Chapitre 32 : Cliff

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À force de batailler des pieds dans cette étroite balafre de pierre, la petite compagnie ressortie de l'autre côté, expiant de leurs poumons tous les sédiments qu'ils avaient inhalé lors de leur fuite. Alexzandar saisit Rakhan par les épaules et le projeta au sol avant de tiré sa lame, prêt à l'occire.

— Attends ! s'écria Perceban qui bondit sur le chevalier.

— Ce sale traître ! proféra le capitaine des légions de fer. Sa couardise et son avarice ont failli tous nous tuer !

Il brandit sa lame, s'apprêtant à l'abattre, mais Perceban, une fois de plus, s'interposa :

— Vous ne pouvez pas faire ca ! lui dit-il.

— Bien sûr que si, il le doit ! ajouta Lauryan, le visage tuméfié de rage.

— Non !

— Pourquoi non ? réagit Alexzandar. Toi-même tu étais prêt à le tuer ! Pourquoi changer d'avis ?

— Car ensuite il m'a sauvé la vie !

— Il n'aurait jamais eu besoin de te sauver la vie si plus tôt il n'avait pas risqué de te la faire perdre ! fit remarquer Elerina.

— Peut-être ! N'empêche qu'il m'a sauvé la vie au détriment de la sienne... Il aurait pu mourir en faisant cela.

— Eh, merci gamin, dit Rakhan dont les lèvres étaient bariolées de poussière et de sang

— Vous la ferme ! fustigea immédiatement le jeune mage. 

— D'accord, je vais pas faire la fine bouche, dit le capitaine qui se l'essuya justement...

— Perceban a raison ! prononça Orax. Le capitaine Rakhan s'est comporté comme le pire des pleutres, des malfaiteurs, des menteurs, des manipulateurs...

— Ça ira non ? protesta Rakhan.

— Comme un paria ! continua Orax d'une voix plus grondante. Comme un couard, un lâche, un malandrin et un voleur !

— Eh ! Je ne vous ai jamais volé !

— Vous nous avez volé nos espoirs... ajouta Thomast.

— Oh... D'accord.

 — Quand bien même nous sommes tous d'accord sur ces termes définissant ici la pire des souillures, nous ne pouvons nous résoudre à le condamner à mort.

— Et pourquoi cela ? demanda Alexzandar.

— Il est le seul à connaître ces terres, LE SEUL. Et dorénavant, il est à notre merci...

Tous s'échangèrent un regard, avant de se résoudre à cette vérité. Et Alexzandar, à contrecœur et le regard bouillonnant de hargne, n'eurent pas d'autres choix de ranger son épée. Orax aida le pirate à se relever, ce dernier le remercia, puis Orax lui envoya un violent coup de bâton dans le tibia ce qui l'obligea à se mettre à genoux.

— Attaches lui les mains Perceban, et bien serré !

— Avec plaisir !

Il fit apparaître des liens éthérés et noua les mains du pirate l'un contre l'autre dans son dos.

— Aïe ! Ça brûle ! fit remarquer Rakhan.

— Oui ! dit Perceban sans remords. C'est un petit quelque chose que j'ai ajouté pour que ce soit un peu plus douloureux ! Vous y réfléchirez à deux fois la prochaine fois !

La compagnie n'eut le temps de faire que quelques pas sur le premier sentier de cette nouvelle terre inconnue, que Treynor surgit de l'ombre fougère, canon en main. 

— Plus un geste ! ordonna la grosse tête de Treynor. Ou je vous rôti sur place !

— Non, toi plus un geste ! répondit à cette provocation Lauryan. On tient ton capitaine en otage !

Elerina dégaina un poignard et le hissa sous la gorge de Rakhan.

— Fais ce qu'ils disent, paniqua ce dernier, ils sont pas vraiment en train de rigoler !

— Vous pensez avoir l'avantage sur moi ? Mais Scrabs est embusqué juste au-dessus de vous ! Prêt à vous faire exploser la caboche avec son lance pierre !

— Imbécile ! retentit la voix désarçonnée de Scrabs. Ne le leur dis pas !

Orax envoya un éclair aveuglant dans la cime des feuillages et en dégringola le pauvre vieillard qui s'écrasa contre le sol.

— Très bien, dit Treynor résolu, on se rend. 

Les Fables Du Mana : Le cœur de la magieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant