Chapitre 8 : Cambrioleurs, coffre et bon tireur.

21 2 0
                                    

"Hum hum ! Heum am meuh !", c'étaient les quelques mots que tentait de bafouiller Leeroy Rakhan bâillonné et ficelé autour de sa chaise comme un gros saucisson, pendant que ces deux gredins de Gerlk et Daryl s'emparaient de tous ses biens.

— Dis donc, il a pas mal charbonné cet imbécile ! N'est ce pas Daryl ? s'exclama en premier Gerlk qui tirait hors de la besace du capitaine un long collier en or finement taillé.

— Ca tu l'as dit Gerlk ! s'exclama à son tour Daryl d'un ton bancal qui s'amusait à faire couler entre ses doigts quelques pièces d'argents qui luisaient dans le sac du capitaine.

— Regarde-moi un peu ça ! dit Gerlk qui présenta l'arme de son détenu à son ami. Jamais-vu une lame pareil !

En effet, il s'agissait d'une épée en provenance d'un fort bel ouvrage, surtout pour un pirate. Le manche était enveloppé dans un cuir souple et ferme et le pommeau était orné d'une forme métallique rappelant les nageoires d'un poisson. Sa lame était certes scellée dans un fourreau de basse facture, mais sa garde était magnifiquement sculptée dans un métal semblable à de l'argent noir (alliage que l'on ne retrouvait que dans de rares contrées au nord). Les courbes qu'elle prenait sur le devant du manche formaient une volupté parcourant le ricasso jusqu'au pommeau et rappelant subtilement la forme d'un plumage écailleux. La garde était également pourvue de deux quillons finement dessinés qui serpentaient au travers des ondulations en métal de l'arme et se recourbaient vers le haut, entourant la base de la lame comme une fleur en éclosion. Les formes incurvées et cycloïdales lui octroyaient une élégance redoutable et la finesse de sa lame une somptuosité létale !

Quant au pistolet, qu'examinait avec un ébahissement sans fin le regard éberlué de Daryl, c'était une arme véritablement hors normes et mystérieuse ! Dit-on que ce type d'œuvre était uniquement forgé dans le nord, dans les montagnes de Murmenclume par le peuple libre des Dornür. Son armature était semblable à une espingole, mais dotée de tout un tas d'amoncellements métallique qui se rejoignaient ci et là pour former un système complexe et ingénieux. L'essentielle de sa base était constituée de bois de chêne solide et travaillé avec une minutie hors pair. Elle possédait tout un système sophistiqué de mécanisme de verrous en métal permettant d'enclencher le barillet, le faisant ainsi tournoyer et actionner le dispositif faisant feu au travers des trois longs canons qui se rejoignaient en bout. C'était un « mornclock », le peuple de Dornür en était très fier, mais il s'était dit qu'aucune de ces armes n'avait à quitter la forge. Comment le capitaine Rakan a bien pu s'en procurer un ?

— Hmfeuf , feuf fmf, déclara le capitaine.

— Quoi ? Qu'est-ce que tu dis ? répondit à ce grand discours plein de rebondissement Gerlk qui s'avança vers le capitaine d'un pas sinistre et un œil luisant de sournoiserie dans le creux du globe.

Il lui retira son bâillon un instant, ce qui provoqua chez lui une échappée essoufflée qu'il eut du mal à retenir, lui qui bavait depuis si longtemps dans ce tissu immonde.

— J'ai dit, commença le capitaine, que vous...

Il n'eut le temps d'arriver à la moitié de sa phrase que Gerlk, le rire sonnant, lui fit ravaler le bâillon et le resserra encore plus fort !

— Oui, c'est bien ce qui me semblait, reprit le bandit, tu n'as rien d'important à dire !

— Comment on va ouvrir ce coffre Gerlk ? demanda Daryl l'air ahuri qui tentait tant bien que mal d'infiltrer ses gros ongles jaunes entre les fentes du coffre.

— Imbécile ! Avec une clef bien sûr !

— Tu penses que la clef de la porte fonctionnerait ? demanda-t-il d'un regard absent.

— Daryl ? Es-tu complètement idiot ? Il nous faut la clef du coffre. Cet imbécile de Rakhan doit l'avoir sur lui. Eh, "capitaine" ! Tu l'as mis où la clef ?

— Hmemf ufeuf mfeuf feu feu. Répondit Rakhan d'un regard sévère et rougeoyant.

— Que suis-je bête...

Il lui retira une nouvelle fois son bâillon pour laisser libre cours au capitaine de s'exclamer comme il le souhaitait.

— Allez pourrir ! rugit le capitaine avec une hargne grondante ! Jamais je ne vous donnerai la clef !

— D'accord très bien, on va employer un autre moyen dans ce cas... déclara Gerlk d'une voix sombre en dégainant un poignard de sa ceinture.

Les Fables Du Mana : Le cœur de la magieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant