Après le silence

Une journée improvisée.

Julia a mal dormi, d'un sommeil peu réparateur, par la gêne occasionnée de son plâtre et de sa lourdeur. Un peu coincée avec cet attirail blanchâtre. Ces quelques heures d'éveil lui ont permis de savourer la présence d'Aimy à ses côtés, qui dormait paisiblement. Des heures de silence et d'insouciance bercées par les bruits de la nuit. Une respiration tranquille, un bras docile sur le cœur de Julia. Elle oublie sa douleur en comparaison du bonheur qui l'envahit, en regardant Aimy. Elle remercie le chauffeur, qui sans lui, le miracle n'existerait pas. Elle se serait même cassée les deux bras si elle avait su que la peur agirait sur la voix d'Aimy.

Julia ne connaissait rien de l'amour, des sentiments et encore moins du plaisir qu'on ressent quand deux corps se désirent. Il n'y a pas un jour où Aimy lui manque, pas un jour où elle se sent apaiser par le réconfort de sa petite amie, pas un jour où elle ne voudrait être ailleurs que dans ses bras.

Quand ses yeux se posent sur elle, c'est une ribambelle d'émotions, un éclat de vie, une lueur peu conventionnelle qui l'envahit. Elle l'aime. Elle est le fruit de ses envies, elle est son soleil qui l'irradie, elle est tout ce qu'elle n'est pas mais oui elle l'aime.

6h. L'alarme résonne du téléphone d'Aimy. Un réveil matinal, mais nécessaire, pour s'occuper de Julia.

-Bonjour mon Cœur. Tu as bien dormi?

-Bonjour mon petit Ange. Oui et toi?

Comme un aimant, leurs lèvres s'attirent immédiatement. Pas de trêve pour les sentiments.

-Pas très bien. Je me suis réveillée souvent et pas facile de dormir avec ça.

-Tu as mal?

-Je ne saurais dire. Mais c'est vraiment gênant.

-Est-ce-que tu veux rester à la maison te reposer?

-Je crois que oui. Je n'ai pas trop la force ni la tête à étudier.

-Ok, pas de souci. Dans ce cas, je reste avec toi !

-Mais Aimy, non ! Je ne veux pas te faire manquer les cours.

-Mon Ange...qu'est-ce une journée dans une vie? Et nous aurons vite fait de rattraper. Les cours seront mis en ligne, alors pas de quoi t'inquiéter !

-Tu es sûre? Euh...je veux dire...tu es sûre que tu veux rester là?

-Certaine !

Julia étire un sourire de satisfaction et, d'un bras, resserre son étreinte. Cette fille est incroyable ! Dès le matin, elle respire la joie de vivre, ce qui la rend encore plus canon.

-Mon Ange...je te propose un bon petit déjeuner, puisqu'on est réveillé et que tu n'as rien mangé hier et ensuite, on repart se coucher. Qu'en dis-tu?

-J'en dis que c'est une excellente idée ! Mais méfie-toi, je pourrais m'y habituer !

Les jeunes filles s'embrassent et se fendent de sourires, qui, comme une trace indélébile, ne disparaissent pas. Elles s'entendent sans se parler, mais ne peuvent pas s'aimer sans se toucher.

Aimy s'empresse de se lever pour aider Julia encore couchée et gênée par ce fichu bras. Elle n'a pas le choix que de le mettre dans une écharpe, plié, sans qu'elle ne puisse se permettre de s'en servir. Elle rage parfois, étant droitière, tout est compliqué et c'est la misère pour participer. Mais Aimy, elle, ne voit que l'avantage de cette douce proximité, de savourer sans relâche, ce corps qu'elle ne pense qu'à serrer, qu'à caresser.

-Est-ce-que tu veux des tartines de pain grillé, mon Ange?

-Oui, je veux bien. Tu as du beurre salé mon Cœur?