chapitre 47

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Lewy

-Tu es très beau mi carinon.

-Merci Maria. Mais je déteste les nœuds de papillon.

-C'est le réveillon de Noel, fais un effort. Au moins pour tes grands parents.

Je soupire mais la laisse attacher le nœud autours de mon cou. Elle tapote sur ma chemise, blanche cette fois, pour la défroisser comme il faut.

-Que fais ta copine ce soir ? me demande-t-elle.

-Rien, elle n'a pas de famille ici.

-Alors c'est ta copine ? Je n'ai même pas besoin de préciser de qui je parle, dit-elle avec un sourire victorieux.

-Non, ce n'est pas ma copine, dis-je pour me reprendre. Mais je sais juste que tu parlais d'elle, c'est tout.

-Tu aurais pu l'inviter. C'est nul de passer les fêtes seule.

-Ça l'est moins que de les passer avec un con comme mon père. Qu'elle a aussi traité de connard au passage.

Je me parfume alors que Maria part dans le salon, en me disant qu'elle revient. Sur mon bureau, mon téléphone vibre. C'est un message de Perez.

Joyeux réveillon. Courage.

Merci Perez. Toi aussi.

Du courage, ça oui j'en aurais besoin.

Il n'y a rien de pire que noël. Mon père n'y va pas mollo sur l'alcool, moi non plus, et tout le monde sait les ravages de l'alcool. La santé de ma grand-mère se détruit de plus en plus ce qui attriste maman, et l'ambiance est toujours pourri alors qu'ils essaient de faire semblant devant les autres que notre famille s'aime comme des gens normaux.

Le seul point positif ? Mes grands-parents sont là, et eux, ce sont mes personnes préférées sur cette terre avec Maria. Je ne les ai pas vu depuis longtemps, car ils vivent sur la cote, soi-disant pour profiter de leurs derniers instants de vie. C'est beau et triste à la fois. J'allais souvent les voir, mais avec l'entrée à l'Université, honte à moi de ne pas y être allé par « manque de temps ».

Alors que s'il y'a bien quelque chose pour laquelle on devrait se laisser le temps, c'est d'aller voir nos grands-parents.

Deux minutes plus tard, Maria refait son apparition dans ma chambre, un paquet cadeau entre les mains, le sourire aux lèvres. Elle porte deux bandanas rouges entre les mèches de ses couettes, et ça la rend encore plus rayonnante pour Noel.

-Maria...

-Tais-toi, joyeux noël mon chéri.

Elle me tend le paquet en s'asseyant sur le lit, je fais de même, en souriant.

J'ouvre alors mon cadeau, et je ne peux cacher mon étonnement.

-Maria. Tu es folle.

-Dis merci, c'est tout.

J'oublie que c'est presque la seule qui m'écoute dans ce monde, et j'ai dû lui raconter que ma lentille de Barlow sur mon télescope devenait vieille, et voilà qu'elle m'en a racheté. Cet accessoire est là pour accompagner les oculaires, et multiplier l'objet observé par deux ou trois. J'ai le mien depuis beaucoup trop longtemps, et je comptais m'en acheter un. Mais Maria m'a devancé.

-Maria, merci beaucoup. Tu n'aurais pas dû.

-Pourquoi ?

Sa question n'attend pas de réponse, au fond elle me rappelle juste qu'il n'y a aucune raison pour qu'elle ne le fasse pas.

ESTRELLA - BRAHMAN PARADISEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant