Chapitre 1 : Le commencement

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Je m'appelle Alan Dolittle, et il y a quelques années, j'ai vécu... plein de mésaventures. J'ai failli mourir plusieurs fois, perdu courage à maintes reprises, risqué ma vie et celle de ma famille, et tout ça à cause de la Monstrapocalypse de 2020. Vous devez sûrement être au fait de cette tragédie. Avant l'apocalypse, j'étais un être humain comme les autres. J'avais une enfance heureuse et des parents adorables. Un modèle familial idéal, quoi. Pour vous expliquer les circonstances de mon physique actuel, voici mon histoire...

Tout a commencé six ans avant ces événements, lorsque ma petite sœur a fait son coming-out. C'était un soir tranquille de la fin du mois d'avril, deux jours après mon anniversaire. Ma famille et moi-même prenions le souper en discutant de notre quotidien. J'évoquais un test de maths que j'avais effectué avec facilité, ainsi que l'ambiance dissipée de ma classe. En y repensant, je me désolais du manque d'autorité de certains profs, et de l'immaturité de quelques camarades. Peut-être parce que mon quotient intellectuel était plus élevé que la moyenne. Mais ça ne m'empêchait pas d'être sociable et d'avoir de bons contacts.

À la fin du repas, mon petit frère Nathan fixait son assiette, le regard fuyant. Depuis quelques temps, je le sentais enfermé dans sa coquille et mal dans sa peau. Il articula, tout en se tordant les mains :

— Papa, Alan, j'ai quelque chose à vous dire.

— Qu'est-ce qui t'arrive Nathan ? lui demanda Daniel, mon père.

— Eh bien... depuis quelque temps, je me sentais coincée dans l'espace, entre la planète des garçons et la planète des filles. J'en ai parlé avec maman tout à l'heure, et elle m'a expliqué ce que je suis vraiment. Je ne suis pas un garçon, mais une fille, et je ne m'appelle pas Nathan, mais Carmen.

— Ce qui veut dire qu'elle est une fille transgenre, précisa Dolores, ma mère.

— C'est quoi ? lui demandai-je, étonné par la nouvelle.

— Ce que Carmen veut dire, Alan, c'est qu'elle est une fille piégée dans le corps d'un garçon, m'expliqua ma mère en insistant sur le « elle ». La transidentité est le fait qu'elle ne corresponde pas au genre assigné à sa naissance.

— Ah ok ! lui répondis-je avec intérêt. Je comprends mieux.

— Daniel, qu'est-ce que tu en penses ?

Mon père ne répondit point. Il était aussi surpris que moi et légèrement troublé par la nouvelle. Nous qui avions l'habitude de l'appeler « il » et Nathan, voilà que du jour au lendemain, elle devenait « elle ». Mon père, le regard fuyant, essaya d'articuler :

— Eh bien, euh... c'est un peu dur à digérer, mais tant que tu te sens bien dans ta peau, ça ne me dérange pas que tu sois une fille. Il va me falloir un peu de temps pour m'y faire, et pardonne-moi si je t'appelle encore Nathan.

Ma petite sœur bondit de son siège et se jeta dans les bras de mon père. En la voyant ainsi, j'eus un pincement au cœur, et l'envie me prit de l'emporter dans mon étreinte. Qu'elle soit fille ou pas, ce n'était pas important ; j'étais son grand frère, et la fratrie signifiait l'entraide et le support.

Plus tard dans la nuit, les révélations de ma sœur m'avaient fait réfléchir. Allongé sur mon lit à regarder le plafond, je commençais à comprendre le mal-être de Carmen. Quand on est différent, on se sent parfois exclu, ou pire encore, on se fait juger. Étant moi-même victime de harcèlement à mes douze ans, j'avais peur qu'il lui arrive la même chose. Je fermai les yeux et pensai au Christ. Jésus était ma bouée de sauvetage dans mon océan de doutes, et m'apportait du réconfort avec son message de résilience et d'amour du prochain. Je murmurai :

Grand Fur Story : le mythe du loup [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant