chapitre 25

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Alyah

Alyah

Du Eminen a fond dans les oreilles, je cours sans m'arrêter. La pluie commence à tomber, mais c'est comme si rien ne pouvait me déconcentrer.

Je comprends enfin l'amour que porte Yaël a ses séances de footing. Courir est la meilleure échappatoire à la vie. Mes muscles souffrent, j'ai du mal à respirer comme il faut, mais je n'arrête pas pour autant. Je me défoule, voilà ce que je fais. Je cours comme si ma vie en dépendait, tout en rêvant de ne jamais m'arrêter, de courir, courir loin, et ne pas revenir.

Je suis en vie, à Los Angeles, à Stanford. Je n'ai pas le droit de me plaindre je le sais, j'essaie de me le répéter chaque matin en prenant mon bain chaud tel une riche. Mais c'est dur, trop dur. Je me sens tellement seule. Taric et Line sont incroyables, ce sont des amis en or, mais ils ne savent rien de moi. Ceux qui me connaissent réellement ne sont pas là, et ça me bouffe de plus en plus. Parfois, j'ai honte d'avoir envie de rentrer au Mexique, alors que mes frères se sont saignés pour que je sois ici.

S'ils ont fait tout ça, c'est pour moi.

La rage au ventre, me sentant honteuse et ingrate, je cours encore plus vite, cette fois la pluie se déchaine sur moi, comme pour me rappeler que ça ne sert à rien de courir, ça ne m'emmènera pas loin de mes pensées. Aujourd'hui, ma gorge et mes poumons en feu me punissent pour mon ingratitude.

Au bout de dix minutes sous la pluie je m'arrête sous un abri bu, et m'assoit à même le sol. Il est vingt-deux heures, personne ne traine dans ce coin, ni passants, ni voiture. C'est étrange pour cette ville toujours éveillée, mais je ne me plain pas. Je n'avais envie de voir personne.

Assise au sol, j'en profite pour souffler, et reprendre mes esprits.

En ce moment, toute mon estime de moi est à plat. Physiquement, rien ne va. Je n'arrive plus à me regarder dans le miroir, je n'arrive plus à manger sans provoquer des crises.

Mais ce n'est pas ça le pire, le pire du pire, c'est que je n'arrive pas à m'enlever de la tête ce connard qui m'a jeté comme une pauvre merde.

Il y'a dix jours de ça, Jones a décidé de me virer du projet, et ça m'a fait mal. En soit, rien ne m'obligeait à l'écouter, ce n'est qu'un jeu stupide avec des règles encore plus stupides, mais rien que de savoir qu'il ne veut pas de moi à ce point me pousse à ne pas insister. Je ne vais pas lui courir après, je ne vais pas forcer avec quelqu'un qui ne veut pas de moi. Je me respecte un minimum.

Mais je commence à me poser de réelles questions, voilà tout. Qu'est ce qui ne va pas chez moi ? Qu'est-ce que je fais de mal ? Pourquoi on me fuit de la sorte ? J'ai tout essayé pour être sympa et qu'il apprécie travailler avec moi, pour qu'il m'apprécie moi, mais en vain. Et oui je viens à me demander si en réalité, ce n'est pas moi le souci depuis le début ? Je sais que je suis assez chiante, que je peux me montrer spéciale, voire carrément bizarre. Mais j'ai tenté de lui montrer qui j'étais pour de vraie, pour qu'il ne se sente pas attaqué et qu'il fasse de même.

Montrer qui je suis réellement pour qu'il puisse faire de même, sans peur.

J'ai été bête de penser qu'on pourrait bien s'entendre. Il me déteste depuis le jour où je suis arrivée première au test d'entrée.

J'inspire un bon coup et monte le son. La voix ferme de Eminem me rappelle qui je suis, et que je ne dois pas douter de moi comme je le fais.

Je sais mec... c'est la honte de se sentir aussi minable. Parfois, j'aimerais pouvoir me dédoubler comme naruto et me frapper moi-même.

ESTRELLA - BRAHMAN PARADISEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant