Les présentations.

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Aimy est vulnérable, déstabilisée et redoute que ce genre d'altercation n'ait à se représenter. Elle n'a pas d'armes pour cette méchanceté et a besoin du réconfort de Jade pour en parler. Elle n'a jamais fait face à une telle situation et Jade a bien des difficultés à la conseiller. Dans leurs souvenirs, elles ne s'y sont jamais confrontées.

A cette époque, elles avaient la parole, l'insouciance, la répartie dans leur école, mais aujourd'hui Aimy se sent démunie. Elle supplie Jade de l'aider, de la guider à travers son silence. Jade lui manque et elle aimerait tant la toucher. Elle voudrait tant de sa présence à ses côtés. Rire de toutes ces absurdités et pouvoir sceller leur amour par un baiser.

Aimy explique, s'implique par des gestes, replace sa mèche qui rebique et abdique. Jade réplique qu'il faut aller de l'avant, se libérer et qu'elle réapprenne à parler. Qu'elle était plus jolie quand son rire et son sourire se fendaient sur son visage. Qu'elle aimait toutes ses coquineries qu'elle lui soufflait au détour d'un virage. Que son esprit taquin lui donnait toujours un air enfantin qui la faisait craquer au détour des chemins. Jade lui évoque toutes ses qualités de la femme qu'elle a tant aimée. Elle la somme de les montrer pour que d'autres puissent les apprécier. Elle l'invite à renoncer au silence, à ce manque d'expressions, d'émotions qui ne ressemblent en rien à son Aimy, à sa personnalité qui a bercé toutes leurs années de lycée. Jade la secoue, la pousse malgré les avis tranchés d'Aimy. Aimy ne doit pas s'engluer, s'aventurer dans ce monde inconfortable, dangereux, trop désireux d'en faire une proie notable. Aimy doit s'extirper de ce monde qui n'a rien de comparable à leurs souvenirs. Jade la dissuade de changer de direction en l'intimant de la laisser, de rencontrer quelqu'un et de réaliser tout ce qu'elles n'ont pas eu le temps de concrétiser.

Aimy est perturbée et rentre à la maison pour étudier. Elle va devoir y penser mais ne se sent pas encore prête ce soir. Elle opte pour ses révisions, approfondir, dormir avant de pouvoir prendre une décision.

                                                                                 ***

Le soleil s'est manifesté au-dessus des bâtiments de l'université et ça réjouit Aimy qui va pouvoir dessiner à son repas de midi. Aimy traverse les couloirs, se fait harceler par des abrutis, croise des regards surpris, se fait bousculer sans crier gare et sans une excuse par l'étudiant trop pressé. Elle avance jusqu'à la sortie et s'auto satisfaite d'y être parvenue sans trop de complications. Elle se délecte de l'air frais, du ciel dégagé et ensoleillé. Elle se hâte de se positionner sous son arbre qu'elle affectionne à cette saison d'automne. Elle prend plaisir d'observer les oiseaux se parader et chanter encore comme si c'était le printemps. Elle participe à cette douceur que le temps lui offre quelques minutes dans cette heure. Sa vision se perd sur l'arbre en face dénoué de toute présence. Mine de rien, elle s'est habituée à la jeune fille maquillée et aux yeux fermés. Elle n'est pas très sûre et pense que ça la rassure quand elle est là. Ce n'est pas dans sa nature d'être protégée mais elle s'avoue qu'elle s'est sentie soulagée de l'avoir vu débarquer et rétorquer.

Elle saisit son stylo noir, dresse les contours de sa silhouette et accentue certains traits. Elle ne lève pas le nez jusqu'à ce qu'elle soit de nouveau dérangée. Trois filles se présentent à elle, aux allures de mannequin, bien coiffées, un peu trop maquillées et surtout bien osées.

-Oh la nouvelle...on ne t'a jamais appris à dire bonjour ! elle rit en se retournant vers ses amies. Ah non, c'est vrai trop muette pour être polie ! Tu sauras qu'ici c'est notre arbre, à moi et mes copines, alors tu dégages, va voir ailleurs !

Aimy ne bronche pas et commence à remballer pour éviter de se heurter à leur comportement trop hostile.

-Ouais c'est ça, remballe et casse-toi !

-Elle n'ira nulle part ! Intervient une petite voix et somme Aimy de rester.

-De quoi tu te mêles le pot de peinture !

-De ce qui me regarde ! Et les pouffes de votre espèce feraient bien d'aller vous trémousser vers les mecs sans cervelle.

-Mais dis donc, tu te prends pour qui?

-Pour celle qui a en l'occurrence plus de bon sens qu'à vous trois. Votre vie est si monotone et pathétique pour venir faire chier celles ou ceux dont l'intelligence vous dépasse?

-T'es qui toi? Son garde du corps?

-Ça se pourrait ! Et je te conseille de dégager vos trois culs de là.

-Sinon quoi?

-Sinon vous n'allez pas aimer la manière dont je vais vous les déblayer, croyez-moi.

Le regard rempli de haine de la jeune fille finit par faire fuir les trois filles dont le comportement s'autorisait à impressionner et à se faire remarquer. Aimy capte les yeux de la jeune fille qui aussitôt s'adresse à elle.

-Salut, moi c'est Julia ! T'inquiètes, je ne te demande rien. Je veux juste éviter que ces pouffes viennent squatter notre coin.

Pendant que Julia retourne au pied de son arbre, Aimy sort son petit carnet

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Pendant que Julia retourne au pied de son arbre, Aimy sort son petit carnet. Elle y inscrit dessus " Salut, moi c'est Aimy. Et je vais finir par passer mon temps à te dire merci ". Elle détache la feuille et va la remettre à Julia qui semble toujours submergée par sa musique. Aimy lui tape sur la main et lui remet le papier. Julia retire un de ses écouteurs et lit les quelques mots.

-Enchantée Aimy. Ne me remercie pas. L'attitude de ces gens est déplorable et je déteste qu'on juge sans savoir. Ta place est ici et ne laisse quiconque en douter. Ah et pour le peu que j'en ai vu, tu es très douée pour le dessin.

Aimy réussit à faire un signe de tête de haut en bas pour remercier la jeune fille puis repart s'adosser à son arbre, pochette de dessins sur ses genoux. Julia écoute sa musique tandis qu'Aimy s'adonne à sa pratique. Toutes deux semblent satisfaites de faire renaître la paix à ce petit endroit. Elles profitent encore quelques instants de leur tranquillité avant de rejoindre leur dernier cours.

Après le silenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant