit sur un sujet totalement différent, montrant ainsi qu'elle passait à autre chose :

- Ta reprise avec Malawi : vraiment top ! L'enchainement est fluide, les différentes figures se marient bien, tu vas avoir une bonne note je pense ! Tu as choisi quoi comme musique pour t'accompagner ?

- J'ai longuement hésité et pour cette première reprise, je voulais une musique calme et chargée d'émotions afin de montrer la sensibilité et la beauté de l'animal. Je changerai de style sur la prochaine, j'ai envie de montrer toutes les facettes que nos chevaux ont à nous offrir. Donc pour cette fois, j'ai choisi U-turn (Lili) de AaRON, j'aime beaucoup cette chanson.

- C'est un super choix, je sens que ça va donner un très beau résultat ! S'exclama-t-elle en tapant dans ses mains.

- Et toi, ton choix ?

- Je voulais une musique entrainante, comme Kalypso est plus dans le sang. J'aime bien The Weeknd mais j'hésite encore, il faut que je peaufine quelques éléments.

- Si tu as besoin d'aide, je serai ravi de t'aider ! On pourrait se coacher et se chronométrer l'un l'autre.

- Merci Evenn, c'est sympa de ta part ! Finit-elle dans un sourire.

Nos chevaux rentrés au box, Louise et moi sortîmes des écuries afin de rejoindre les grilles du lycée où nous attendaient nos parents en train de discuter. La mère de Louise a l'air aussi bavarde que sa fille ! Les chiens ne font pas des chats après tout !

Après une bonne et longue douche bien chaude afin de détendre mes muscles suite à la séance plus qu'intense avec Malawi, je me posai sur mon lit pour commencer à lire mes cours du lendemain.
Trois coups se firent entendre à ma porte de chambre :

- Oui Papa tu peux entrer !

Le visage de ma mère apparut à l'embrasure de la porte et je repris, surpris :

- Oh salut Maman, ça va ? Je ne pensais pas que tu étais déjà rentrée, lui dis-je avec un grand sourire, ravi de la voir.

- Bonjour mon chat, oui j'avais envie de passer plus de temps avec vous donc je suis partie plus tôt du travail... Me répondit-elle avec une expression qui laissait paraître son ennui d'être souvent absente dernièrement.

- T'inquiète Maman, je comprends, c'est normal. Tu es débordée actuellement mais ça va s'arranger, je ne t'en veux pas du tout !

- Tu es vraiment un enfant adorable Evenn. Tu viens manger ? Le dîner est prêt !

- J'arrive !

Je pris mon téléphone en vitesse pour envoyer un sms à Alec : « je vais manger, à tout à l'heure mon coeur ! » Envoyé ! Euh... j'ai écrit mon coeur, comme ça, tout naturellement... J'espère qu'il ne va pas flipper...
En descendant les escaliers, une délicieuse odeur flotta jusqu'à mes narines.

- Ça sent super bon, on mange quoi ?

- Cannelloni saumon, épinards et ricotta ! Répondit mon père.

Je crois que j'ai un filet de bave qui coule... Ah non ouf ! C'était juste mon imagination !
On s'installa alors à table et le repas commença. Mon père me regarda et brisa le silence. J'ai comme l'idée qu'il a quelque chose derrière la tête !

- J'ai discuté avec la mère de ta copine, Louise, en t'attendant. Très bavarde, mais très sympathique. Il faudrait les inviter à dîner prochainement !

- Ouais ça pourrait être cool ! Et comme ça tu verrais que Lou est une vraie pipelette comme sa mère ! Rigolai-je.

- Au fait Evenn ?

- Oui P'pa ?

- Avec ta mère, on se demandait... Depuis quelques temps, tu es souvent dans la lune, l'air rêveur... Louise ne serait pas ta petite amie ? Me demanda-t-il avec son éternel sourire en coin et en bougeant les sourcils.
Heureusement que je n'avais plus rien dans la bouche sinon je ne sais pas où ça aurait atterri !

- PAPA !

- Chéri !

Ma mère et moi nous exclamâmes à l'unisson. Moi de gêne et ma mère voulant dire à mon père de ne pas me taquiner là-dessus, enfin je pense.

- Chéri, voyons, ne l'embête pas avec ça le pauvre, on avait dit qu'on le laisserait nous en parler de lui-même !

- Un père a le droit d'être informé sur les relations amoureuses de son fils quand même !

- Non, toi chéri, c'est juste de la curiosité ! Tu es une vraie commère !

- Gniagniagnia !

Ah je vous jure, mes parents, deux grands gamins parfois... Mais bon, c'est assez drôle quand ils sont comme ça !

- Hum ! Non, Papa, ce n'est pas ma copine ! C'est plus comme une meilleure amie, lui dis-je un léger rouge aux joues pensant à la personne qui fait réellement battre mon coeur.

- Oh désolé fiston je ne voulais pas te mettre mal à l'aise, mais tu me connais, moi et ma foutue curiosité ! En tout cas, tu peux nous en parler si tu veux, ta mère et moi seront toujours à ton écoute, tu sais à quel point on t'aime !

- Merci P'pa ! Soufflai-je les yeux légèrement embués par l'émotion.

Ma mère posa alors une main sur ma cuisse et me regarda avec tout l'amour qu'elle me porte. Allez Evenn, dis leur, c'est le bon moment, ça va bien se passer ! De toute façon t'es déjà grillé, ils ont bien remarqué ton changement d'attitude !
Je déglutis, pris mon verre d'eau que je vidai d'un trait, et les regardai à tour de rôle et me lançai enfin :

- En fait... Vous avez bien raison... Je suis amoureux...

Ils me regardent attendris et l'air heureux de ma confidence.

- C'est un garçon, il s'appelle Alec...

Plus Jamais Sans ToiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant