Chapitre 3 : Une visite impromptue

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A la suite d'une chasse aussi rocambolesque, il était l'heure de se revigorer l'esprit autour d'une bonne bière ! Pour fêter leur victoire, le maire convia les deux acolytes au sein de sa noble demeure. Elle était nichée au sommet d'une verdoyante colline reculée du village. C'était une bien curieuse bâtisse, à l'architecture bancale. Une longue tour de bois clair aux charpentes cagneuses, s'entortillant en hauteur et zigzaguant entre les nuages. Les différents étages s'entrelaçaient de manière saugrenue, se morfondant les uns dans les autres, formant ainsi un amas chaotique de planches et de poutres. On se demandait bien comment elle pouvait tenir debout ! D'ailleurs, des cordes et des mâts avaient été dressés afin de l'empêcher de s'affaisser... Elle était ensevelie sous des rideaux de lierres feuillus qui s'étalaient jusqu'au sol. Une chatoyante lumière dorée s'échappait des quelques petites fenêtres tordues qui étaient parsemées ci et là. Des lanternes batifolaient le long des parois et, peinaient à s'agripper sous les carreaux, tout un tas de rameaux fleurit. Elle était à son sommet chapotée d'un reluisant toit pointu en tuiles violettes. Il était penché de traviole et, à son extrémité, trônait fièrement une girouette de bronze.

Lorsque l'imposante ombre tordue de l'édifice les survola, les deux mages furent ébahis. "En voilà une bien belle maison !", s'écria Thomast. Ils atteignirent le jardin où quelques serviteurs s'occupaient des foisonnantes haies du domaine. Ruisselaient tout autour, de luxuriant plants fleuris aux pétales larges et colorés. La porte de la demeure s'ouvrit en grand sur leur passage et le maire présenta à ses hôtes la marche à suivre. Le grand salon était noyé sous une luminescence châtaine et des farandoles de tapisseries de velours recouvraient les murs. Le mobilier tout entier était submergé par des cortèges de porcelaine nacrée et des couverts en argent. Les mages levèrent les yeux aux ciels et admirèrent l'escalier en spirale s'élever jusqu'au sommet, s'égarant dans les méandres biscornus de la baraque. Des nuées de serviteurs ne cessaient de virevolter dans tous les sens, naviguant dans ce labyrinthe de charpentes, de balcons, de portes et de chambres... Le maire et ses invités prirent place dans la pièce la plus haute de la bâtisse, celle qui donnait une vue impénétrable sur le vaste domaine.

On vint leur servir breuvages et amuse-bouche pendant qu'Argerus continuait de s'extasier de ce vaillant triomphe.

— Ce fut absolument merveilleux ! s'écria-t-il. Depuis si longtemps on me contait les prouesses incroyables dont étaient capable les mages, mais c'est bien la première fois que j'en suis témoin !

— Oh vous savez c'est notre métier ! répondit Perceban s'empiffrant déjà à pleine bouche.

— Comment faites-vous cela !? Cette chose avec vos mains ! fit Argerus en s'agitant.

— Les incantations ? demanda Perceban imitant les gestes de mains du maire.

— Ce sont donc des incantations ?

Perceban, du bout de ses doigts, fit jaillir des cercles incandescents porteurs de runes mystérieuses et scintillantes. "Vous parlez sûrement de ça ?".

— Oh oui ! Tout à fait ! C'est fascinant ! Que j'aimerai être doté de magie... déplora le maire.

— En fait, nous ne sommes pas doués de magie, avoua Perceban, nous sommes de simples humains, nous ne créons pas la magie, nous ne faisons qu'emprunter son pouvoir.

— C'est à cela que servent nos cercles de conjuration ! repris Thomast. Ils sont faits de mana et c'est grâce à eux nous sommes capables d'invoquer la magie.

— Plus une conjuration est complexe, donc plus elle comporte de rune et de cercle, et plus le sort est puissant, poursuivit Perceban tout en faisant apparaitre de nouveaux éléments autour de l'auréole qui gravitait autour de sa main. Bien sûr, un mage expérimenté est capable de complexifier ses incantations !

Les Fables Du Mana : Le cœur de la magieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant