Les Fables Du Mana : Le cœur de la magie

Chapitre 20 : l'usurpateur

Alors que l'orage de la bataille s'abattait dans toute la citadelle, le prince Fylandril se pressa à toute vitesse dans les méandres de ses entrailles les plus étriquées. Il passa devant la toile qui avait retenu son attention la veille et dans une colère écarlate il l'a fit volé en fumé d'un seul souffle de ses doigts. Il accéda ensuite à l'étage de l'antre de bronze. Arrivé devant l'allée qui donnait sur son accès, il fit voler en éclat les barrières magiques avec une facilité déconcertante, simplement en un geste de la main. Il traversa d'un pas déterminé l'allée dans laquelle s'écoulait encore dans les airs les myriades d'éclats pourpres des barrières, une hargne féroce imprimé entre les traits de son visage. Les gardes en armure lourde se mirent en position offensive devant la menace approchant, mais le prince, une fois parvenu à leur hauteur, brandit hors de ses manches ses havres doigts desquelles surgirent des vrilles noires acérées. Les gardes de métal furent aussitôt projetées contre le mur et moururent sur le coup, marqué par de longues entailles sombre qui putréfièrent leurs cadavres. Le prince inséra sa main gauche dans l'une des serrures de bronze et récita une formule à voix basse. A la fin de celle-ci, le silence s'écoula jusqu'à qu'un vacarme métallique ne l'emporte. On entendit retentir, dans les entrailles du mécanisme, les engrenages de la porte se défaire les uns après les autres, laissant s'écouler ses bandes de fer en dehors de l'antre. La porte se déroba face à lui et il pénétra dans l'obscurité qu'elle préservait en secret. C'était une immense salle forgé dans le granite empourpré, cerclé de colonne de pierres élancées à l'écorce ancienne, protégeant un socle de marbre hissé en son centre. Reposant au milieu de la dalle, un éclat d'azur, splendide et envoutant, crépitant de mille feux, rayonnait dans toute la chambre. Le prince s'avança et gravit les quelques marches le séparant de l'orbe.

- Le cœur de mana ! Clama haut et fort le prince dont le regard s'embrassa devant la lueur spectaculaire de la relique qu'il était sur le point de dérober.

- Cela ne vous appartient pas il me semble ! Scanda une voix qui habitait le seuil de l'antre.

Le prince s'arrêta, effaré d'entendre l'écho de cette voix qu'il reconnut immédiatement. Il se retourna, arborant un air effroyable dans le creux de son visage. Il aperçut la silhouette d'Orax dessiné dans les contours de l'obscurité.

- Toi ?!

- Vous ne croyez tout de même pas que je suis du genre à laisser ma vigilance s'évaporer, n'est-ce pas, prince Fylandril ?!

- Qu'ai-je crus, évidement que cela n'allait pas être aussi facile. S'esclaffa de malice le prince prit au piège dans la chambre du cœur face à un Orax prêt à en découdre. Mais cela ne sera que plus amusant.

Fylandril laissa son regard se déverser à l'intérieur de la pièce, posant ses yeux pernicieux sur chaque élément la composant.

- N'est-ce pas un endroit magnifique ? Prononça-t-il avec une admiration certaine tandis qu'il descendait les marches pour rejoindre le sol plat. Les architectes d'Idrasul se sont tant efforcées à rendre ce lieu splendide qu'ils en ont négligé sa défense.

Il fit un tour sur lui-même, emportant ses linges dans sa danse, et égarant son regard tel un enfant émerveillé jusqu'à l'abattre sur l'orbe miroitante.

- Mais l'éclat le plus brillant du joyau c'est bien celui-ci.

- Je ne vous laisserai pas vous en emparer, vil crapule ! Gronda avec fureur le vieux mage aux sourcils ébouriffés.

- Oh ! Mais j'espère bien ! Lança Fylandril d'un air faussement déconcerté, portant sa main à son cœur. Je n'ai qu'une hâte, c'est de t'affronter. "Héraut" !

Résolu à combattre le vieux mage grisâtre, Fylandril descendit les quelques marche le séparant de son adversaire.

- Tu n'es de toute manière pas prêt à me lâcher, n'est-ce pas ?! Lança-t-il d'un ton arrogant. Alors, autant que ma victoire soit double. Je ne ferai pas que dérober le cœur de mana, je vais le conquérir !