ESTRELLA - BRAHMAN PARADISE

flashback

Mexique, Tepic
Alyah, 12 ans

Je remercierais toute ma vie Yael de m'avoir fait découvrir Eminem.
Si je devais choisir un chanteur à écouter en boucle toute ma vie, ce serait lui sans aucune hésitation.
C'est avec lui à fond dans les oreilles que je longe les ruelles de la ville pour rentrer chez moi, après cette longue journée de cours.  Je suis épuisée, au point de ne pas me rendre à la danse. Et il en faut, pour que je rate un cours. Mais je sors d'une semaine chargée, et je ne tiens plus debout.

J'ai besoin de dormir.

Alors je marche sous le soleil encore tapant dans le ciel, musique à fond dans les écouteurs. Kai me disait souvent de ne pas le faire, pour garder une ouïe attentive, mais je l'ai toujours pris pour un grand frère excessif et parano de la sécurité.
Jusqu'à cet instant, ou je me prends un énorme coup derrière la tête.

Je retombe à genoux sur le gravier, et mes écouteurs aussi au passage. C'est là que j'entends des rires derrière moi, des rires d'hommes, et mon ventre se tord de stresse.

Merde.

La voix de Farid raisonne dans mon cerveau comme un automatisme, sois toujours prête à te défendre, n'hésite pas à menacer.

Alors je mets ma peur de côté, et me relève rapidement tout en attrapant le couteau dans ma chaussette.
Les hommes devant moi me font froid dans le dos. Je ne les connais pas, mais je sais qu'ils ne sont pas la par hasard. Encore plus quand l'un d'entre eux me nomme.

-Mini Perez. Tu crois que ton couteau nous fait peur ? dit-il en rigolant vers son camarade.

Je ne réponds rien, tétanisée par la peur, mais j'espère qu'ils prendront ça comme de l'arrogance. En tout cas, ça les fait sourire.

L'un d'eux fait un pas en avant, et je serre mon couteau de toutes mes forces.
Même si je me sens insulté en le faisant, je recule tout de même.

-Comment vont tes frères ? me demande le deuxième, en me tournant autours.

-Vous venez pour les atteindre c'est ça ?

Je ne sais même pas comment j'arrive à formuler une phrase.

-Peut-être, ou peut-être parce que ça nous amuse.

Je sais maintenant que ce sont deux chiens des Corsicas. S'ils parlent de mes frères, c'est que ce sont leurs histoires.
Comme toujours.

Malgré les entrainements, je ne me sens pas vraiment apte à affronter deux hommes de plus d'un mètre soixante-dix, si je tente de me défendre, c'est car je n'ai pas le choix.
En un rien de temps, voila que mon couteau a disparu.
Le premier me l'a arraché des mains si violement, que je ne l'ai même pas vu arriver. Sans que je comprenne, le choc sur ma joue me fait m'écrouler au sol. Ma joue me lance, et il a frappé si fort que ma tête se met à tourner.
Ma vision se trouble, entre larmes et tournis.

Au secours.

Je passe ma main sur ma lèvre, et le sang que je vois sur mes doigts me crie que je suis dans la merde.
Le rouge me nargue, me rappelant ce qui arrive quand il est là.

Impossible de me relever tant j'ai peur. Mais je n'en ai pas besoin, l'un s'en occupe et me soulève par le col pour m'envoyer valser contre le mur.
Ma tête le heurte violement, et je rêve d'une seule chose, m'évanouir.

J'ose relever la tête, et leur regard me transperce.
Vont-ils me tuer ? Ils ont l'air si à l'aise à l'idée de tabasser une adolescente de douze ans.
Ce sont des psychopathes, c'est la seule option possible qui me passent par la tête quand je les vois sourire.