LV

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La route est longue. Quand on arrive enfin sur le parking à proximité du cimetière, je suis contente de pouvoir enfin étirer mes bras et mes jambes. Mais je regrette vite la fraîcheur apporter par la climatisation de la voiture. Même au nord du pays, il fait chaud. C'est étouffant. Ma robe noire me tient chaud malgré le tissu léger.

Tandis qu'on avance entre les stèles, je regrette qu'il n'y ait pas plus d'arbres pour se mettre à l'abris. Puis mes yeux glissent vers James et cette pensée s'évanouit au profit d'autres. Les années ont passées depuis son décès, mais cela ne semble pas moins difficile.

C'est vrai. La douleur ne disparaît pas, on apprend juste à vivre avec. C'est pareil pour tout type de traumatisme. Après tout, c'est ce que c'est, un traumatisme.

J'accélère un peu pour me retrouver à sa hauteur. Je glisse ma main dans la sienne. Je croise son regard, remplit de reconnaissance. Je me rapproche encore de lui, espérant lui apporter davantage de réconfort.

En arrivant devant la tombe de Rose, je la salue poliment et lui souhaite un bon anniversaire, comme si je pouvais voir son fantôme flottant devant mes yeux. Je laisse à James le soin de présenter notre nouvel ami. Ce dernier ne se moque pas, il comprend bien l'importance de la situation pour James. Donc, il joue le "jeu". Il parle respectueusement, garde son sérieux. Son arrogance a de nouveau disparue.

Je l'observe brièvement, préférant concentrer mon énergie sur James. Il nous aide à nettoyer sa sépulture. J'ai l'impression que cela lui fait du bien aussi. Les morts ne sont pas condamnés à tomber dans l'oubli.

Un peu plus tard, je réalise que James n'ose pas aborder certains sujets en présence de Kyle. J'invite celui-ci à me suivre pour que James puisse parler librement.

Quand on est assez loin, j'entame la conversation.

– Je pourrais t'accompagner voir ta mère si tu le souhaites.

– J'aimerai beaucoup.

Je contemple les tombes plus ou moins entretenues alors qu'on évolue entre elles.

– C'est bientôt ton anniversaire.

Je lui jette un coup d'œil, bouche bée.

– C'est James qui m'en a parlé.

– Je vois. Mais généralement, je pars en vacances avec mes parents. Même James ne semble pas à l'aise à l'idée de m'accompagner. Il m'a promis qu'on partirait ensemble après. Je ne sais même pas si c'est toujours d'actualité. Personne ne m'a donné de nouvelle à ce sujet. C'est peut-être une bonne chose, je n'ai pas envie de te laisser seul.

– Merci de penser à moi, mais tu ne peux pas gâcher ton anniversaire pour moi.

Je secoue la tête.

– Tu es mon ami, je ne peux pas faire comme si de rien n'était.

– Tu n'arrêtes jamais de penser aux autres ?

Je le regarde, stupéfaite. Je n'ai pas l'impression de me concentrer uniquement sur les autres. Certes, je fais attention aux gens que j'aime, mais est-ce que je le fais au détriment de mon bien-être ? Je n'en ai pas l'impression. C'est juste que je ne pense pas pouvoir être heureuse si les personnes qui m'entourent ne le sont pas.

Peu importe comment c'est perçu par les autres, c'est important pour moi.

Quand on a fait le tour du cimetière, on rejoint James. Il m'observe avec des yeux brillants. Il a pleuré. Je n'ai pas besoin d'en connaître la raison. Alors qu'il est à genoux sur le sol, je fond sur lui pour le prendre dans mes bras. Mes jambes nues rencontrent la pierre chaude, m'écorchant légèrement sur ses irrégularités.

MIKO.A Où les histoires vivent. Découvrez maintenant