Siegfried vs Freya

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La statue d'Odin trônait majestueuse devant le palais, comme si le dieu protégeait le domaine de part cette seule représentation en pierres. De là où il se trouvait, Siegfried la contemplait, toujours aussi admiratif, toujours avec le même respect qu'au premier jour où il l'avait vue, à l'époque, âgé de dix ans à peine, lorsque son père et son grand frère Sigmund intégrèrent les forces de défenses du pays d'Asgard. Il se rappelait également de l'enfant déjà aux grands yeux gris clair et à la chevelure déjà aussi longue qui l'accueillit alors, en ce même endroit. Cette petite fille, héritière du royaume, tout juste en apprentissage pour devenir prêtresse lui souriait et le saluait d'une voix cristalline. Juste derrière, une autre fillette blonde aux boucles qui partaient un peu partout au regard d'émeraude et marchant à peine qui se tenait à la robe de sa grande sœur. À tout jamais était gravée dans sa mémoire cette première rencontre avec Hilda et Freya de Polaris à qui il avait juré fidélité tout au long de sa vie et par delà la mort.

Ce matin, Siegfried était seul sur l'esplanade du palais à regarder au loin, Odin veillant sur le royaume à ses côtés. Son regard se perdait vers l'ouest, là où sa reine était partie pour une mission diplomatique dans les pays chauds, en Grèce, au Sanctuaire d'Athéna plus précisément. Elle reviendrait dans ces terres enneigées dans la journée ou le lendemain. Le plus tôt serait le mieux. Hilda lui manquait terriblement et malgré sa fierté de guerrier, avec la distance, il avait du mal à cacher ce qu'il ressentait pour elle. Surtout depuis sa déclaration quelques jours avant cette séparation d'ordre politique. Malgré tout elle lui reviendrait et lui raconterait son voyage en détail, avec tout l'enthousiasme qu'elle avait à chaque fois qu'elle découvrait une région du monde si différente de leur éternel Asgard. Et lui, il l'écouterait, rapprochant peu à peu ses mains des siennes, et dès que le silence s'installerait, ils échangeraient un doux et pur baiser d'amour.

Rien que l'idée de penser à ce retour, le Guerrier Divin brulait d'impatience. Et d'inquiétude. C'était ce Megrez qui l'accompagnait à chaque expédition. Malgré sa tentative de coup d'état, il était le plus instruit et ouvert à l'extérieur et un bon conseiller pour les affaires politiques. La reine d'Asgard connaissait Alberich et l'avait avisé de ne pas esquisser la moindre trahison. Il avait confiance en elle, mais pas en lui.

Et sous ses yeux, seuls les flocons volaient dans ce paysage féérique, sans la moindre silhouette apparaissant au loin. Et il avait faim.

Siegfried décida alors de rentrer un peu pour prendre son repas et vit que Freya l'attendait dans l'entrebâillement de la porte vitrée de la salle du trône.

« Toujours pas de nouvelles? Demanda-t-il.

-Un messager de la frontière vient de nous indiquer qu'ils rentreront ce soir, répondit la jeune fille.

-Merci.

-Ne t'inquiète pas, Siegfried, je suis sure que ma sœur va bien. Je le sens.

-Je n'ai aucun doute sur ça.

-Tu as l'air soucieux quand même...

-Pas plus que ça.

-Elle te manque, n'est-ce pas? Fit Freya, un sourire mutin sur son visage de perle.

-Ne dis pas de bêtise...

-J'ai vu juste, continua-t-elle. Je sais que tu es amoureux de ma sœur et que ça dure depuis toujours!!

-Ce ne sont pas tes affaires, Freya.

-Mais que si! Et puis si tu te le demandes, je suis d'accord pour que ma sœur et toi soyez ensemble. C'est une puissante reine et toi son plus puissant Guerrier Divin. En plus vous êtes beaux tous les deux, appréciés du peuple et je sais qu'elle songe à se marier, maintenant que Asgard a trouvé son équilibre dans le monde. Comme ça elle pourra gouverner, son époux à ses côtés qui pourra la seconder le jour où elle mettra un ou deux ou même plusieurs héritiers au monde. Et je t'avouerais qu'il me tarde aussi d'être tata!! Ce serait bien si vous aviez une fille en premier. Je pourrai lui brosser les cheveux comme quand on le faisait avant, Hilda et moi!! Aaah il me tarde tant! J'espère que vous n'attendrez pas trop quand même...

-Tu rêves un peu trop tout haut, Freya...

-Quoi? Tu n'aimes pas ma sœur?

-Mais si, je...

-AH je t'ai eu! Tu sais, même si on manque de moyens par rapport aux pays voisins, il faut vivre avec son temps, et tu dois pas avoir peur de dire que tu es amoureux, encore moins que c'est de la reine et personne t'en voudra. Et faut pas avoir honte non plus d'avoir des sentiments, et des envies plus poussées. Parce que, ose me dire que Hilda n'a pas un corps de rêve et que tu rêves secrètement de poser tes mains sur sa peau et ses formes parfaites, hein? Et de t'unir à elle pour fonder ta famille et avoir des enfants et vivre un bonheur éternel à tout jamais, hein?

Pour la première fois en plus d'un quart de siècle d'existence, Siegfried se sentit embarrassé, honteux et en train de rougir au point d'atteindre les nuances de l'armure de son camarade Mime. La petite sœur était espiègle, futée, intelligente et comment se faisait-il qu'elle comprenait si bien les choses les plus intimes de la vie à son âge? Alors qu'il savait de source sure que Hagen se préparait mentalement depuis leur résurrection d'il y a deux ans, afin de l'inviter en rendez-vous romantique et qu'il se ravisait au dernier moment à chaque fois...Il était vrai aussi que Freya n'avait pas autant de poids sur les épaules que Hilda et que malgré tout elles se soutenaient plus que jamais. Elle était encore jeune pour endosser un rôle au sein du royaume, et la jeune fille blonde souhaitait pousser ses études au maximum pour seconder sa sœur et assurer aussi le bien être d'Asgard. Elle avait tout pour elle et n'avait rien à envier à son ainée. Quand il voulait, Merak, pour remarquer la chance d'avoir la cadette comme coup de foudre...

-Siegfried? Ça va?

Le jeune homme sursauta, perdu dans ses pensées et revenu à la réalité par deux grands yeux verts qui le toisaient.

-Oui... pardon...

-Il n'y a rien à pardonner. Je comprends que ma sœur occupe tes pensées et j'en suis heureuse, sincèrement. Elle ne peut mériter mieux comme amoureux.

-... merci...

-Et je n'ai pas besoin de te le demander, je sais que tu ne lui apporteras que du bonheur. J'attendrai avec impatience votre mariage et le jour où je deviendrai tante.

Ces paroles réconfortèrent le guerrier, plus déterminé que jamais à combler de joie l'élue de son cœur dès le soir même. Il ferait tout pour que ce nouveau rêve de vie se réalise.

-Pour le moment, dame Freya, allons prendre le repas de midi et attendons le retour de la reine en Asgard.

-Pourquoi tant de solennité d'un coup, Guerrier de Duhbe? Demanda la jeune fille toujours un brin de malice sur les lèvres.

-Parce que pour le moment je ne suis qu'un simple serviteur d'Asgard aux ordres des souveraines. Pas encore l'époux de l'une d'entre elles. »

Siegfried offrit humblement son bras à Freya pour l'escorter et quitter la salle du trône, espérant un jour prochain tenir celui de Hilda elle même vêtue d'une longue robe de mariage en ce même lieu.



L'épreuve de la bénédictionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant