MIKO.A

VIII

Après cette journée riche en émotions, passant de la joie à la tristesse en peu de temps et à plusieurs reprises. J'ai besoin de me détendre un peu, j'aimerai aussi ne plus penser à rien, mais j'ai beaucoup de mal à le faire.

Je commence à faire couler l'eau dans la baignoire. Le fracas de l'eau contre la baignoire se fait entendre me rappelant le silence régnant dans cette maison. Je me déshabille en enlevant mon sweat en premier. Une fois nue, je sens le froid de la pièce. Je glisse un pied dans l'eau, puis l'autre. La chaleur de l'eau est agréable. Je plonge complètement dans celle-ci, me coupant du monde extérieur. Sous l'eau, seul le poids de cette dernière se fait ressentir. Je reste ainsi, aussi longtemps que mon corps peut me le permettre. Ma cage thoracique me semble de plus en plus lourde, quand il met impossible de tenir plus longtemps, je m'asseois assez brutalement pour reprendre mon souffle, faisant des vagues qui s'écrasent sur le sol. Je vais devoir nettoyer le sol, mais je n'y pense pas tout de suite, laissant mon esprit encore submergé, comme si j'étais toujours sous l'eau.

Quand le bain devient tiède, je décide de sortir de celui-ci. J'enfile un peignoir et profite un peu de sa douceur. Mes mouvements sont lents. Je me regarde dans le miroir, observant mon visage lasse. Je devrais surement accepter, après tout, ce serait la suite logique après la réception du casque, la découverte du monde virtuel, et la rencontre avec Mikoa. Mais je ne suis pas sûr d'être aussi forte mentalement qu'ils le prétendent, surtout quand je vois mon état mental des à qui on demande d'apprendre ce que je suis déjà capable de faire. Je serais la première élève de cet institut universitaire, et ils ne l'ouvriront que si je décide d'intégrer leur formation.

Je dois encore y réfléchir.

En attendant, je vais aller me coucher. J'ai encore besoin de repos, la journée ne m'a pas vraiment permis de récupérer finalement.

Je m'endors en songeant à ces parties de bowling qui ont eu lieu plus tôt. Aux rires que nous avons échangé devant nos sodas au bar de l'établissement. J'aimerai que ces moments durent indéfiniment afin de ne plus avoir à penser à l'avenir.

Les jours suivant passent et se ressemblent. N'ayant plus de cours, j'en profite pour créer un maximum de contenu à l'aide du casque de réalité virtuelle. Malgré tout, je ne peux m'empêcher de réfléchir à la proposition de Mikoa. Mes pensées finissent toujours par se tourner vers celle-ci. Heureusement, même si l'IA m'aident au quotidien dans ce monde, elle ne me reparle pas de l'avenir. Elle est trop intelligente pour ne pas voir que je suis un peu perdue, et que m'en parler ne m'aidera pas vraiment à avancer. Je me pose tellement de question.

Même si mes vues et mon nombre d'abonné augmentent, et me permettent donc de gagner un peu d'argent, ce n'est pas suffisant pour que je puisse en vivre. Mes parents me soutiendront toujours financièrement car ils en ont les moyens. J'ai beaucoup de chance, je le sais. Mais ils ne pourront pas toujours être là pour moi.

Il est sans doute normal que je me pose toutes ces questions sur l'avenir, mais savoir cela ne m'aide pas à y voir plus clair. Je crois que je vais avoir besoin de conseils.

Je décide de demander sur la conversation de groupe que j'ai avec mes parents, s'ils auraient un moment de libre pour qu'on puisse discuter tous les trois, que j'ai besoin d'eux. Après seulement quelques heures, ils répondent que ce soir, ils m'appelleront dès qu'ils pourront. Je n'aime pas les déranger pendant leur travail, surtout ma mère car je sais qu'elle n'a pas beaucoup de réseaux quand elle est en mission, et qu'il est compliqué pour elle d'avoir du temps. Même si elle dit toujours que je ne la dérange jamais, au contraire, elle m'appelle sa lumière car je lui change toujours les idées.

Je m'assure qu'il n'y a aucun problème à ce que je parle de tout ça avec mes parents auprès de ma nouvelle amie. Elle affirme qu'étant encore mineur, ils ne peuvent m'interdire de tenir informer les personnes qui sont mes tuteurs.

Tard le soir, je reçois un message de mon père expliquant qu'ils vont m'appeler d'un instant à l'autre, le temps qu'ils soient tous les deux au calme et disponible pour moi, autrement dit qu'il s'assure de ne pas être déranger.

J'allume mon ordinateur pour la première fois depuis plusieurs semaines. Tandis que l'écran s'allume, le ventilateur de la tour se fait entendre l'espace de quelques secondes. A l'aide de mon navigateur internet, je choisis l'application de messagerie instantanée sur lesquels nous avons notre conversation de groupe. J'attends patiemment d'entendre la sonnerie.

Je reçois un message de Mikoa qui a dû percevoir mes actions sur le réseau. Elle me dit que ça va aller, que je n'ai pas à m'en faire, ils seront toujours là pour moi quoi qu'il arrive. Elle a raison, je sais qu'ils seront de bon conseils, comme toujours. Néanmoins, il y a toujours une part de moi qui ne peut m'empêcher d'appréhender. Cette histoire est tellement incroyable, je ne suis pas sûr de trouver mes mots.

Une fenêtre pop-up s'ouvre accompagnée d'une petite musique, signifiant la demande de contact. J'appuie sur le petit icône vert pour accepter l'appel. Mes deux parents apparaissent devant moi.

- Coucou ma puce, commence ma mère.

- Alors qu'est-ce qui se passe ? Rien de grave, j'espère. Au moins la maison n'a pas l'air de brûler, lance mon père.

Je lâche un petit rire face à cette blague qui pourtant n'est pas si drôle. Mais cela me fait du bien de les voir.

- Ne vous inquietez pas, j'avais surtout besoin de vos conseils en fait.

Ma mère, un peu plus sérieuse, comprends tout de suite l'importance que ça a pour moi :

- Nous t'écoutons.

Il ne m'en faut pas plus pour tout raconter. Depuis la réception du casque, jusqu'à la proposition de l'IA, en passant par ce qu'il s'est passé après la soirée au cinéma et tous mes questionnements depuis celui-ci. Ils m'écoutent attentivement, sans m'interrompre. A la fin de mon récit, je me sens libérée et en même temps, je sens les émotions refairent surface encore une fois. Même si je l'ai refoule pas, je ne laisse pas non plus les larmes couler.

- Tu aurais dû nous en parler.

- Maman a raison, même si je comprends que nos longues absences n'aident pas, tu ne dois pas garder pour toi des choses qui te pèsent autant.

Leur bienveillance me rappelle encore une fois à quel point j'ai de la chance, je les aime vraiment beaucoup.

- En tout cas, si j'ai bien compris, tu as besoin de nous pour prendre la bonne décision.

J'acquièsce.

- Je pense qu'avec Papa, nous serons d'accord pour dire, que c'est une vrai opportunité, et que si elle t'intéresse, tu devrais en profiter, mais que si ce n'est pas ce que tu souhaite vraiment, alors tu as encore le temps de trouver ta voie.

- Nous t'aiderons aussi longtemps que nous le pourrons, tu sais bien.

- Oui, merci, réponds-je dans un sanglot. J'avoue que j'ai envie de découvrir pleinement ce qui s'offre à moi, mais en même temps, j'ai vraiment peur.

- Tu ne dois pas te laisser envahir par la peur, sinon tu ne pourras jamais avancer. Si tu n'essaies pas, tu ne pourras pas savoir si tu en es capable, ou si tu aimes vraiment ça.

Ces paroles lui ressemblent tellement, j'aurais dû me douter qu'elle dirait ça. Elle incarne le courage.

- Que tu réussisse ou non, que ça te plaise ou non, nous serons toujours là pour te soutenir, donc si c'est ce que tu souhaites, lance toi !

- D'accord Papa, je vais accepter. Merci à vous deux. Je savais que vous m'aideriez à y voir plus clair.

Ils me sourirnt avant de m'annoncer qu'ils se sont débrouillés pour avoir une permission et des vacances en même temps. Nous allons partir deux semaines en août dans un hôtel de luxe au caraïbes. Je n'arrive pas à contenir ma joie. Ce sont des vacances de rêves.

Après cette incroyable nouvelle, il me souhaite une bonne nuit. Dès demain, j'annoncerai la bonne nouvelle à Mikoa.