XLIII

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À mon réveil, je prends l'unique tenue que je n'ai pas fourrée dans ma valise avant de filer dans la salle de bain. Je tâche d'être discrète. Pour une fois, je suis la première levée.

En voyant mon reflet dans le miroir, je constate que l'agitation de ma nuit se retrouve dans mes cernes. Si j'avais gardé ma trousse à maquillage à porter de main, je les aurais bien camouflé, mais ce n'est pas le cas. Je me contente de me rafraîchir avant d'enfiler mes vêtements.

Je file dans le bureau pour récupérer le reste de mes affaires. Je ne veux rien oublier, une part de moi est certaine d'être incapable de partir, mais l'autre est persuadée que je ne reviendrais pas. Du moins, pas tout de suite.

Je contemple cette pièce où j'ai passé de nombreuses heures au cours des dernières semaines. C'est ici que j'ai conçu la majeur partie du monde de la lumière, mais aussi travailler sur de nombreux aspect du lore et du système de classe, et de tant d'autres choses. Son idée avait été excellente. Comme toutes les autres, d'ailleurs.

Le temps passe et je tourne en rond. Je n'entends aucun bruit dans la chambre. On ne s'est pas fixé d'heure de départ, mais j'ai l'impression que mon courage va m'abandonner si on tarde trop.

Je me glisse dans la chambre sans allumer la lumière. Je longe le côté droit du lit, m'accroupis au niveau de son épaule. Je secoue doucement celle-ci en murmurant son nom. Il se retourne, se retrouvant face à moi. Pourtant, il semble toujours profondément endormi. Je n'ose pas insister, donc je me laisse tomber au sol, m'affalant contre le mur.

Je l'observe un long moment, jusqu'à ce qu'il ouvre enfin les yeux. Il ferme et ouvre ses paupières à plusieurs reprises, pour tenter de s'habituer à l'obscurité, ou pour s'assurer que je suis belle et bien devant lui, assise sur le sol. Je lui souris.

– Bonjour mon cher et tendre, susurré-je.

– Voleuse, lance-t-il, faussement vexé.

À peine sorti du sommeil, il a tout de même compris que je faisais référence à ses propres mots, plusieurs mois auparavant.

Je me penche alors qu'il me tend son bras. Quand je suis assez prêt, il le glisse derrière ma tête pour je m'approche encore plus. Comprenant son souhait, je prends tout mon temps pour finir le trajet qui me sépare de lui. Mes lèvres finissent par rencontrer les siennes dans un tendre baiser.

– Tu m'as fait patienter exprès, ce n'est pas très gentil.

– Ce n'est que justice.

– Je dormais...

Je passe mon bras autour de sa taille, l'embrassant à nouveau. Il m'attire contre lui, me faisant basculer. Je pouffe en l'observant.

– C'est toi qui doit te lever, et non moi qui devait me retrouver au lit.

Alors que je m'écarte, il soulève la couette pour s'asseoir sur le bord du matelas.

– Quel dommage.

Et sur ces belles paroles, il récupère ses vêtements, quittant la pièce. J'en profite pour ouvrir les volets, refaire le lit propre, et m'assurer que toutes nos affaires sont prêtes à partir. Je dépose les bagages sur le palier, il les descendera. J'en suis capable, mais ce n'est pas utile. Ce qui me fait penser que je devrais en profiter pour prendre rendez-vous avec mon kinésithérapeute, afin qu'on évalue mes progrès. Les exercices et les passages à la piscine m'ont sans doute aidé, mais je ne suis pas une professionnelle, et il m'avait demandé de le recontacter à mon retour, pour s'assurer que tout va bien. Si ce n'est pas le cas, il faudra que je reprenne quelques séances.

– Je vais m'arranger pour que tu es un rendez-vous rapidement, concentre-toi sur tes examens.

Je la remercie, même si je n'ai pas besoin qu'elle me rapelle cette source de stress déjà omniprésente dans mon esprit. Mais je vois une étincelle d'amusement dans son regard. Ce n'était pas l'objectif initial, mais elle semble fière d'elle. Je soupire avec un geste de la main. Il est temps qu'il sorte de la salle de bain.

MIKO.A Où les histoires vivent. Découvrez maintenant