chapitre 23

1.8K 102 56
                                    

Alyah

Mon réveil sonne pour la troisième fois, et je décide enfin de me lever. Je me suis endormie il y'a seulement deux heures, et je dois déjà aller en cours. Je ne veux même pas me regarder dans le miroir, de peur de faire une crise cardiaque. Cette nuit, impossible de fermer l'œil, mes pensées étaient assombries par mes anciens démons. J'ai préféré ne pas dormir pour éviter les cauchemars que je sais robustes dans ces moments-là.

Marylou m'a enfin envoyé les photos du gala, j'attendais ça depuis trois jours, je suis obligée d'ouvrir ça maintenant. Nous sommes tous beaux, tous dans l'action.

Il y'a trois jours, j'ai passé une des meilleures soirées de ma vie. Je n'avais jamais autant aimé danser que sur une scène. Je me suis sentie belle, puissante, admirée. J'avais l'impression d'être à ma place pour la première fois. Le public a rendu les choses encore plus belles en nous donnant autant de force et de courage, ils ont aimé notre spectacle et ça nous a encore plus motivé. Je n'ai jamais autant apprécié danser.

Ce soir-là, j'étais comme enfin intégrée à l'Amérique, comme si j'avais réussi à gagner une place.

J'ai passé le reste de ma soirée avec Line et Dara, Taric nous ayant abandonné pour aller retrouver son mystérieux amoureux. Ça m'a fait plaisir de voir Dara la, même si elle aurait pu s'abstenir d'appeler mes frères. Yael a failli nous faire une syncope. Mais elle est enfin sortie de son trou à rat et s'est amusée avec nous. Elle m'a aussi fait part de la tentative de drague de la part de Raph. Heureusement que je n'ai pas eu de deuxième rendez-vous avec lui car c'est la preuve qu'il n'a vraiment rien de sérieux.

Je me retourne dans mon lit et me rend compte que je suis en retard. Super. N'ayant pas très faim, ou plutôt me forçant à ne pas avoir faim pour ne pas craquer sur la nourriture, je m'occupe seulement de me rendre présentable, et ça fera l'affaire. Mes amis n'ont pas cours ce matin, alors je vais devoir me coltiner les joies des transports en commun. Il n'y a rien de pire, en Amérique, que de prendre les transports en commun.

Installée dans le bus direction l'université, je repense à mon coéquipier qui ne m'a toujours pas donné de nouvelle. Lewy devait me dire ou on irait cette semaine, mais nous sommes déjà vendredi, et rien.

Il m'avait promis de ne pas me rendre la vie dure, et de fournir un effort. J'y ai cru, mais je savais au fond de moi que ce ne serait pas si facile.

Aujourd'hui, je ne sais vraiment plus quoi penser de lui. Mon terrible défaut est d'analyser, et plus je le fréquente, plus j'ai du mal. Je n'arrive pas à savoir si je le supporte ou non. S'il est gentil ou si c'est un gros connard. Il est une complication à lui tout seul, et plus j'essaie de résoudre ce casse tete, plus je fatigue.

C'est dur, de faire équipe avec quelqu'un qui a tant de tourment.

Je n'imagine pas le bordel qui doit y avoir dans sa tête. Si moi je le trouve compliqué, comment lui fait-il pour vivre avec lui-même ? Que les gens ne nous cernent pas c'est une chose, mais il n'y a rien de pire que de ne pas se cerner nous-mêmes.

Comme je lui ai dit, on s'en fout d'autrui, mais je n'ai pas réfléchi. Certains se cherchent dans leurs yeux, certains en ont besoin pour se trouver.

Encore une fois ma bouche s'est ouverte toute seule. Problème de Perez.

Lewy Jones a peut-être besoin du regard du monde pour ne pas se sentir mourir.

J'arrive à la fac, et je me demande si simuler un malaise serait une bonne idée ? Je n'ai aucune envie d'aller en cours, et pourtant mes pieds y vont tout seul. J'adore l'école, c'est super intéressant et je suis très reconnaissante d'être ici, mais il est vrai que je suis crevée. Entre la danse, les cours, le projet, et ma petite vie sociale, c'est assez compliqué.

ESTRELLA - BRAHMAN PARADISEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant