Chapitre 2 : Les expériences

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Durant mon cursus, je m'étais acclimaté à la vie universitaire en compagnie d'Emmanuel. Le matin commençait par des cours intensifs impliquant souvent des conférences, des discussions de groupes et des travaux pratiques en laboratoire. Chacun des sujets m'intéressait, et j'avais sympathisé avec des étudiants de ma branche. Parmi eux, il y avait Matthias Hubermann, dont le projet était de produire du sang universel de synthèse, Helen Murray, qui voulait trouver un remède contre le cancer du sein, et Phineas Highwater, qui cherchait à soigner les maladies héréditaires.

L'après-midi était consacré aux expériences en laboratoire. En observant les installations de pointe, j'étais fasciné par toutes ces technologies qui étaient à ma portée. Grâce aux outils de séquençage ADN, je pouvais concevoir un sérum censé pouvoir modifier la structure génétique du sujet. À l'aide d'un microscope électronique, je testais l'interaction de mon produit expérimental avec une cellule prélevée. Soit il ne se passait rien, soit elle s'altérait en flétrissant ou en explosant. À chaque tentative infructueuse, je me sentais frustré et notais dans mon carnet ce qui ne jouait pas. Je rapportais ensuite mes recherches à Emmanuel, qui me donnait des conseils clairs et pertinents. Parfois, il m'évoquait ses expériences personnelles lors de ses journée à l'université de Tel-Aviv, ce qui m'avait permis d'en savoir un peu plus à son sujet.

Un jour, alors que je lui évoquais quelque chose qui n'allait pas dans mes tests, il me demanda :

— Alan, j'ai remarqué que dans ton groupe tu ne participais pas souvent aux débats scientifiques. Pourquoi ne vas-tu pas demander conseil à tes camarades ?

— Eh bien, hésitai-je, c'est un petit peu compliqué. Mon projet paraît complètement délirant, et je passerais pour un extraterrestre si je demandais de l'aide. J'ai un peu de mal à m'ouvrir aux autres, et c'est pour ça que je travaille seul.

Emmanuel me regarda avec douceur, comprenant mon introversion, et me conta la fable du hérisson qui avait peur de demander de l'aide, qu'il avait apprise à Tel-Aviv. La morale disait qu'il ne fallait pas avoir peur de s'ouvrir aux autres, et que demander de l'aide n'était pas une faiblesse, mais une force.

— Et entre nous, continua-t-il en souriant, les scientifiques qui ont marqué l'Histoire étaient excentriques aux yeux de leurs congénères. Et puis à Cambridge, nous sommes tous des extraterrestres, comme tu l'as dit.

C'était sur cette note humoristique que mes collègues se mirent à rire, et que j'en fis de même. Mon mentor avait quelque chose de rassurant que j'appréciais beaucoup. Grâce à lui, j'avais pu m'affirmer et progresser en faisant appel à l'intelligence collective.

De temps en temps, je me rendais avec mon groupe au club d'escrime, histoire de garder la forme et de nous libérer de nos mouvements. À la fin de la journée, je me reposais et envoyais des messages à ma famille et Camille. Elle étudiait à la haute école pédagogique de la Chaux-de-Fonds pour obtenir un Bachelor en enseignement. Quand je pensais à elle, mon cœur battais fort, et je l'admirais pour sa fougue et son caractère protecteur. Carmen, de son côté, était bien entourée, et se sentait plus épanouie qu'au tout début de sa transition. Elle s'était découvert une passion pour la mode et la couture, et me présentait ses créations très originales. Je me demandais d'ailleurs si elle n'était pas la réincarnation de Coco Chanel.

Les jours passèrent, les semaines passèrent, entre les tests, les échecs et les nuits blanches. Les conseils que me prodiguait mon mentor avaient porté leurs fruits. Au bout d'une année, je parvins à changer la structure génétique d'une cellule sans altération. Après confirmation d'Emmanuel, je commençai ma première expérience à grande échelle. J'allumai mon micro et annonçai :

Grand Fur Story : le mythe du loup [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant